Don’t Look Back #4 : Foo Fighters – In Your Honor
On a tous des albums qu’on a rayés à force de trop les écouter, des disques de chevet qui nous ont suivis intensément pendant des années (ou des mois, ou des semaines) et qu’on a fini par laisser de côté, soit par lassitude, soit parce qu’on est passé à autre chose. C’est la vie. Que se passe-t-il quand on ressort ces albums dix ou quinze ans après ? Exercice complémentaire du bac d’occaz, BCG se plonge dans des albums qu’il connait parfois sur le bout des doigts… mais qu’il n’a pas réécoutés depuis une éternité.
Au début
En 2005, j’étais dans une énorme période Nirvana, après m’en être détaché quelque temps, et j’ai forcément redonné leur chance aux Foo Fighters, dont j’adorais les deux premiers albums (surtout The Colour And The Shape) et dont j’avais snobé, à raison, les deux suivants. La sortie de In Your Honor était donc une occasion parfaite de me remettre au goût du jour et j’ai quasiment acheté l’album dès sa sortie.
Dès la première écoute, la description du double album comme un disque « loud » et un « not-so-loud » me paraissait mensongère, puisque j’avais quand même conscience que les compositions les plus énervées restaient du gros rock FM bien loin des racines punk du groupe. Cependant, j’avais globalement accroché à l’ensemble, gardant même certains morceaux de chacun des disques sur des compilations diverses. Je trouvais également, déjà, que « Resolve » était un single moisi dont je ne m’expliquais pas qu’il ait pu être retenu sur le disque alors que certains morceaux étaient quand même bien au-dessus. Je me souviens que j’aimais vraiment bien le disque acoustique hormis le morceau avec Norah Jones.
J’avais vu les Foo Fighters en live sur cette tournée, et j’avais vraiment adoré, même si je regrettais l’absence lourde de morceaux du premier album (déjà conscient qu’un « Exhausted », un « I’ll Stick Around » ou un « Wattershed » valent mille « Times Like These », « Learn To Fly » ou « Breakout »).
Après
Je me suis acharné à garder une oreille sur ce que sortaient les Foos jusqu’à Wasting Light, vraiment trop mauvais malgré leur tentative de renouer avec le bon vieux temps. Ma culture indé, partant de Nirvana, s’est étoffée jusqu’à (re)découvrir des dizaines de groupes bien plus intéressants et motivants.
Je n’ai donc conservé du groupe de Dave Grohl que ses deux premiers albums, par attachement sentimental mais aussi parce que je trouve qu’ils contiennent toujours beaucoup de bons morceaux (et j’assume). J’ai à peu près cloué tous les autres au pilori, excepté quelques titres, et je ne les ai pas réécoutés pendant une bonne dizaine d’années.
Le dernier concert du groupe auquel j’ai assisté, et les morceaux que j’ai écoutés à la fin de la série Sonic Highways ne m’ont absolument pas fait changer d’avis.
Maintenant
Je m’enchaine donc les deux disques à la suite, pour presque 2h de musique. D’abord le disque électrique, avec une petite appréhension tout de même, mais qui passe vite.
Le premier titre, éponyme, fonctionne très bien, avec sa montée crescendo et son couplet-refrain catchy. Rien à dire, ça glisse tout seul, et je me rends compte que je connais encore les paroles. Il en va de même sur les deux titres suivants ; oui, on est dans le gros rock FM limite RTL2 (pas assez années 80 pour être RTL2, mais dans l’esprit c’est pareil), mais « No Way Back » et le single archi-putassier « Best Of You » sont bien foutues dans leur registre.
Je suis surpris que ça passe aussi bien, et je m’attends au pire pour la suite, mais même pas. Si « DOA » est plus insipide que dans mon souvenir, tout tient à peu près la route jusqu’à « Resolve ». Qu’on s’entende bien, tout tient la route si vous supportez les aspects rock-à-papa-pour-remplir-les-stades de la musique et le fait que Dave Grohl gueule TOUT LE TEMPS. Moi, ça me fait marrer comme les monstres kitsch dans les séries japonaises, mais ça ne m’empêche pas de passer un bon moment.
« Resolve », c’est toujours nul à chier, mais cette réécoute aura eu le mérite de m’aider à comprendre pourquoi ce titre était un single. Car si l’aspect pop-FM des Foo Fighters saute aux (voire écorche les) oreilles de quelqu’un qui comme moi a une culture rock noisy grunge alternative (appelez ça comme vous voulez), c’est clair que le chant hurlé du père Grohl doit les faire passer pour des bourrins fous furieux auprès d’une radio généraliste. Un titre de soupe à la « Resolve », c’est le meilleur moyen d’augmenter les chances de diffusion. Je suis prêt à parier que c’est ce que le groupe avait en tête en l’enregistrant.
La suivante ne relève pas beaucoup le niveau, mais le titre final « End Over End » est plutôt pas mal, dans l’esprit de « New Way Home » ou « Come Back », avec un refrain entêtant qui permet de finir sur une bonne touche.
Enfin, de finir avant la suite plus calme. Je pensais que cette partie serait la plus agréable, mais je me trompais. Pourtant, ça commençait bien avec la très jolie « Still », mais on comprend vite qu’il s’agit du disque de remplissage.
Il y a, certes, quelques très bons morceaux (hormis le titre déjà cité : « Friend Of A Friend », composée à l’époque de Nirvana, « Over And Out » et « Razor ») mais surtout des expérimentations plus ou moins ratées (le bossa nova « Virginia Moon » ou l’insipide « Cold Day In The Sun » chanté par Taylor Hawkins) et un bon paquet de morceaux construits sur 2-3 idées mélodiques étirées jusqu’à l’ennui.
Bilan
Comme quasiment tous les doubles albums, celui-ci aurait pu tenir sur un seul disque et être très bien. Au lieu de ça, ils ont poussé pour en faire deux et le résultat est mitigé.
Cependant, vu qu’il s’agit des Foo Fighters post The Colour And The Shape, qui n’ont jamais sorti un bon disque, rien que le fait d’avoir assez de titres corrects sur ces deux disques pour faire un bon album est un tour de force.
Donc In Your Honor est sans aucun doute le meilleur disque que les Foo ont sorti depuis 1997. Ce n’est évidemment pas grand-chose, et il y a toujours des bonnes centaines de groupes qui font de la musique et des disques plus intéressants que cet album, mais je m’attendais franchement à pire. Du coup, je finis sur une note positive, même si ce qui est présent sur ces disques n’a pas non plus une qualité suffisante pour convaincre ceux qui n’aiment pas le groupe.
Blackcondorguy