Mary Bell – Bellatrix Boadicea
On est tous heureux de voir que le monde de la culture commence à revivre. Quel plaisir de pouvoir à nouveau aller au cinéma, au musée, et SURTOUT envisager de retourner voir des concerts. Or, la vie est une chienne, et un bonheur ne saurait s’accompagner d’un arrière-goût amer qui le relativise un peu : maintenant que les déplacements internationaux sont fortement limités et qu’on va donc devoir se contenter des artistes locaux, ça va ressembler à quoi, les concerts de rock ? Il suffit de comparer l’affiche du Riot Fest de Chicago à celle du Festival des Inrocks pour avoir envie de pleurer.
Et bien réjouissez-vous, amateurs de grosses guitares (une manière gentille de dire “les vieux”) car j’ai une triple bonne nouvelle pour vous :
1) Il y a Mary Bell à Paris, et c’est un excellent groupe de punk rock noisy à voix féminine, dans la tradition des années 90, mais avec sa propre personnalité. Tantôt décalé, rageur, mélodique, souvent engagé, et très bon sur scène, ce qui ne gâche rien.
2) Mary Bell sort enfin cette année son deuxième album qui confirme tout le bien qu’on pensait d’eux. On reste très proches de leur album homonyme sorti en 2017, avec plus d’assurance, d’expérience, sans doute. Le genre de disque d’accroche immédiate qui découvre ses subtilités au fil des écoutes. Comme souvent dans ce style, les mélodies sont noyées dans le bordel des guitares, ce qui n’est évidemment pas une critique, mais comme dans les bons disques du style, elles se révèlent au fil des écoutes. J’oserais même dire qu’elles se révèlent addictives (essayez de ne pas chantonner le refrain de “Afraid”, pour voir). Les ambiances sont plus variées que par le passé, sans jamais renier les influences hardcore et garage, ni les morceaux punk de moins de deux minutes, qui représentent la grande partie du LP. Si vous appréciez le rock bruyant des années 90, je ne peux que vous conseiller de vous jeter dessus avant que l’album ne soit épuisé comme le précédent.
3) Mary Bell n’est pas seul puisque, rien que cette année, on a pu entendre de très bonnes choses de la part de Cvantez, Special Friend, Horse Temple, Tendinite, Johnny Mafia, Bruit, Grive, Valse Noot, Echoplain ou SheWolf, et qu’il y a toujours des groupes comme Bitpart, Ours Blond, Wonderflu, Slift, Équipe de Foot (malgré leur nom pourri) susceptibles de sortir de nouvelles choses et de tourner sur leurs anciennes qui valent aussi le détour. Et si c’était ça, l’affiche du prochain festival local, on sécherait tout de suite nos larmes pour acheter un billet.
Blackcondorguy