Pearl Jam – Yield
L’été prochain je passe mon bac PJ avec trois épreuves de 3h chacune dans 3 villes d’Europe (et oui, il se mérite ce diplôme !). Une épreuve ardue car on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
Alors forcément je potasse mes classiques. Assidu comme je suis, les premiers chapitres ne me font pas peur, je les maitrise sur le bout des doigts. Même sur le chapitre No Code, pas évident à retenir, je suis parfaitement serein parce que j’ai bossé dur l’an dernier. Les derniers chapitres n’étant pas les plus passionnants loin s’en faut, il y a peu de chances qu’on tombe dessus.
J’ai donc décidé de mettre l’accent sur la partie Yield aujourd’hui, un programme vieux de 20 ans mais qui se porte comme un charme. C’est bien simple, quand on le relit, on se dit qu’il aurait pu être écrit hier. Allez, au boulot !
Nous sommes donc en 98. Pearl Jam se retrouve quelque peu esseulé au sein du « big four » de Seattle pour cause de suicide de chanteur (Nirvana), descente aux enfers de chanteur (Alice In Chains) ou tensions entre chanteur et ses copains (Soundgarden). Eddie Vedder, lui, va mieux. La pression médiatique est retombée, les regards commencent à se braquer sur des faisceaux autres que Seattle et en s’affranchissant des codes Pearl Jammiens (No Code, 1996), égarant ainsi quelques adeptes en chemin, Pearl Jam s’est donné de l’air. Avec Yield, il revient sur un sentier plus balisé.
La production, un temps envisagée seul, est finalement confiée au bon vieux fidèle Brendan O’Brien qui s’est battu pour ne pas rester sur la touche. L’unité du groupe est de plus en plus probante. Chacun y va de sa contribution, les débats sont ouverts. Ensemble tout devient possible. Il est loin le temps où Stone Gossard arrivait avec ses compos clés en main.
Très vite, Pearl Jam fait de nouveau parler de lui en pondant un bon gros single. Un beau jour, bloqué par la neige, Mike McCready s’emmerde chez lui, prend sa gratte et brode un merveilleux riff aussi limpide que virevoltant. « Given To Fly » est (presque) né. On pense d’abord à une ballade tout en douceur mais le morceau vire à l’épique sur l’explosion du refrain. Un classique supplémentaire dans la besace. Et un carton sur les ondes.
Le même jour, McCready écrit « Faithful », autre point culminant du disque. Une fois de plus, l’intro tout en délicatesse est trompeuse, le titre prend son envol ensuite. Pour la petite histoire, Mike avait écrit deux parties distinctes : l’intro et la partie principale (bien plus burnée) et ne trouvait pas comment raccrocher les wagons. Il appelle alors Stone pour lui jouer les deux parties en question au téléphone et ce dernier lui fredonne la transition. L’affaire est dans le sac. Like a rolling Stone.
« Wishlist » est aussi simple qu’elle est jolie. Un accord en do avec deux menues variations, 13 vœux émis par Vedder (« I wish I was a messenger and all the news was good, I wish I was the pedal brake that you depended on, I wish I was the verb ‘to trust’ and never let you down »…). McCready dépose un solo majestueux et les cœurs fondent. Les aigris la trouveront trop sirupeuse à leur goût, mais ce sont des gros cons insensibles. D’autre belles ballades (« Low Light », « All Those Yesterdays ») viennent remplir l’habituel cahier des charges Pearl Jammien.
Comme il en faut pour tous les goûts, Yield c’est aussi le riff tapageur de « Brain Of J. » en ouverture, Vedder qui se demande qui détient le cerveau de JFK, et un groove. Un groove terrible. Après avoir fait étalage de toute sa finesse sur No Code, Jack Irons (qui ne va pas tarder à quitter le groupe) montre qu’il sait aussi taper comme une bonne brutasse quand on lui demande. Tout aussi exaltant, « No Way » nous renvoie à la période Vitalogy. Sombre, très travaillé, le morceau monte crescendo fort d’une session rythmique béton (la délicieuse basse ronde d’Ament) et un duo de grattes bien offensif.
L’entrainante et terriblement efficace « MFC » ne souffre d’aucune contestation possible à l’inverse de « Do The Evolution », à la fois classique adulé par une bonne partie des fans et morceau « WOCKNWOLL » pas loin de la caricature. Le riff très Stoogien est presque trop facile, les cris de Vedder un brin too much, mais après tout le caractère outrancier colle on ne peut mieux avec l’odieux personnage campé par Vedder dans les paroles (« I’m at peace with my lust/I can kill ’cause in god I trust, yeah (…) Admire me, admire my home/Admire my son, he’s my clone/Yeah, yeah, yeah, yeah/This land is mine, this land is free/I’ll do what I want but irresponsibly »). Toute ressemblance avec l’actuel président des Etats-Unis ne peut être issue que du fruit de votre imagination.
Pour ne pas être trop parfait, Yield s’est vu doté de deux morceaux pas foufous (« Pilate » et son refrain lourdaud, « In Hiding » et son refrain trop aigu. On sait que tu chantes bien Eddie, t’en fais pas) et deux interludes qui font la blague mais pas l’histoire (« Red Dot », le fameux point rouge, l’étrange et dégingandée « Push Me Pull Me »). Le ghost track façon feu de camp primitif amuse également la galerie et conclut avec une certaine dérision un disque à prendre pourtant très au sérieux.
A l’heure des comptes, pas besoin d’être un fin mathématicien pour constater que ce Yield se place dans le haut du panier de la discographie de Pearl Jam. Et si lors des 3 exams de cet été, je pouvais tomber sur du Yield à foison, nul doute que j’obtiendrais mon diplôme avec mention !
Jonathan Lopez
Peut-être, sûrement mon préféré. En tout cas un de ceux que j ai le plus écouté. Je n ai qu’ une épreuve PJ l été prochain mais j espère qu’ il y aura quelques chutes de Yield. It’s only rock’n’roll but I like it