Fontaines D.C. – Dogrel

Publié par le 12 mai 2019 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Partisan, 12 avril 2019)

Maudits soient les british ! Eux qui prennent toujours un malin plaisir à nous rappeler à quel point ils sont meilleurs que nous. Dans tous les domaines, ou presque (les anglais ont fait fort avec le Brexit, mais notre gouvernement se surpasse chaque jour pour prouver qu’on peut rivaliser en connerie) : en nous mettant des taules au rugby dès que l’occasion se présente, en monopolisant le haut de l’affiche footballistique quand on préfère se faire humilier en mondovision (par des british, tant qu’à faire) ou en sortant en moyenne quatre bons groupes rock quand on en sort un. 

Après la déferlante punk/post punk anglaise nouvelle génération (Sleaford Mods, Idles, Shame, Slaves…), au tour des irlandais de frapper un grand coup. Pour remuer le couteau, ceux-là ont choisi un nom qui pourrait presque sonner frenchie : Fontaines D.C. Mais pas de doute possible, D.C. désigne bien Dublin City. Dur.

I’m gonna be big” clame d’emblée Grian Chatten (“Big”). Ambitieux, certainement. Présomptueux ? Pas tant que ça. Car ce groupe-là n’éprouve visiblement pas la moindre difficulté à écrire des tubes (“Roy’s Tune”, “Boys In The Better Land”), à trouver le riff qui ne va plus te lâcher (“Too Real” qu’on a bien dû écouter 45 fois avant la chronique), à dégoter une ligne de basse qui nettoie tout ce qui traine (“Hurricane Laughter” qu’on a bien dû écouter 42 fois), à convoquer les Cure quand il s’agit d’ajouter un brin de mélancolie (“The Lotts” ou “Television Screens” face auquel il est difficile de ne pas rester scotché) ou les Pogues quand ils font dans la ballade à entonner pinte à la main (“Dublin City Sky” dont le chant ressemble à s’y méprendre à celui de Shane McGowan sur “Sally McLennane” du mythique Rum, Sodomy & The Lash).

L’atout numéro un de Dogrel n’est sans doute pas l’originalité mais bien le fameux triptyque énergie/mélodie/spontanéité après lequel tout le monde court, mais que peu parviennent à attraper. Ça parait simple voire tout con (“Liberty Belle” qui flirte avec le punk à roulettes mais sans se jeter à pieds joints dans la faute de goût), c’est surtout très bon. Et une de plus pour les British ! On les aura un jour, ne perdons pas espoir.

Jonathan Lopez

Fontaines D.C. se produira le week-end des 8 et 9 juin en plein air dans le cadre de Villette Sonique (Paris). Ah, et ce sera gratos.

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