Pamplemousse – High Strung

Publié par le 14 avril 2019 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(A Tant Rêver Du Roi, 19 avril 2019)

Ne pas tergiverser, foncer dans le tas. Telle pourrait être la devise de Pamplemousse. On serait tentés de ricaner à la simple évocation de leur nom, mais on est calmés d’emblée par “High Strung”, déferlante noisy punk monstrueuse d’efficacité, jouée couteau entre les dents. Plus personne ne moufte alors.

Pour collecter tout son jus (premier et dernier jeu de mots douteux), Pamplemousse est passé entre les mains de Peter Deimel, expert ès administrations de torgnoles qui a prodigué ses services à des poètes comme Shellac, Chokebore, Cows ou We Insist!, plus près de chez nous.

En résulte un album particulièrement massif et généreux en dissonances jouissives. On ne peut décemment pas rester de marbre face à ces réunionnais qui prennent parfois l’accent de Chicago ou Washington (“Space Out” et son break Fugazien, dont la basse nous fait boire le calice jusqu’à Lally).

Fabuleux exutoire, “Losing Control” porte remarquablement son nom. Le chanteur aime bien nous gueuler dessus et le fait avec un certain aplomb, quand il n’évolue pas aux confins de l’hystérie (“Porcelain” où l’assaut des guitares est tel qu’on comprend aisément qu’il puisse y perdre son latin).

Les amplis en chient, les guitares sont au supplice, les fûts martelés jusqu’à plus soif, mais cela ne nous prive pas de subtilités (la basse bluesy vicelarde de “Heebie Jeebies” où des records de vitesse sont pourtant battus, “Back In LA” qui nous amadoue habilement avec son intro sur la retenue… seuls les plus naïfs n’auront pas vu venir la dérouillée qui suit).

High Strung constitue un formidable cocktail de rage et puissance, comme on l’affectionne du côté de Metz (les canadiens, pas les lorrains). Du bruit, beaucoup de bruit mais jamais pour rien puisque les mélodies ne manquent pas à l’appel, pêché parfois pas si mignon de ces mêmes canadiens.

Une fois les 33 minutes défilées vitesse grand v, nous voilà cul par terre, langue pendue et yeux hébétés. On dit alors 33 et on quémande la prochaine raclée.

Jonathan Lopez

Chronique à retrouver également dans New Noise #48 avril-mai

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