5 chansons, 5 disques par Mudhoney

Publié par le 11 décembre 2018 dans 5 chansons, 5 disques, Interviews, Live reports, Notre sélection, Toutes les interviews

Il y a trois ans, l’un d’entre nous rencontrait Mudhoney pour la première fois, au cours d’un échange vif et passionné. Une expérience restée gravée. Car rencontrer Mudhoney pour une interview, c’est un vrai rêve de fan. Non pas que le groupe soit particulièrement inaccessible, on ne compte pas les photos de gens qui ont pu les croiser aux abords de leurs concerts, mais ils ne passent pas si souvent par chez nous et quand on n’a jamais vraiment eu l’occasion de discuter avec eux, c’est un moment assez énorme. Surtout quand, l’interview ayant un peu de retard, on a l’occasion de profiter des balances, quasiment seuls dans la salle.
Seule petite déception, le chanteur Mark Arm ne sera pas de la partie, laissant la corvée des relations publiques au guitariste Steve Turner et au bassiste Guy Maddison. Déception vite envolée quand les deux répondent avec franchise, humour et sympathie (et un accent australien pas toujours facile à comprendre pour nous pauvres frenchies, en ce qui concerne Maddison) à nos questions sur 5 de leurs chansons. 

© Emily Rieman

Mudride (Superfuzz Bigmuff EP, 1988)

Steve Turner : C’est une de nos plus vieilles chansons. On l’a écrite assez tôt. Il y avait carrément du Spacemen 3 et du 13th Floor Elevators dans nos inspirations pour ce morceau, je dirais.
Guy Maddison : C’est comme ça que ça sonne ! (rires)
ST : C’était marrant d’avoir un morceau plus lent pour se lâcher au début du groupe. On la fait encore, parfois, mais ça prend du temps pour l’amener à sonner comme il faut. Je pense qu’il faut la jouer souvent pour qu’elle sonne bien.
GM : Oui, elle a un groove particulier sur lequel il faut qu’on se cale pour qu’elle sonne comme elle devrait.

Je trouve qu’elle ressort de l’EP. C’était voulu ?
ST : Non…C’est sur Superfuzz ? (Je confirme) Ben, on avait déjà « If I Think » qui était plus lente.

Oui, mais sur celle-ci on sent du Black Sabbath sur les bords.
ST : Nous, on pensait faire du psychédélique. Mais bon, j’en sais rien. On avait plus de chansons que les 6 qu’on a sorties sur Superfuzz. On a choisi un groupe de chansons variées, tu vois. Selon nous ! (rires)

Cette question était plutôt destinée à Mark Arm, puisque c’est lui qui écrit les paroles, mais ça parlait de quelque chose en particulier ?
ST : Il ne saurait pas répondre non plus à cette question ! (rires)
Non, je crois qu’il ne parlait pas de quelque chose en particulier, il cherchait à évoquer des images. Nos plus vieilles chansons sont un peu plus brutes. Je n’ai jamais vraiment eu une idée précise de ce dont parlait ce morceau.
GM : Souvent, Mark écrit des choses et il y a des petits bouts d’histoires personnelles, comme ce vers sur « un ventre rempli d’ouzo » qui est lié à une expérience qu’il a vécue, une fois où il buvait de l’ouzo.
ST : Ah oui. On aimait l’ouzo, à l’époque. Et on se bourrait bien la gueule avec. (Rires)
GM : La chanson ne parle pas de ça !

On dirait l’autoportrait d’un mec effrayant, et je me demandais justement ce qu’il y avait d’effrayant à avoir « un ventre rempli d’ouzo » ?
ST : (Rires) Rien ! Non, on n’est pas très effrayants. Même si on était jeunes et qu’on voulait être des rebelles rock’n roll. On était toujours un peu ringards. (Rires)
GM : Mark, comme beaucoup de paroliers, écrit des choses imaginaires.

Vous avez déjà un peu répondu, mais je me demandais pourquoi vous ne la jouiez plus trop sur scène ?
ST : Ça demande du boulot, et puis au bout d’un moment, on s’en lasse. C’est comme ça avec beaucoup de chansons qu’on n’est pas obligés de jouer tous les soirs. Il y a une fournée de vieilles chansons qu’on est obligés de jouer à chaque concert. Que je me sentirais mal de ne pas jouer, comme « You Got It » ou « Touch Me I’m Sick ». Je ne me sens pas aussi mal si on ne joue pas « Mudride ».

Pourtant, je préfère Mudride. (Rires)

Pendant qu’on y est, ma femme aimerait bien « In’N Out Of Grace », aussi !
ST : On ne la joue pas, ces derniers temps. Dan (Peters), notre batteur, en a marre. On lui a demandé avant la tournée et il nous a dit « nope », « bon, ok »…(rires) On se réserve tous le droit d’être soulés par une chanson et de ne pas la faire ! « Here Comes Sickness » me fait cet effet, j’aime bien la jouer un petit temps et puis j’en ai marre pour 6 mois.

Vous l’avez joué récemment, pourtant.
ST : Oui, on la joue toujours, là c’est frais. Mais quand j’en aurais marre, je ne la jouerai plus avant longtemps. J’ai l’impression de jouer exactement la même merde tout le long. (Rires)
GM : C’est sûrement pareil pour cette partie où Dan fait son solo de batterie, il l’a fait cent fois et n’a pas envie de le refaire.

F.D.K. (Fearless Doctor Killers) (My Brother The Cow, 1995)


On est en 1995 et les mouvements anti-avortement étaient nombreux aux États-Unis. Vous étiez remontés contre ça ?
ST : Des fois, Mark aborde des sujets très précis dans ses paroles. Pour moi, ce n’était pas le cas sur nos premiers morceaux, mais au bout d’un moment il s’est mis à aborder des thèmes politiques, et c’était clairement le cas ici.
Il y avait des gens qui se disaient chrétiens et qui tuaient des gens. Ce qui est aussi stupide que des membres de n’importe quelle religion tuant des gens pour telle ou telle idée à la con qu’ils se mettent en tête. C’est ce qui se passait à l’époque. Souvent.
On joue toujours cette chanson ! (rires) J’aime bien cette chanson, elle est punk rock.

Comme toutes vos chansons critiques, elle est très sarcastique. C’est pour qu’on ne vous prenne pas trop au sérieux ?
ST : Non, je crois qu’il utilise le sarcasme et l’humour noir pour faire passer le message. À mon humble avis. (Rires)
GM : C’est un peu son style.
ST : Je trouve qu’il y a de super paroles, très bien trouvées, sur ce titre.
GM : Je crois qu’il n’y a vraiment rien d’ambigu quand il utilise le sarcasme. On ne peut pas penser qu’on est pour l’avortement en écoutant ça.
ST : C’est juste pour montrer combien la situation est ridicule, et ce que les gens peuvent faire quand ils croient en quelque chose. Combien ils peuvent dépasser les limites sans s’en rendre compte, en croyant toujours être dans le vrai.

C’est un album très grunge, mais ce morceau-là est clairement punk. Le titre fait d’ailleurs référence à un morceau des Bad Brains (FVK, ndr).
ST : On vient tous de la scène punk hardcore. On était tous des gamins fans de hardcore vers 1982 ; pour moi, le hardcore, c’est genre de 1980 à 1984. C’est l’âge d’or du hardcore, et on était tous à fond dedans. Même Guy !
GM : Juste dans un autre pays. (Rires) Mais on a tous été formés par la même musique.
ST : Je ne citerai pas un groupe en particulier. Mais on aimait jouer du punk rock, et c’est ce qu’on pensait faire quand on a commencé. On pensait juste former un nouveau groupe de punk rock entre potes, avec Mark. Mais on avait aussi d’autres influences.
Depuis ce disque, on a fait des trucs vraiment hardcore comme « Chardonnay ». On ne fait pas plus hardcore que ça ! C’est une crise hardcore de la quarantaine !
GM : C’est une des morceaux qu’on a choisi quand on s’y est remis. C’est vrai qu’il y a beaucoup de morceaux essentiellement punk hardcore sur l’ensemble de la carrière du groupe. Ce soir, on jouera « The Farther I Go », qui est un exemple ancien.
ST : C’était presque Oi!, même ! (Rires)
GM : Elle est punky.
ST : Elle est très punk. Et on était encore des mecs grunge à cheveux longs !
Le punk infuse beaucoup de notre musique. Je continue à écouter des tonnes de vieux punk rock.
GM : Toutes les covers pour lesquelles on est connus sont des morceaux punk rock d’une manière ou d’une autre.
ST : Limite du hardcore 80s. Ce sont nos racines. Mais je ne veux pas qu’on soit un pur groupe de hardcore non plus. Ça n’a plus vraiment de sens après 1983, pour moi. (Rires)

Comme faire du grunge en 1995 ?
ST : On ne change pas tant que ça, tu vois. Ceci dit, il y a sûrement un moment, dans le processus de composition de cet album où on s’est dit « Putain, si on n’est pas grunge, qui est grunge, merde ? » (rires). Je me souviens m’être dit « On s’en fout, on est grunge ! », l’avoir dit à des gens. On ne peut pas aller contre ça. (Rires)
GM : Alors que les Stone Temple Pilots ne l’étaient pas du tout.
ST : Sur l’arrière de la pochette, je suis déguisé en punk rocker. 1994, c’est l’année où les groupes Epitath et Green Day sont redevenus populaires. Et bon, je n’ai rien contre The Offspring, mais je me disais « Merde, en quoi c’est du punk, ce groupe ? Pourquoi on dit qu’eux font du punk rock, et pas nous ? » Au début, ils ne sonnaient en rien comme du punk rock à mes oreilles. Un peu plus par la suite, quand ils ont coupé leurs dreadlocks ou ce genre de trucs.
GM : Et encore, « Pretty Fly (For A White Guy) »…
ST : En quoi c’est du punk ? C’était très léger et power pop, à mes yeux.
GM : Ouais, Green Day est un excellent groupe de power pop.
ST : Les gens en parlaient comme si c’était un truc nouveau, alors que je me disais « Nirvana est beaucoup plus punk rock que vous tous, les gars. Rien que dans leur petit doigt. » (Rires)
C’était mon point de vue, alors j’avais décidé de me déguiser en punk rocker et de voir si on allait me le reprocher. J’espérais avoir au moins un commentaire pour me dire « bande de vendus, vous faites du punk rock, maintenant ! » Ça n’a pas marché… (Rires) Mais c’est ce que je cherchais.

Je pense que personne ne peut vous prendre pour des vendus. Il suffit d’écouter Piece Of Cake.
(Rires)

Beneath The Valley Of The Underdog (Tomorrow Hit Today, 1998)

L’album est très blues…
ST : Je ne sais pas comment classer celui-là.
GM : C’était Tomorrow Hit Today ? (On confirme)
ST : Il était assez bluesy, j’imagine. Les gens disent beaucoup ça, à son sujet.

Pourtant, le début et la fin, « A Thousand Forms of Mind » et celle-ci, sont assez swampy. C’était voulu ?
ST : Ce sont juste les chansons qui sont venues à ce moment-là. Rétrospectivement, je pense que Matt Lukin, notre bassiste, perdait son intérêt pour la musique. Il n’était plus trop motivé pour jouer, ce qui n’est pas un problème, tu n’as pas à te forcer si tu ne veux plus jouer de musique, mais il avait simplifié son jeu de basse car il était plutôt technique au départ, chez les Melvins en particulier. Or, sur cet album, il joue le strict minimum musical, pour pouvoir s’arrêter et boire de la bière au milieu des morceaux (rires), c’était un truc de Matt Lukin.
Mais le producteur Jim Dickinson a beaucoup accroché à son jeu de basse, et il s’est complètement focalisé dessus. Et à l’époque, j’avais l’impression qu’il ne se forçait même plus, il ne faisait presque plus rien. Mais c’est ce qui a plu à Dickinson, et je pense qu’il a vraiment mis la basse en avant sur ce disque. Du coup, la basse et la batterie avaient ce groove plus profond assez bluesy, et on a foutu du bruit de guitare par-dessus. (rires)
GM : Je me souviens de discussions avec Mark, parce que je suis allé à cette session et j’ai rencontré Jim Dickinson. Mark disait « Oh, Dickinson pense que Matt est complètement dans la poche ! », ce qui est une expression pour quelqu’un qui maitrise complètement. Et c’est certainement ce avec quoi Dickinson avait l’habitude de travailler, des musiciens de studio plus âgés du sud qui ne font pas beaucoup de fioritures quand ils jouent mais qui sont absolument et parfaitement sur le temps sans avoir besoin d’aide. C’est ce que je l’ai entendu dire.
ST : C’est ce qui donne à l’album cette sensation de blues, la base des chansons est plutôt simple, et certaines sont plus lentes.
GM : Mais « Beneath The Valley Of The Underdog » me rappelle étrangement des trucs comme les Groundhogs.
ST : On était à fond dedans, à l’époque.
GM : Ça dégage ce genre de sensation.
Ensemble : Du blues-rock psychédélique des 70s.

Moi, ça me faisait encore penser à Black Sabbath, désolé…
ST
 : Pour moi, Sabbath c’est du blues. Donc oui. (Rires)
GM : Il y a même de l’harmonica !

Vous disiez n’écrire au départ que des chansons avec les mots “dog” et “sick” dedans. C’était une manière d’écrire la dernière chanson de Mudhoney avec le mot “dog” ?
ST : Peut-être ! Ça vient d’un livre.
GM : Le titre est emprunté à l’autobiographie de Charlie Mingus, Beneath The Underdog.
ST : Mark a juste rajouté la vallée en référence aux films de Russ Meyer, Beneath The Valley Of The Ultra-Vixens ou Beyond The Valley Of The Dolls ! (Rires)
GM : Donc ce titre venait de ce livre qu’on lisait tous et qui est vraiment remarquable.

L’ambiance semble plus sombre que d’habitude, sur cet album. Notamment sur les deux morceaux que j’ai cités.
ST : Peut-être. Ça vient peut-être aussi des paroles de Mark. On savait que ce serait le dernier disque chez Warner Bros et on avait bien compris que Matt était passé à autre chose, alors ça a surement influencé le son global du disque. Moi, je me suis éclaté à le faire. On a dépensé pas mal d’argent parce que Warner nous disait qu’on était obligés, on est parti à Memphis…c’était une super expérience. J’ai passé un super moment.
GM : C’est marrant que tu parles de ces deux-là, car les deux viennent d’autres choses, « Underdog » du livre de Mingus et « Thousand Forms Of Mind » de Djalâl ad-Dîn Rûmî, le poète arabe du 12e siècle qui écrivait sur l’illumination.
ST : Je ne savais pas ça.
GM : « Thousand Forms Of Mind » vient de là.
ST : Je ne savais pas ça non plus ! (rires)
Nous non plus !

Vous ne jouez quasiment pas ces morceaux en live non plus ?
ST : C’est pareil, ce genre de chansons demandent beaucoup de boulot pour qu’elles soient en place. Elle est de forme assez libre, même si elle en a une, mais elle demande du temps.
GM : Je pense qu’on ne l’a faite qu’un temps depuis que je suis dans le groupe. Elle est restée très peu de temps dans nos sets.
ST : On la revisite de temps en temps.
Et « Thousand Forms Of Mind »? Je ne sais même pas si vous l’avez jouée…
ST : On l’a jouée. Pas beaucoup.

Donc, aucune chance de les entendre ce soir ?
ST : Non, je ne pense pas. Éventuellement “Beneath”, qu’on a fait quelques fois ces dernières années. Je l’aime beaucoup, je ne joue presque rien sur ce morceau à par un accord de Mi ! (Rires)
GM : C’est un super morceau ! Il est fantastique. Mais manque de chance, on ne joue aucune de celles que vous avez choisies.
ST  : Si, « FDK »
GM : Ah oui, « FDK ».

Baby Can You Dig The Light? (Since We’ve Become Translucent, 2002)


ST : C’est un peu la même chose que les autres. C’était notre premier disque avec Guy, c’était le premier morceau, et ça a désarçonné pas mal de monde.
GM : Je ne sais pas si c’est la première qu’on a enregistrée. Sûrement pas.
ST : Mais on l’a mise en premier sur l’album. C’était un peu comme une prise de position, cette chanson. On n’est plus chez Warner, le groupe n’est pas notre boulot, on travaillait tous à côté, et on peut sortir ce qu’on veut. (Rires) Que ça plaise ou pas, ça n’a pas d’importance. Je suis content quand les gens aiment ce qu’on fait, et je pensais que certains aimeraient, mais beaucoup ont été déstabilisés.
GM : C’était effectivement assez inhabituel. Cette chanson est partie d’une idée de rythme que Mark avait pour la batterie. Ce qui n’avait jamais dû arriver avant, d’ailleurs. Il nous a décrit son idée de rythme, et on a tout construit à partir de là. Mais on l’a jouée en live, au départ. On prenait un orgue avec nous et Mark jouait dessus.
ST : On commençait notre set avec ?
GM : Oui, je crois, pour pouvoir se débarrasser de l’orgue ! (rires)
ST : Oui, on devait jouer ça et « Who You Drivin Now ? » pour pouvoir laisser l’orgue sur le côté de la scène.

Pour votre retour chez Sub Pop, ce n’était pas le morceau le plus approprié…
ST
 : (rires) À ce moment-là, Sub Pop n’avait plus une image aussi marquée, ils sortaient tout ce qui leur semblait intéressant. Bon, on avait quand même aussi des trucs grungy dessus. On explorait, en fait, on essayait des choses différentes, qu’on n’avait jamais faites comme mettre des cuivres ou ce genre de choses. On avait un peu de saxophone sur « 1995 », mais bon…
GM : La pédale delay sur la basse…
ST : Je crois qu’on cherchait notre équilibre avec Guy. On n’avait pas joué depuis environ 1 an. Bon, on connaissait Guy depuis toujours, et lui et Mark jouaient ensemble depuis une paie dans Bloodloss. Je pense qu’en fait on explorait les possibilités de ce qu’on pouvait faire.
GM : Oui, car au départ on ne faisait rien de nouveau quand je les ai rejoints. Steve m’a juste appris à jouer les bases, en gros, puis on a fait quelques concerts. C’était un peu avant qu’on s’y mette.
ST : On s’est dit qu’on allait tenter le coup et voir ce qui se passe, en ne s’interdisant rien. Si quelqu’un a une idée, on tente.
GM : On fait toujours comme ça.

Kill Yourself Live (Digital Garbage, 2018)

ST : Mark n’est pas très branché sur les réseaux sociaux, il en voit des bouts car sa femme est à fond dessus. (Rires)
C’est donc de là que ça vient !
ST
 : Il n’est pas complètement puriste.
GM : Ou il en voit chez nous, car on est tous dessus.
ST : Oui, je n’y suis pas opposé. C’est encore une approche sarcastique et ironique de ces choses-là et de comment elles changent le monde, en essayent de trouver un angle malin… mais vu que certaines personnes se tuent vraiment en direct sur facebook, c’est encore pire ! C’est un peu comme ce film Fatal Games (NdT : Heathers, 1989), je ne sais pas si vous l’avez vu ? Ça parle de ces lycéens pour qui le suicide devient à la mode, pour se faire remarquer. On est dans la version moderne de ce film. C’est une comédie noire.
Avec Christian Slater ?
S : Oui, c’est ça. C’est un super film, vachement drôle. Cette chanson m’y fait penser. (Rires)

Ça me fait penser à la série Black Mirror, aussi.
ST : Je ne connais pas.
GM : J’ai vu un épisode ou deux. Mais en fait, ma partie préférée de cette chanson, c’est quand il mentionne un truc qui n’est pas nécessairement lié aux réseaux sociaux, mais plutôt à l’état du monde : « Tu peux abîmer ton phare et conduire jusqu’à ce qu’on t’arrête » (« Smash your tail light and drive
‘Til you get pulled over
 »), qui est une référence au meurtre d’un jeune noir aux États-Unis. On a arrêté son véhicule car son phare était cassé, puis il s’est fait tirer dessus par un policier et sa copine, qui avait un téléphone dans la voiture, a filmé les coups de feu. Ce n’est pas vraiment sur les réseaux sociaux, mais c’est un sujet très sérieux.
ST : Je me demande si ce n’était pas justement sur facebook…
GM : Oui, elle a peut-être posté la vidéo également.
ST : Ça me fait penser à facebook live…Mais ce genre de trucs arrive si souvent. Je crois que je vois l’affaire dont tu parles.
GM : Dans le Midwest.

Guy et Steve nous ont aussi proposé 4 (à défaut de 5) disques, même s’ils n’ont pas eu le temps de développer :

Groundhogs – Groundhogs Thank Christ for the Bomb (1970, choisi par Steve)
Puisqu’on parlait des Groundhogs
Dead Kennedys – Fresh Fruit For Rotting Vegetables (1980, choisi par Guy)
Sans surprise
The Stranglers – Rattus Norvegicus (1977, choisi par Guy)
Un autre groupe qui utilise de l’humour sarcastique
Zero Boys – Vicious Circle (1982, choisi par Steve)
Un classique du punk hardcore

Interview réalisée par Blackcondorguy et Jonathan Lopez

Merci à Marie pour son aide au décryptage de l’accent australien.
Merci à Charlotte de PIAS pour l’organisation de cette interview.

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Mudhoney @ Trabendo (Paris), 27/11/18

Après avoir bénéficié d’une partie du concert en avant-première, nous avons malheureusement raté les deux premières parties, Please The Trees et Ddash (qui parait-il étaient vachement bien). En revanche, Mudhoney était immanquable : bien en forme, bien en place et malgré l’absence de tous les morceaux que nous avons subtilement tenté de leur demander en interview, avec une formidable prestation.

Seuls regrets, aucune chanson de Tomorrow Hit Today, une setlist identique sur la tournée et peu de morceaux “rares”, mais ceci mis à part on a pu profiter des nouveaux morceaux qui sont aussi excellents que sur disque, d’un fabuleux “If I Think”, du très-punk-presque-Oi!-même “The Farther I Go”, d’un mélange de super titres piochés un peu partout (“Get Into Yours”, “Into The Drink”, “The Only Son Of The Widow From Nain”, “I’m Now”, “Suck You Dry”…) et de quelques inédits dont on regrette qu’ils ne soient pas sortis sur Digital Garbage (“One Bad Actor” et “Vortex Of Lies”, vendu sur un 45 tour avec une reprise des Leather Nun pour la tournée européenne). En rappel, nous avons eu droit à 7 morceaux dont “Here Comes Sickness” qui n’a visiblement pas encore soulé Steve Turner, et une reprise qui devait frôler les 2 minutes de “Fix Me” de Black Flag, dont Mark Arm nous dira qu’elle en est “la version la plus longue jamais jouée”.

Je me souviens de l’introduction de Lindsay Hutton sur le DVD de Live At El Sol, qui disait entre autres ceci : “L’envie irrépressible de vivre l’expérience d’un véritable concert est un effet secondaire crédible qui pourrait survenir pendant ou après la vision [du DVD].” L’envie irrépressible de vivre l’expérience d’un nouveau concert du groupe est un effet secondaire qui ne peut que survenir pendant ou après la vision d’un concert de Mudhoney. On en a eu à nouveau la preuve ce soir-là !

Blackcondorguy

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