DISCO EXPRESS #2 : Beastie Boys

Publié par le 31 juillet 2020 dans Chroniques, Disco express, Notre sélection, Toutes les chroniques

À l’opposé de notre rubrique sobrement intitulée « discographies » qui se veut objective, exhaustive et documentée, nous avons choisi ici de vous résumer chaque mois des discographies avec concision, après une seule réécoute (quand ce n’est pas la première !) de chacun des disques. Des avis tranchés, des écrits spontanés, plus ou moins argumentés avec une bonne dose de mauvaise foi et d’amateurisme. Cause hey, this is just music!

Licensed To Ill (1986) : “here’s a little story i’ve got to tell about…” Ça commence par un riff bien gras, ça sample les Clash, Led Zep… Une évidence : les Beastie ne sont pas comme les autres. Alter egos blancos de Run DMC, anciens punks chapeautés par Rick Rubin qui va les propulser dans une autre dimension, les trois MCs sont avant tout des potes avec une gouaille d’enfer et ce disque, avec ses imperfections, ses délires à la con (« Girls » qui postule parmi les textes et l’instru les plus débiles de l’histoire), ses tubes immortels (« Fight For Your Right », « No Sleep Til Brooklyn », « Brass Monkey ») est surtout un énorme kiff basique, sans calcul, rentre dans le chou. JUBILATOIRE.

Paul’s Boutique (1989) : franchement enchainer là-dessus, c’est la grosse classe. Après la machine à tubes et la popularité soudaine, les Beastie se maquent avec les Dust Brothers, samplent à tout-va et ne se fixent aucune limite (ils pillent même les Beatles sur « Sounds Of Science »). Résultat, c’est moins accessible, fourre-tout à mort, beaucoup plus groovy/funky que rock teigneux mais toujours aussi génial. Les délires sont toujours là (improbable « Egg Man », le country « Johnny Ryall »), la folie est palpable (« Hey Ladies »), le génie est partout (« Shake Your Rump », « Shadrach »). Ultime preuve, cette “Bouillabaisse” finale de plus de 12 minutes qui part dans tous les sens, et toujours dans le bon. On a déjà compris que les Beastie et nous, c’est pour la vie.

Check Your Head (1992) : ce n’est clairement pas celui que j’ai le plus écouté et je ne me l’explique pas vraiment (moins aventureux que Paul’s Boutique ? Ah bon. Moins tubesque que Licensed To Ill et Ill Communication. Vraiment ?) car objectivement… QUELLE TUERIE ! Que ce soient les sensationnelles « Pass The Mic », « So What’cha Want », la punky « Time For Livin’ », les instrumentales groovy en diable « Something’s Got To Give », « In 3’s », « Groovy Holmes »… Rien ne ressemble plus à un morceau des Beastie Boys qu’un autre morceau des Beastie Boys et pourtant il n’existe aucune formule magique tant leur spectre est large.

Ill Communication (1994) : je sais très bien pourquoi c’est celui que j’ai probablement le plus écouté. C’est une bombe ! Toujours aussi généreux (20 titres, une heure). Une des meilleures entames d’album possible avec « Sure Shot », leur plus grand tube à ce jour : l’indémodable « Sabotage ». Et au milieu : du punk (« Tough Guy » emballé en moins d’une minute, « Heart Attack Man »), du hip hop qui bute (« Get It Together » avec Q-Tip), du didgeridoo qui trippe (« Bodhisattva Now »). Le charme du groupe opère toujours, on ne sait jamais où ils vont nous emmener mais ils ont tous les droits. Ces gars-là, sous leur apparent je-m’en-foutisme dont ils ne se déparent jamais, sont aussi des bosseurs et musiciens dotés d’un feeling incomparable et d’une créativité inouïe. Le rock le plus incendiaire côtoie des collections d’instrumentaux délicieux (« B-Boys Makin’ The Freak Freak », « Sabrosa », « Ricky’s Theme », la géniale « Flutterman’s Rule »). Bref, toujours un joyeux bordel et du pur Beastie jouissif.

Hello Nasty (1998) : le premier que j’ai connu un jour béni de 98 quand mon frère se l’est procuré. Virus transmis. À vie ! Je garde donc une affection particulière pour ce disque et puis, objectivement il est fantastique. Le premier avec Mix Master Mike, encore un disque d’une richesse incroyable (22 titres). Les délires sont toujours présents (ce piano « médiéval » enchainé à un chant brésilien à la con sur « The Move ». Il n’y a qu’eux pour oser des trucs pareils…). Toujours des morceaux hyper entrainants et agressifs où les trois gonzes bousillent leur micro gaiement (« Remote Control », « Super Disco-Breaking », « The Negotiation Limerick File »), des instrumentaux so fun & cool (« Song For The Man », « Song For Junior »), l’enchainement dantesque « Body Movin’ » / « Intergalactic », la planante « I Don’t Know », formidable. On retrouve même Lee Scratch Perry le temps d’un titre forcément enfumé ! Ils étaient faits pour s’entendre… Le préféré de Mike D, on le comprend (non, vous ne m’aurez pas, je ne me prononcerai pas à ce sujet).

To The 5 Boroughs (2004) : disque écrit après le traumatisme du 11 septembre (les deux tours apparaissent d’ailleurs sur la pochette). Hommage à leur ville de toujours (qui donnera le fantastique « Open Letter To NYC » qui sample « Sonic Reducer » des Dead Boys !) et un disque qui sonne résolument hip hop. Une réussite si on ne tient compte que de l’ambition de base mais qui manque cruellement de variété et du grain de folie Beastie. Ça peut paraitre injuste de le considérer comme un disque mineur mais un bon disque rap, c’est insuffisant quand on s’appelle les Beastie Boys.

The Mix Up (2007) : les New-Yorkais ont toujours excellé dans leurs morceaux instrumentaux (en témoigne la formidable compil The In Sound From Way Out) mais il faut bien reconnaitre que ce disque (totalement instrumental, donc) fait un peu pale figure à côté. L’écoute est agréable, on retrouve quelques lignes de basse savoureuses mais on n’est pas transporté. Une curiosité. Heureusement qu’ils n’ont pas arrêté là-dessus…

Hot Sauce Committee (Pt. 2) (2011) : Attaque tonitruante avec l’ultra entrainante “Make Some Noise”. Les Beastie ne pouvaient s’en aller qu’en faisant grand bruit et c’est réussi ! Cela semble d’ailleurs être le mot d’ordre de ce disque dans l’ensemble très agressif : “OK”, “Don’t Play No Game That I Can’t Win” (so dubby), “Too Many Rappers” (so electronic, un poil trop pétaradante), “Say It” (so punky), on revient pour de bon dans le monde merveilleux des Beastie. S’il faiblit un peu en face B, cela reste du solide (« Take A Look Around » en mode jungle survoltée). Le disque sonne très moderne, les incursions électroniques y sont plus présentes que jamais. Regrets éternels puisque ces gars-là ont toujours su se renouveler et en avaient forcément encore de belles en réserve… On ne le saura jamais, on doit se contenter de souhaiter à MCA de reposer en paix, de le remercier pour la musique qu’il nous a offerte et d’écouter ses disques, encore et encore.

Jonathan Lopez

Playlist (Spotify et Youtube en plus bas) deux morceaux par disque (un seul pour The Mix Up parce que bon, hein, il est en-dessous et c’est pas un “vrai” album) qui font 15.

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