Rock En Seine @ St-Cloud (92), du 25 au 27/08/17

Publié par le 7 septembre 2017 dans Live reports, Notre sélection

Quoi de mieux pour clôturer l’été que passer trois jour allongé sur l’herbe à écouter de la musique ? Rock en Seine est un peu le Noël du dernier weekend d’août. Retrouver ses potes autour d’une bière en profitant des derniers rayons du soleil.

Autant dire que lorsque vous vous réveillez en sursaut à cause de l’orage grondant qui stagne au-dessus de La Capitale, l’envie de remettre en question votre amour pour la musique vous vient à l’esprit. Mais peu importe, le pass trois jours glissé dans la poche arrière de son jean, on saute dans le métro bien décidé à en profiter à fond !

Et cette année on est gâté. The Jesus and Mary Chain, Slowdive, Ty Segall, PJ Harvey… Je crois que c’est la première fois que je vais à un festival avec un programme aussi chargé, alors qu’importe la pluie, un vent d’excitation souffle sur l’édition 2017 du festival.

 

Vendredi 25 août

Hello, we are Cabbage from Manchester”. C’est classe de dire “Hello we are Cabbage from Manchester”. On n’avait pas entendu ça depuis un bout de temps. On se croirait presque revenu à la belle époque de la factory, de Joy Division et des Smiths. Premier concert et première claque, les 5 Mancuniens offrent une prestation des plus plaisantes et font même revenir le soleil. Pourtant ce n’est pas du punk. Ce n’est pas non plus du post punk. Leur son est au goût du jour tout en gardant un caractère atypique qu’on ne saurait décrire.

The Pretty Reckless a tout pour séduire. Les jolis solos du guitariste aux faux airs de Slash font plaisir et je trouve toujours envoûtant que le leader du groupe soit de sexe féminin. Pourtant je me suis fait chier. Je dois être trop sensible. J’aime pas quand ça crie trop fort. Le temps d’un sandwich et je me retrouve devant Beach Fossils. Et là tout change. À peine les premières notes de “Generational Synthetic” retentissent que je me sens bien immédiatement. En arrivant à la scène du bosquet j’ai pu entendre “assis, c’est un concert assis“, c’est vrai que Beach Fossils ça s’écoute allongé dans l’herbe en regardant le ciel. C’est fait pour ça. Pourtant tout le monde est debout. On ne saurait manquer une miette de la formation américaine.

Vous avez déjà découvert un groupe et eu l’impression que vous étiez passé à côté de quelque chose ? C’est ce qu’il m’est arrivé avec The Jesus and Mary Chain : “Mon dieu je suis né trop tard”. Séparés durant les années 90, c’est un peu la frustration ultime d’écouter Psychocandy en se disant qu’on aura jamais le plaisir de l’entendre en live. Pourtant, dans un élan de revival des années 90 les voilà de retour à l’instar de Slowdive et Ride. Le problème avec ce genre de retour 20 ans après, c’est qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre. Mais visiblement leur concert à l’Elysée Montmartre en avril dernier est resté dans les mémoires. Me voilà donc devant un des groupes mythiques de la fin du siècle dernier, attendant de me prendre une énorme claque. Les premières notes de “Amputation”, extrait de leur nouvel album Damage And Joy, retentissent et me voilà subjugué par un mur de son qui vient se fracasser sur ma poitrine…. Et que dire de plus… Je suis fan. Sachez, qu’ils n’ont de vieux que la couleur de leurs cheveux. Que “Candy Talks” en live ça défonce. Maintenant si vous voulez vous faire votre opinion, prenez un billet et vivez-le !!

À peine le concert terminé que je me retrouve en train de courir vers la grande scène pour Franz Ferdinand. Si je suis bien loin de connaître leur discographie par coeur, la formation britannique n’a rien perdu de sa superbe et nous ramène direct au lycée. On est tous comme des ados en train de chanter “Take Me Out” à tue-tête et ça fait du bien.

 

Samedi 26 août

En général je ne suis pas vraiment fan des groupes qui chantent en français. Mais Thérapie Taxi réussit cette prouesse. Poétique, mélancolique et peu conventionnel, le groupe réussit à faire danser le public de la scène de l’industrie en ce début d’après-midi caniculaire. Révélés par leur premier EP sorti en mars dernier, Thérapie Taxi offre une prestation des plus rafraîchissantes et paye même son shot de rhum à la fin du concert, la meilleure des façons de commencer cette deuxième journée de festival.

J’enchaîne ensuite avec Ulrika Spacek dont je ne n’écouterai que les débuts d’un concert qui partait sur de bonnes bases. Tout ça pour rejoindre la grande scène et Band of Horses. On va pas se mentir, tout le monde avait fait le déplacement dans l’espoir d’entendre “The Funeral”, LE tube du groupe entendu au moins une fois dans à peu près 95% des séries américaines. Le groupe enchaîne les morceaux aux tonalités folk et presque country… pas vraiment ce à quoi on s’attendait. Les notes tant attendues de “The Funeral” finiront pas retentir à la fin du concert, certainement pour le plus grand plaisir des fans.

Après un récent break, la formation belge de Girls In Hawaii est bel et bien de retour. On les sent émus et contents de retrouver leur public. On aura la chance de profiter d’une flopée de nouveau morceaux issus de leur prochain album Nocturne qui s’annonce prometteur !

Quoi de mieux pour terminer la soirée que le concert de The Kills ? Alors que le soleil se couche sur le parc de Saint-Cloud, Jamie Hince fait résonner sa guitare devant le public de la grande scène et ça vaut le détour. Mais c’est bel et bien Alisson Mosshart qui fait le show. Guitare, Batterie, Clavier. Elle est partout agitant ses cheveux dans tout les sens. Un vrai plaisir.

Le temps de manger un burger et les lumières s’éteignent sur la grande scène. Les tambours commencent à rugir sur un rythme militaire : les dix musiciens de PJ Harvey sont en train d’entrer sur scène. La grande prêtresse du rock anglais s’apprête à livrer une prestation habitée d’une heure et demi. S’il me faudra un peu de temps, elle finira bien par m’emporter avec sa musique et le voyage se révèlera très plaisant.

M.B

 

Dimanche 27 août

On applaudit bien fort le petit M.B pour son premier report ! Pour ma part, j’avais décidé de faire l’impasse sur les deux premiers jours malgré quelques noms alléchants, la majorité de mes groupes de prédilection étant regroupés le dimanche. Je loupe King Khan pour cause de distribution de flyers (vous savez pour la fameuse SOIRÉE DES 5 ANS D’EXIT MUSIK AVEC BIRTH OF JOY, WONDERFLU ET THE BLIND SUNS, hein ?) mais je me rattrape avec Car Seat Headrest. Le gamin a pris de l’assurance à force d’écumer les scènes et son pote gratteux de 15 ans se voit pousser des ailes avec le t-shirt de Dinosaur Jr. sur ses frêles épaules. Les compos tiennent la route, ça on le savait déjà. Et eux tiennent la scène, ça c’est un peu nouveau. Les titres trop longs sur album ne suscitent plus de bâillement, le son est puissant, les mélodies toujours cool (“Drunk Driveeeers, drunk driveeeers”) et à la fin on trouve le set… trop court. Ils ont changé je vous dis.

Ty Segall lui n’a pas changé. Il arrive, il joue fort. Quand il a des problèmes techniques, il joue plus fort. Et tout le monde est content d’entendre quelques titres bien efficaces du dernier album (“Warm Hands” en tête) et de bousculer gaiement son voisin sur quelques vieux classiques qui ne vieilliront sans doute jamais (le final best of “Caesar”, “Girlfriends”, “Sad Fuzz”). Pas avant notre mort en tout cas. Auparavant on s’était fait chier devant Rendez-Vous qui fait beaucoup de bruit pour pas grand chose et nous rappelle que le revival post punk/new wave/cold wave/synthés/boite à rythmes/chant caverneux ça n’a pas que du bon. On va les envoyer en stage d’observation chez Frustration ça va leur apprendre la vie.

Après s’être prélassé contre un arbre devant le branleur en chef Mac Demarco dont on ne s’explique toujours pas très bien l’incroyable succès (bientôt à l’Olympia tout de même !), aller-retour express pour s’avaler un truc et un arrêt au stand boisson avant de retrouver les immenses Cypress Hill sur la grande scène. B-Real et Sen Dog déroulent les hymnes cannabiques (“Legalize It”, “I Wanna Get High”, “Dr Greenthumb”, “Hits From The Bong”…) et les hymnes tout court (“Insane In The Brain”, “Tequila Sunrise”, “Throw Your Set In The Air”, “I Ain’t Goin’ Out Like That”). Non contents de rappeler à tous qu’ils encaissent comme personne les lattes de mariejeanne, ils nous prouvent surtout par A+B qu’ils chauffent le public mieux que quiconque (quitte à en faire un peu trop parfois… “qui c’est qui fait le plus de bruit ? Ceux de droite ou ceux de gauche ? Et si on vous met ‘Smells Like Teen Spirit’ vous faites encore plus de bruit” ?), qu’ils possèdent dans leur répertoire quelques-uns des meilleurs titres hip hop de la planète (personne n’en a jamais douté) et que la fusion rock/rap leur sied comme un gant (si certains en doutaient avant ce n’est plus le cas depuis qu’ils ont entendu “How I Could Just Kill A Man” qui convoque Tom Morello sur son final et “Rock Superstar” qui achève tout le monde en fin de show). Fin de la leçon mais certainement pas fin du festival puisque pendant “(Rock) Superstar”, Slowdive entamait la merveilleuse “Slomo” à l’autre bout du parc de St-Cloud (-327 pour le programmateur). Après un sprint héroïque, me voilà donc devant ce concert qui sera le plus marquant de la soirée (désolé Cypress mais je vous ai déjà vus plusieurs fois et… Slowdive quoi). Avec eux l’incroyable devient la norme, comme de revenir 22 ans après avec un album aussi bon que les précédents ou de nous faire oublier qu’on est tous dans un festival en extérieur et non pas dans une église tant le son est surpuissant et d’une grande clarté. En un mot parfait. Rachel nous susurre des mots doux, nos yeux se ferment, et Neil, entre arpèges délicieux et mur du son sulfureux, nous envoie dans la 6e dimension. Quand l’enchantement prend fin, l’atterrissage est douloureux. L’OM s’est pris 6-1, demain matin il faut se lever pour aller bosser. La vie est une pute mais elle sait parfois se montrer généreuse.

JL

 

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