Tendinite – Neither/Nor

Publié par le 3 février 2021 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Araki/Poutrage/Hell Vice i Vicious/Atypeek, 12 Février 2021)

Si je devais vous faire un guide du routard des villes de France à visiter, je pense que le chapitre sur Reims serait incendiaire. Hormis une cathédrale, une rue étudiante et des cavistes de champagne, vous n’y trouverez rien, pas la moindre once d’intérêt touristique, de charme, ou de personnalité. Bref, par expérience, Reims, c’est pourri.

Bon, là, je vous parle de Reims, mais j’imagine que c’est de Tendinite que vous voulez entendre parler si vous avez cliqué sur le lien. Il se trouve que c’est de là qu’ils viennent, et je ne sais pas s’ils s’y sont ennuyés autant que moi, mais si c’est le cas, ils ont eu la bonne idée de rompre l’ennui en faisant de la musique (et en en écoutant beaucoup, aussi, visiblement).

Attention, Tendinite n’est pas un énième groupe de garage psyché qui essaye de faire comme les Américains, même si c’est sûr qu’on les croirait plus sortis de Californie, du Texas ou d’Australie que d’un garage de la Marne. Mais leur musique est bien plus riche, plus punk que psyché, avec une énergie qui n’a rien à envier aux tenants du genre, mais aussi des incursions noise rock assumées, et tout un tas d’autres références qui pourront vous venir en tête à l’écoute de Neither/Nor (allez, en vrac, non exhaustives et en vous laissant chercher vous-mêmes à l’écoute de l’album : The Jesus Lizard, Cramps, Queens Of The Stone Age/Mondo Generator, Turbonegro, les groupes de Greg Oblivian, Gun Club, Eighties Matchbox). On sent que les mecs de Tendinite ont ingurgité tout ça, et le recrachent instinctivement, sans jamais chercher à singer, dans une musique qui leur est finalement assez personnelle, une espèce de garage noise rock bien en place.

En plus, comme on s’emmerde vraiment beaucoup à Reims, ils se sont payés le luxe de produire l’album à la maison, ce qui ne s’entend pas du tout. Certes, la saleté du garage est très présente, mais chaque instrument ressort, et on n’a jamais l’impression d’un enregistrement où la basse fidélité a bouffé les musiciens ou tente péniblement de camoufler la prestation. C’est assez impressionnant de ce point de vue, quand on a entendu un bon nombre de prestation DIY où le rendu final ne sonnait pas du tout. Ici, le son est massif, cru, et on distingue pourtant assez clairement tout ce qui se passe.

Au final, donc, un disque super bien foutu et très plaisant, qui colle assez bien avec ce qu’on aime, chez Exitmusik : des riffs ciselés, de l’énergie et une bonne dose de noise rock en cerise sur le gâteau. Pour autant, je dois avouer que Tendinite me fâche encore davantage avec sa ville d’origine. Moi, quand j’y suis allé, j’ai passé la soirée dans un pub pourri à boire de la bière dégueu devant un concert de Phil Collins (anecdote 100% authentique). N’auraient-ils pas pu me prévenir qu’à quelques pas de là, dans un garage, il y avait un groupe qui proposait de la musique aussi cool ? Fuck l’office du tourisme rémois !

Blackcondorguy

Le single s’écoute ci-dessous et s’achète pour la modique somme de 666€ (mais l’album se trouvera sans doute ici-même à sa sortie la semaine prochaine et, peut-être même, un poil moins cher)

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