Interview – Swervedriver

Publié par le 18 avril 2019 dans Interviews, Notre sélection, Toutes les interviews

Rapide court d’histoire : au début des années 90, Swervedriver sortait deux grands albums toutes guitares dehors, Raise et Mezcal Head, toujours indispensables aujourd’hui. Jamais reconnu à sa juste valeur, jamais bien stable en termes de line-up, le groupe opérait sur les deux albums suivants un virage pop, plutôt bien négocié mais à l’issue aussi malheureuse que prévisible : le split.

Il y a onze ans, ils étaient les premiers à se reformer parmi tous ces groupes shoegaze qui vivent aujourd’hui une seconde jeunesse. Shoegaze, Swervedriver ? La question s’est toujours posée. Tant qu’à faire, autant demander directement au principal intéressé, Adam Franklin, chanteur-guitariste particulièrement loquace à l’autre bout du fil, notamment quand il s’agit d’évoquer ses deux albums post-reformation, dont le petit dernier, Future Ruins, tient encore très bien la route.

“Nous étions associés à Creation, My Bloody Valentine et tous ces groupes shoegaze. Certains n’ont pas dû aimer Swervedriver après avoir lu que c’était un groupe shoegaze puisque ce n’est pas vraiment le cas… Mais ça a forcément dû aider à élargir notre base de fans.”

© Steve Gullick

Future Ruins me semble être une progression logique par rapport à I Wasn’t Born To Lose You. Deux disques plus calmes, plus pop, moins chargés de gros riffs que vos deux premiers albums (Raise et Mezcal Head) tout en étant assez différents des deux albums suivants (Ejector Seat Reservation et 99th Dream). Tu es d’accord avec ça ? Etait-ce votre volonté au moment d’entrer en studio ?
Oui, il va de pair avec le précédent. Ils sont effectivement assez différents des disques antérieurs, ne serait-ce que parce que ce sont nos premiers disques depuis longtemps et la technologie, les techniques d’enregistrement ont beaucoup évolué. Nos deux premiers disques avaient ce côté heavy mais aussi, déjà, des morceaux plus calmes. Et il y a aussi des morceaux rapides et énervés sur ce nouveau disque, la principale différence c’est sans doute qu’il y a plus d’espace qu’auparavant, les morceaux respirent plus.

Oui c’est quelque chose dont tu parlais déjà au moment de 99th Dream, tu disais avoir appris à laisser plus de champ libre aux morceaux, à ne pas vouloir systématiquement tout « remplir » comme à vos débuts.
Oui, notre son a toujours été assez frénétique. Mais le « vieux Swervedriver » était sans doute un groupe plus punk. On continue à jouer des morceaux très rapides mais parfois quand j’écoute nos premiers albums, je suis stupéfait par la vitesse de certains morceaux. C’est une évolution assez naturelle, on ne s’est pas spécialement concertés pour se dire « on devrait faire ceci ou cela ». On s’est juste mis au boulot pour voir ce qui sortait. Mais je suis d’accord, c’est plus pop. La voix est plus en avant que sur le premier album notamment. Je suis parfois surpris de constater à quel point la voix est en retrait sur le mix de Raise.

Malgré tout, sur 99th Dream tu chantais très différemment de ce que tu avais pu faire auparavant. Depuis la reformation, tu es revenu à un chant plus proche du Swervedriver initial.
Effectivement. A cette époque, le groupe n’était plus vraiment le même. On ne s’est jamais officiellement séparés, on en avait juste un peu marre. On s’était un peu perdus à ce moment. Donc quand on s’est remis ensemble, on voulait reprendre avec le genre d’idées qu’on avait au tout début. C’est assez inévitable quand un groupe se reforme de regarder en arrière, avec subjectivité. On ne voulait pas revenir sur I Wasn’t Born To Lose You avec un tout nouveau son, l’idée était de revenir à ce qu’on sait faire de mieux tout en explorant de nouvelles directions.

« Mary Winter », le morceau qui ouvre Future Ruins, a été enregistré en dernier et il était beaucoup plus mid-tempo à la base, c’est bien ça ?
(Rires) Oui !

Donc s’il était resté tel quel, ça aurait été un album vraiment très tranquille ! (Rires)
Exactement ! C’est assez dingue, tu fais un disque puis… il existe pour l’éternité. Et certaines décisions peuvent avoir un grand impact sur la manière dont il sera perçu par la suite. Comparé à la fois précédente, on avait du temps en studio, on a pu essayer beaucoup d’idées donc on a fini par enregistrer 30 chansons différentes, à des stades très différents, certaines beaucoup plus avancées que d’autres. A la fin on s’est dit « merde cette chanson « Mary Winter », on n’en a rien fait, essayons de voir ce qu’elle peut donner. » Et elle était effectivement plus mid-tempo, moi et le batteur Mike (Mikey Jones), on a écouté les démos, ça faisait (il chantonne de façon mollassonne) « nanana ». Ce n’est pas ce que j’imaginais, il fallait quelque chose de plus urgent. C’est là où j’ai commencé à jouer les premiers accords du disque, un peu plus rentre dedans (il chante les premiers accords énergiquement). Donc ça a transformé le morceau et c’est drôle que le dernier qu’on ait enregistré soit finalement celui qui ouvre le disque.

Vous avez donc enregistré 30 morceaux en seulement 10 jours, je crois. Vous avez été pour le moins rapides et efficaces ! C’est la première fois que ça se déroule aussi facilement, non ?
Oui, je crois qu’à l’époque, on avait plus de moyens pour sortir des disques, les artistes passaient plus de temps en studios parce que les gens achetaient les albums, maintenant ils se contentent de les écouter en streaming. Donc de toute façon, on doit se montrer efficaces ! Mais je crois que je préfère travailler de cette façon, il vaut mieux ne pas trop réfléchir. Et puis maintenant, avec les nouvelles technologies, on peut passer du temps sur nos démos à la maison, avancer sur nos morceaux simplement avec nos ordinateurs portables et ensuite tu arrives en studio avec une idée assez claire de ce que tu veux. Donc oui, on a fait 30 morceaux, plutôt en deux semaines je crois. On a enregistré les guitares, on s’est occupés du son de la batterie – car c’est quelque chose d’important -, puis plus tard on est revenus pour peaufiner la partie guitares et on s’est dit « ouais, en fait ça sonne bien ! Gardons ça ! ». On a gardé les premières prises pour beaucoup de prises de guitares. Il y a eu beaucoup de spontanéité.

Et donc, que vont devenir les 20 morceaux que vous n’avez pas conservés ?
On reviendra probablement sur certains. Jimmy (Hartridge, guitariste, ndr) m’a dit « on ne peut pas quitter le studio avec tous ces morceaux sans savoir ce qu’on garde pour l’album, on doit avoir une idée de ce à quoi ressemblera l’album ». Je me suis dit que pour trancher, on garderait les chansons pour lesquelles j’avais des idées de paroles et de mélodies vocales. Je suis finalement arrivé à 12 ou 13 chansons mais j’en imaginais certaines comme des chansons importantes du disque et nous ne sommes finalement pas allés au bout parce que j’avais du mal à trouver des paroles ou des mélodies vocales. Je pense qu’on pourra sortir un EP 6 titres ensuite. Je réalise qu’on devrait pouvoir sortir autre chose dans pas trop longtemps. On ne veut pas submerger le marché non plus, certains groupes le font, comme Guided By Voices, capable de sortir trois albums par an (rires) ! C’est assez grisant pour un artiste, tu as plein d’idées et tu veux que les gens puissent écouter mais on se préoccupe aussi de ne pas sortir trop de disques. Je suis fan de ce groupe par exemple mais je n’ai pas tout suivi dernièrement, il y a probablement de super trucs dans le lot mais c’est dur, on ne peut pas suivre un tel rythme !

A propos des textes, l’espace et le futur sont des thèmes très présents sur ce disque. Depuis le début, tu présentes Swervedriver comme un « space travel rock’n roll band » mais vous sembliez plutôt focalisés sur les voitures, les road trips auparavant ; le nom du groupe, le premier single « Son Of Mustang Ford », la pochette de l’avant dernier album…
C’est vrai, oui. Le nom du groupe et les nombreuses références aux voitures… C’est devenu un thème récurrent dans mes paroles. Je pense que c’était dû au fait qu’on voyageait beaucoup en voiture, traverser le pays en écoutant de la musique, ça a toujours été quelque chose d’excitant. Voyager en regardant par la fenêtre et en écoutant de la musique… Tu le fais de façon passive puisque tu es occupé à autre chose, à ne pas avoir d’accident ! J’ai toujours trouvé ça excitant ! Et c’est devenu un thème auquel on pouvait s’identifier, ça faisait partie de notre identité. Mais il y a des chansons qui semblent être sur le fait de conduire mais qui racontent autre chose, comme « Juggernaut Rides » qui malgré son nom parle d’une rupture amoureuse… Il y a des paroles très personnelles. Il y avait souvent un double sens.

Vous avez hésité à inclure « Radio-Silent », le morceau qui clôt le disque ? Un morceau de 7 minutes, presque post rock par moments, assez différent de ce à quoi vous nous aviez habitués. Et en même temps c’est peut-être l’aboutissement ultime de ce que vous recherchiez, donner de l’espace aux morceaux…
Oui, c’est clairement une de celles qui a beaucoup d’espace ! Cette chanson et « Future Ruins » sont très lentes et instaurent une atmosphère. Finalement, je me dis qu’elle peut avoir de l’impact, notamment en live, y compris en festival, que c’est un moyen de faire rentrer les gens dans le concert avec ce son lent venu de l’espace. C’est un autre aspect de notre son, on a toujours eu des sons atmosphériques même dans nos morceaux rapides, depuis le début. Bon, ce n’était pas vraiment mis en exergue dans le mix. Ça fait partie de notre progression logique, cette chanson est totalement atmosphérique. On s’est dit « jouons-la très lentement, on va voir où ça nous mène » et la chanson a vraiment pris vie à ce moment. C’est comme si on n’avait jamais vraiment chercher à l’écrire, comme si elle s’était écrite toute seule, ça a fonctionné d’un coup. Et c’est très bien comme ça, refaire de nouvelles prises, ça prend beaucoup d’énergie. Une fois terminée, elle devait forcément être la dernière de l’album.

Vous avez toujours été catégorisés shoegaze, ce qui ne me paraissait pas vraiment évident sur vos premiers albums. Cette étiquette vous convenait-elle ? Aujourd’hui pour le coup j’ai le sentiment que vous sonnez plus shoegaze qu’à vos débuts. Ce morceau par exemple aurait très bien pu être écrit par Slowdive
Oui, je suis tout à fait d’accord. A nos débuts, on a sorti 4 albums qui ne correspondaient pas vraiment à l’image que les gens ont du shoegaze. Et peut-être qu’on s’est rapproché du shoegaze à notre retour. La dernière chanson de I Wasn’t Born To Lose You, « I Wonder » sonne shoegaze. On a plus ou moins synthétisé les différents aspects de notre son. « Red Queen Arms Race » sonnait presque comme du stoner, et on a aussi des éléments plus power pop, des chansons courtes et mélodiques. On avait la volonté de faire un album assez varié car de nos jours les gens ont tendance à écouter des playlists, plein de morceaux mélangés. Il arrive fréquemment que tu découvres un artiste via un single et ensuite tu écoutes le disque et rien n’est aussi bon dessus, du coup le morceau se retrouve sur une playlist. Donc d’une certaine manière, on s’est dit que notre album pourrait ressembler à une playlist avec beaucoup de genres différents dessus. Pour en revenir au shoegaze, c’était un terme péjoratif à l’époque mais c’est bien aujourd’hui de voir que beaucoup de groupes ont passé l’épreuve du temps. Je suis super content pour Slowdive par exemple parce que ce sont des gens adorables et ils ont été très critiqués à l’époque, là ils reviennent et sont très bien reçus aux quatre coins du monde. Ils ont été très importants pour le shoegaze et c’est un groupe incroyable.

Avec le recul aujourd’hui, tu estimes que cette étiquette shoegaze vous a servis ?
D’une certaine manière, ça a dû aider parce que certains groupes plus difficiles à classer, ont ensuite été oubliés avec le temps. Nous, nous étions associés à Creation, My Bloody Valentine et tous ces groupes shoegaze. Tout le monde a pu en bénéficier parce que les gens qui découvraient le genre voulaient ensuite aller découvrir les autres groupes. Certains n’ont pas dû aimer Swervedriver après avoir lu que c’était un groupe shoegaze puisque ce n’est pas vraiment le cas… Mais ça a forcément dû aider à élargir notre base de fans.

Je pense qu’effectivement certains on dû être surpris. En France par exemple la presse indie pop n’a pas trop apprécié vos deux premiers disques puisqu’ils étaient plus lourds que ce qu’ils pouvaient connaitre du shoegaze (My Bloody Valentine, Ride, Slowdive, Lush…). Ils n’étaient pas prêts à ça !
(Rires) Oui, on a toujours eu ce côté punk. Aux débuts du groupe, on était surtout inspirés par des groupes comme Sonic Youth, Dinosaur Jr., Hüsker Dü… On avait joué avec My Bloody Valentine il y a très longtemps, vers 1986, et c’était un groupe très différent. Quand ils sont revenus avec leur nouveau son, on s’est dit « ils ont dû écouter les mêmes groupes que nous ». Mais le premier label à qui nous avions donné notre démo était Blast First, label de Sonic Youth, Dinosaur Jr… Creation était le dernier label à qui nous avions transmis une cassette parce qu’on connaissait Mark Gardener de Ride et on s’est dit « on a qu’à leur donner une cassette pour voir ». C’étaient les premiers à nous répondre, on était surpris de se retrouver sur ce label. Blast First après coup était intéressé mais on avait déjà signé chez Creation. Si nous avions été chez eux, nous n’aurions peut-être jamais été considérés comme un groupe shoegaze ! Mais pour moi le shoegaze c’était de l’expérimentation avec des guitares, d’autres façons de s’accorder, des guitares qui ne sonnent pas vraiment comme des guitares… Mais on avait clairement plusieurs aspects dans notre musique, on était sans doute assez grungy aussi.

C’est aussi pour ça que vous étiez très appréciés aux Etats-Unis. Pour tout vous dire, je vous écoute depuis longtemps et j’ai découvert il y a quelques années seulement que vous étiez un groupe anglais et non américain !
C’est drôle, oui. Il y a ce groupe anglais aussi, The Clientele, qui a beaucoup plus de succès aux Etats-Unis. Ma copine avait une mixtape et elle avait joué un morceau de ce groupe, j’étais persuadé qu’ils étaient de San Francisco, avec un son très côte ouest. Et j’ai halluciné quand je l’ai su : « attends un peu, ils vivent à Londres ?! ». C’est très bizarre ! Mais j’imagine que ça nous va bien parce qu’aux Etats-Unis les grandes villes sont tellement éloignées que tu dois conduire 4h pour aller voir un concert, ce qu’on ne fait jamais en Angleterre et probablement pas en France non plus. Donc les gens devaient écouter tous nos morceaux sur le chemin et comme notre musique est bonne à écouter sur la route… C’est parfait !

“Dans les années 80, quelques groupes des 60s se sont reformés, comme les Pretty Things. Et ces groupes supers des 60s dont tu adorais le côté brut et rock’n roll, revenaient avec un son 80s qui ne leur correspondait pas du tout… On ne voulait surtout pas faire ça, on voulait sonner exactement comme à l’époque.”

© Steve Gullick

(Rires) C’était donc étudié de votre part depuis le début ! J’ai lu que c’est en voyant les réactions des gens aux concerts de reformation des Pixies et des Stooges que vous aviez eu l’envie de vous reformer. Vous hésitiez avant de les voir ou l’envie vous est venue pendant ces concerts ?
Ça devait être le concert des Pixies en premier. J’étais à New York, Swervedriver n’avait rien fait depuis des années et un ami à moi, plus jeune de 10 ans, était très excité « les Pixies se reforment ! Tu veux venir ? » et j’étais là « ouais faut voir… Bon, ok. » J’adore les Pixies, je les ai vus plusieurs fois à Londres, mais je n’étais pas très enthousiaste. Et quand je me suis retrouvé là-bas, j’ai ressenti une énorme énergie, beaucoup de gens n’avaient sans doute jamais vus les Pixies et quand ils ont débarqué sur scène, la réaction du public était très intense, presque émouvante. La première chanson qu’ils ont jouée était « Into The White » que Kim Deal chante. Ce n’est qu’une face B et j’ai trouvé ça très cool qu’ils reviennent avec un morceau peu connu. Et après ça, il y a eu les Stooges, c’était dingue pour moi car je ne les avais jamais vus. Rien que le fait qu’ils soient ensemble était incroyable ! Les gens nous demandaient tout le temps « vous allez vous remettre ensemble et je disais ‘je ne pense pas, je crois que c’est vraiment fini’ ». Mais parfois tu entends un morceau et tu te dis « c’est dommage de ne plus pouvoir le jouer ! ». Donc c’était excitant pour nous de remettre ça, c’était il y a près de 11 ans. Aujourd’hui on est presque surpris lorsqu’un groupe n’existe plus puisque tout le monde se reforme !

Tu ressentais le besoin d’être rassuré ? D’être sûr que le public serait au rendez-vous si vous vous reformiez ?
On tenait surtout à revenir et à ne pas être mauvais. Dans les années 80, quelques groupes des 60s se sont reformés, comme les Pretty Things. C’était étrange parce que certains de ces groupes se sont dit qu’ils avaient besoin de se mettre à la page avec les nouveaux équipements des années 80, et tous ces sons horribles, sur la batterie notamment. Et tu vois des groupes supers des années 60 dont tu adorais le côté brut et rock’n roll, revenir avec un son très 80s qui ne leur correspondait pas du tout… On ne voulait surtout pas faire ça, on voulait sonner exactement comme à l’époque. On sentait qu’on avait une certaine responsabilité, d’aller de l’avant et de finir par enregistrer de nouveau. On ne voulait pas être considérés comme un groupe qui surfe sur son héritage. Beaucoup de groupes, notamment en Angleterre, sont de nouveau présents sur scène mais se contentent de ça. Pour nous c’est important de continuer à avancer.

Mais vous avez mis pas mal d’années à vous y mettre, huit pour être exact…
C’est vrai. Je sortais un album solo, j’avais un projet avec Sam (Fogarino) d’Interpol donc je continuais à satisfaire ce besoin mais Jimmy et Stevy (Steve George, bassiste) voulaient sortir de nouveaux trucs, et j’y tenais aussi mais c’est vrai que ça a pris du temps.

Vous allez partir en tournée avec Failure. C’est un groupe que vous connaissez bien et appréciez ?
Pour être honnête, non je ne connais que de nom. Mais ça fait une affiche excitante ! Ils sont un peu dans le même cas que nous, c’est un groupe des années 90 qui revient. On s’est dit « faisons quelque chose de nouveau », on a déjà tourné plusieurs fois dans les mêmes salles, là avec les deux groupes, on va faire de plus grandes salles, être bien couverts par la presse. J’ai hâte de les voir !

Ce n’est pas la première fois que vous tournez avec de gros groupes, dans les années 90 vous avez ouvert pour Monster Magnet, Soundgarden, Shudder To Think, Smashing Pumpkins. Quels souvenirs gardes-tu de ces tournées ? Vous aviez beaucoup partagé avec ces groupes ?
Oui, c’est toujours intéressant d’ouvrir pour de grands groupes. Effectivement on a fait les premières parties de Smashng Pumpkins, Soundgarden à une période où ils venaient de sortir de gros albums et de décoller. Ils ne jouaient pas non plus dans des salles énormes, plutôt des théâtres. C’était super parce que les salles étaient pleines, le public était là tôt et beaucoup de gens nous ont dit que la première fois qu’ils nous ont entendus, c’était quand on a ouvert pour Soundgarden ou Smashing Pumpkins. On avait de très bonnes vibes lors de ces tournées et tous ceux qu’on a côtoyés étaient très sympas.

La dernière fois que vous deviez venir en France, c’était pour un concert à La Flèche d’Or (Paris) qui a été annulé. Vous allez venir cette année ? Rien n’a été annoncé pour le moment et le public veut vous voir !
Oui, il le faut ! C’était terrible de devoir annuler, c’est très mal tombé (le concert devait se dérouler une semaine après l’attentat du Bataclan, ndr). Je pense qu’à la fin de l’été ou cet automne, ça devrait pouvoir se faire. Je l’espère ! Ça fait très longtemps qu’on n’a pas joué à Paris, la dernière fois c’était dans un ancien cinéma avec le groupe français, Deity Guns, qui sonne un peu comme Sonic Youth, avec trois guitaristes dont deux gauchers. Quand tu les voyais sur scène c’était comme regarder dans un miroir. Tu connais ?

Oui, un très bon groupe noise, qui aujourd’hui n’existe plus mais dont certains membres jouent dans Zëro. Et c’est toujours très bien ! Vous avez joué Raise intégralement en 2013 puis Raise et Mezcal Head en 2017. C’était une bonne expérience ? Vous pourriez le refaire à l’avenir ?
Oui, c’était une bonne expérience. En tant que fan, j’avais vu ce genre de shows, comme Sonic Youth qui jouait Daydream Nation et c’est super excitant parce que tu sais ce qui arrive ensuite. C’est un autre état d’esprit, comme si tu suivais un scénario. Les gens aiment voir ça. Là, en ce moment, on préfère jouer notre nouvel album et le mélanger à de plus anciens morceaux. Mais c’est intéressant à faire, il y a toujours un ou deux morceaux qu’on ne joue jamais donc il faut ré-apprendre un morceau qu’on n’a joué qu’une fois en studio. Le dernier de Raise (« Lead Me Where You Dare », ndr) est un jam donc c’est assez cool de devoir se remettre dedans 23 ans après.

Et tu as déclaré avoir réalisé alors que l’ordre des morceaux et les transitions n’avaient pas été très bien pensés. C’est quelque chose que vous aviez en tête en composant les deux derniers disques ?
Oui, pour I Wasn’t Born To Lose You, on venait de jouer Raise intégralement donc ça nous a influencés. On a notamment réfléchi aux morceaux plus lents. Sur ce nouvel album, on venait de jouer Raise et Mezcal Head, ça a dû nous apporter de l’énergie parce qu’on a joué devant beaucoup de monde. On avait besoin de cette énergie.

Mick Quinn (bassiste, qui jouait auparavant pour Supergrass, ndr) a intégré le groupe pour de bon cette fois ? Initialement, il était juste venu remplacer Steve George sur certaines dates de la tournée.
Oui, il l’a remplacé sur quelques dates et il est resté. Mick a été un choix évident, Jimmy et moi on le connaît depuis qu’on est gamins. On a grandi dans le même village, au sud d’Oxford. C’est le mec parfait pour ça. Il n’a pas pu assurer tous les shows, donc on a également joué avec Ben Ellis, mais il joue maintenant pour le groupe d’Iggy Pop. C’est super excitant d’ailleurs que notre bassiste joue pour Iggy Pop ! Mick était en Australie quelques temps mais il nous a rejoints à Londres. Il joue sur l’album et il sera avec nous sur la tournée américaine. Mick est un bassiste fantastique.

Pour finir, vous avez mis huit ans à sortir I Wasn’t Born To Lose You, puis quatre ans pour Future Ruins donc le prochain sort dans deux ans ?
(Rires) Je l’espère ! C’est marrant, quand je repense aux années 90, quand on était chez Creation en Angleterre et A&M aux Etats-Unis, c’était non-stop. On a sorti trois EP avant le premier album, puis trois autres avant Mezcal Head donc entre notre premier single « Son Of Mustang Ford » et Mezcal Head, il s’est écoulé quatre ans et on a sorti tout ça. Mais de nos jours, c’est moins à temps plein, les gens ont d’autres choses à faire. Dire que dans les années 70, Elvis Costello ou les Stranglers sortaient des disques tous les ans, les Clash ont sorti 5 albums en quatre ans, les Smiths ont sorti énormément de choses en quatre ans. Maintenant, je ne sais pas, peut-être que c’est parce qu’on vieillit (rires). Mais Future Ruins aurait pu sortir bien plus tôt, là on a pas mal d’autres morceaux de cette session et d’ici deux ans on devrait avoir de nouvelles idées, donc on va essayer de faire vite ! (Rires)

Interview réalisée par Jonathan Lopez

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