Black Country, New Road – Ants From Up There

Publié par le 1 février 2022 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Ninja Tune/PIAS, 4 février 2022)

J’ai lu quelque part que l’on met toute sa vie pour faire son premier album mais qu’on a qu’une seule année pour réaliser le deuxième. Après un For The First Time, sorti l’an passé, et plutôt (très) bien accueilli par la presse (hype comprise), Black Country, New Road revient avec un disque plus fourni (10 titres pour presque 1 heure) et tout aussi attendu. Il faut dire que les concurrents british sur le créneau (Squid, black midi voire les prolifiques Idles ou Fontaines DC…) poussent derrière. Mais on s’en fout un peu au final, non ?

Le premier album de BCNR a pu étonner (voire ravir) avec son mélange inattendu de post-rock minimaliste, d’incursions jazzy ou vers le monde sonore balkanique. Mais avec 6 titres seulement, et malgré un « Opus » tonitruant, que je réécoute avec plaisir, je l’ai quand même laissé à la porte de mon top 2021. On a maintenant une idée plus précise de l’endroit où les londoniens veulent aller avec ce nouvel album. Le souci, c’est qu’après l’écoute de ces 10 titres, on n’a pas trop envie de les suivre. À la première écoute, j’ai trouvé ça ennuyant, avec un manque de relief, et des tempos assez semblables. La playlist sous les yeux, je lorgnais avec envie sur les 3 derniers titres qui auguraient un feu d’artifice final (avec 7, 9 et presque 13 minutes). Les restrictions sont passées par là, et toute explosion pyrotechnique est proscrite. Les pétards étaient mouillés de toute façon. J’ai laissé l’album de côté pendant 2, 3 semaines pour y revenir avec l’esprit plus ouvert pour aborder cette chronique. Mais le constat est le même. « Intro » et « Chaos Space Marine » dès le départ ne déchaînent aucune passion chez moi. Ça joue une pop orchestrale qui peut vaguement évoquer un early Arcade Fire sur le premier refrain mais sans étincelles non plus et encore moins le souffle épique. Même si « Concorde » réussit un décollage honorable ensuite, on va rarement être emballé (« Good Will Hunting » a moins de répartie que Matt Damon dans le film). Ok, les gamins sont doués, ils peuvent envoyer des cuivres jazzy, et presque jouer des petites symphonies pop (« The Place Where He Inserted the Blade » et ses chœurs très Arcade Fire encore). Mais on a déjà entendu ça chez Sufjan Stevens (sur Illinois en mieux d’ailleurs) au début des années 2000, non ?  Les guitares parfois énervées de For the First Time ont de plus disparu. Le timbre un poil monocorde d’Isaac Wood et son spoken-word délicat peuvent parfois faire mouche quand la musique sait se faire discrète, élégante et user habilement du crescendo comme sur le plutôt réussi « Bread Song » ou « Haldern » (malgré un saxo un poil irritant). C’est moins bien avec l’instrumental « Mark’s Theme » à peine sauvé par le piano. Et ça manque quand même cruellement de folie et de souffle à mon goût, surtout pour un septet. « Snow Globes » tente la ficelle du crescendo qui emporte tout mais je marche pas (pourquoi cette batterie bavarde ?). Après ces 9 minutes, on se retrouve avec les 13 de « Basketball Shoes » bien moins rythmées et emballantes qu’un match 7 de play-off, malgré une seconde partie de morceau qui mouille (un peu) plus le maillot, avec un final plutôt réussi (le Funeral d’Arcade Fire a encore frappé).

Inutile d’en dire davantage. Après deux écoutes, le verdict était sans appel et les suivantes n’y ont rien changé. Ce disque ne donne pas l’impression d’un potentiel grower qui va me renverser d’ici un mois. J’arrête les frais. Peut-être pas dans le bon mood non plus, vu que j’écoute plutôt le furieux avant-dernier King Buffalo en rotation lourde. #Grand écart. Faites-vous votre opinion, hein, et ne laissez pas un chroniqueur chafouin déverser son fiel…

Mais quand même… Don’t believe the Hype.

NdR : ce 31 janvier, par un message sur leurs réseaux sociaux, le groupe annonce que le chanteur Isaac Wood se met en retrait du groupe.

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