Thurston Moore – Rock’n Roll Consciousness
La dernière fois que j’ai vu tonton Thurston, j’ai été clairement déçu. Faire le déplacement pour écouter du sous-Sonic Youth sans grande saveur à la guitare acoustique 12 cordes, ça ne m’avait pas franchement ravi. Surtout qu’avec le temps, je m’étais quand même rendu compte que son Best Day de 2014, qui m’avait pourtant plu à sa sortie, ne se contentait en fait que de faire vibrer une corde nostalgique profonde à base d’artifices quasiment dénués de substance. Pour faire court, tonton Thurston s’était contenté de nous filer quelques memberberries à manger, en suivant la très pertinente métaphore de South Park.
Du coup, on ne peut pas dire que j’attendais ce Rock’n Roll Consciousness, ou alors vraiment au tournant pour lui mettre un petit croche-patte mesquin au passage histoire de passer ma frustration de critique amateur aigri. Donc je l’ai écouté d’une oreille, à moitié désintéressé, à moitié mal-intentionné et putain, je ne m’attendais pas à ça.
Alors certes, vous vous doutez bien qu’on n’a pas droit à un virage complètement inattendu et improbable du genre “tonton Thurston se met au synthpunk pour faire comme tout le monde“, et je me sens d’autant plus con de ne pas l’avoir vu venir en suivant plusieurs dates de la tournée tonton Thurston et sa 12 cordes, mais déjà, on sent la guitare acoustique. Ça donne une saveur à certaines compos, “Exalted” ou “Smoke Of Dreams”, qui bien que déjà vu dans sa carrière solo, nous détache d’emblée du précédent disque. Surtout, tonton Thurston ne fait pas du sous-Sonic Youth ! Et ça, mine de rien, ça faisait un moment qu’on n’y croyait plus, car depuis la séparation de son groupe, qu’il le fasse mal (avec Chelsea Light Moving) ou plutôt bien (avec The Best Day), il semblait avoir beaucoup de mal à s’en détacher. Alors certes, les morceaux sont encore beaucoup trop longs à mon goût, et ne m’accrochent pas forcément, mais on a vraiment l’impression que tonton s’aventure hors de sa zone de confort, voire tente des choses presque inédites avec le très shoegaze “Cusp”, et le fait malgré tout avec sa marque de fabrique. Bref, on pourrait dire que tonton Thurston trace son bonhomme de chemin en emmerdant au passage tous ceux qui pourraient y trouver quelque chose à redire, moi le premier. Beau joueur, je ne peux que reconnaitre qu’il le fait plutôt très bien cette fois-ci, et je lui tire mon chapeau.
Bien joué, tonton Thurston, tu sais nous rappeler pourquoi on t’aime !
BCG