Interview – Shame

Publié par le 27 janvier 2018 dans Interviews, Non classé, Toutes les interviews

Shame, nouveau phénomène post punk venu d’outre Manche, vient de sortir Songs Of Praise, un premier album qui confirme tous les espoirs placés en lui. Fin novembre, la veille de leur premier concert en tête d’affiche à Paris (au Point Ephémère), nous avons eu la chance de pouvoir les interviewer. Les deux Charlie et Josh sirotent un verre de vin, il est environ 6h de l’après-midi. On se joint à eux pour un verre. Interview avec un des jeunes gens qui savent où ils vont et ne perdent pas de temps pour s’y rendre.

 

“L’album est très différent et contradictoire de ce que notre nom laisse supposer. On pourrait croire qu’on fait de l’emo-heavy metal, on essaie de créer un peu de détachement et d’humour.”

 

Salut les gars, c’est cool de vous rencontrer et merci pour le vin !

Charlie Steen (voix) / Josh (basse) / Charlie Forbes (batterie) : à la tienne !

 

Ça fait trois ans que vous avez commencé à jouer et tout semble s’être débloqué en 2017. Une année incroyable pour vous !

Charlie Steen : oui on n’a pas arrêté cette année. On a fait 47 festivals cet été mais on a aussi trouvé notre producteur et on a pu sortir des singles (“Concrete”, “Visa Vulture” et “One Rizla”, ndr). On n’a pas arrêté de bosser, avec la sortie de notre album qui arrive. On espère que ça va se poursuivre avec l’album l’année prochaine et revenir dans certaines salles où on a jouées.

Josh : on a eu une progression graduelle. On a commencé il y a trois ans et on n’a rien sorti avant l’an dernier… Donc oui cette année 2017 a été un peu folle.

 

Cet été, j’ai dû vous voir au moins 4 fois et je me disais “ces 5 gamins ont tant de passion et d’excitation sur scène, ce n’est pas si courant de nos jours.” J’imagine que vous n’êtes pas seulement un groupe mais aussi une famille, je me trompe ?

Charlie Steen : on se connait depuis qu’on est gosses, on était tous à l’école ensemble…

Josh : des racines profondes.

Charlie Steen : oui, beaucoup trop profondes ! Le groupe s’est formé de façon très naturelle et n’a jamais été quelque chose de programmé. On se connaissait depuis longtemps et au bout d’un moment on a décidé de commencer un groupe.

Kiko (leur manager de tournée/ ami proche, donc également membre de la “famille Shame”) : désolé d’intervenir… Ce ne sont pas 5 mecs de Londres qui se disent “formons un groupe !“… Ils ont grandi ensemble, c’est ça le plus important.

Josh : je pense que le fait de se connaitre depuis si longtemps a aidé à maintenir une relation relativement saine.

Charlie Steen : on a pu se montrer critiques les uns envers les autres sans que ça heurte les sentiments. Pas besoin de prendre des pincettes, parce que quand il s’agit de musique, de production, on souhaite tous aboutir au truc parfait. On n’a jamais précipité nos décisions, de l’artwork à la production en passant par les concerts… On a toujours pris notre temps pour arriver à un résultat qui nous satisfasse, mais on sait qu’on devra encore procéder à des ajustements pour évoluer.

 

Et qu’y a-t-il derrière le nom Shame ?

Charlie Steen : le père de Charlie (Forbes) dont le surnom est Lennon a proposé ce nom. On a passé beaucoup de temps à chanter au pub Queens Head de Brixton… et c’est là qu’on a commencé à se présenter…

Josh : … sous des noms de merdes.

Charlie Steen : oui, des noms de merde constamment pendant six semaines.

Josh : je détestais ce nom au début mais la première fois qu’on s’est présenté comme ça… J’ai trouvé que c’était le premier qui n’était pas si catastrophique. Des gens m’ont dit “oui, vous vous êtes appelés Shame mais vous allez changer de nom, non ?” et finalement le nom a pris de l’ampleur alors que ça semblait parti d’une blague…

Charlie Steen : comme une maladie…

 

Et maintenant il va falloir l’assumer jusqu’au bout et c’est ce que vous êtes partis pour faire.

Charlie Steen : je pense qu’il nous représente plutôt bien en tant que groupe et d’individus parce qu’esthétiquement on n’est pas un groupe avec des gars qui veulent passer pour des jeunes cool ou populaires ou cherchent à créer une image qui ne nous correspond pas vraiment.

Josh : et on ne veut pas se prendre trop au sérieux, c’est comme ça qu’on fonctionne quand on bosse sur un album et pour le reste. Bon je détesterais vraiment ce nom si on était un groupe de metal hardcore… T’imagines, des gens qui nous demandent “oh t’es dans un groupe. Comment il s’appelle ?” (Il prend une voix de métalleux) “Shaaame“.

Charlie Steen : oui c’est tout à fait ce que disait Josh. L’album est très différent et contradictoire de ce que notre nom laisse supposer. On pourrait croire qu’on fait de l’emo-heavy metal, on essaie de créer un peu de détachement et d’humour.

 

“On emmerde Slaves. La façon dont ils nous ont traités lors de notre tournée était très injuste.”

© Dan Kendall

 

Oui et on peut espérer que ça aide les gens à ne pas avoir d’idées préconçues et être un peu plus ouverts d’esprit. Par ailleurs, j’ai vu que vous aviez tourné avec Slaves cette année…

Charlie Forbes : On emmerde Slaves.

Charlie Steen : on n’aime pas Slaves. La façon dont ils nous ont traités lors de notre tournée était très injuste.

Josh : c’était surtout les gens qui les entourent, leur équipe etc…

Charlie Forbes : s’ils avaient voulu, ils auraient pu arrêter ça.

Charlie Steen : Slaves c’est une entreprise, pas un groupe. On a tourné avec Fat White Family, Warpaint, The Garden et on s’est toujours senti les bienvenus.

 

Qu’est-ce qu’ils ont fait pour que vous soyez si énervés ?

Charlie Steen : ils ne m’ont pas autorisé à me jeter dans le public, ils ont même fait en sorte qu’on n’ait pas d’eau sur scène…

Charlie Forbes : ouais on ne pouvait même pas avoir d’eau !

 

… La conversation se poursuit mais pas besoin d’aller plus loin… On a compris qu’ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde…

Revenons au présent, en France vous commencez à avoir une vraie cote de popularité. Vous êtes surpris d’avoir déjà autant de succès ?

Josh : et on n’a même pas encore sorti l’album !

Charlie Steen : je crois que la première fois qu’on a joué en France c’était avec FIDLAR à La Maroquinerie (Paris), et on y retourne en avril en tant que tête d’affiche cette fois. Un moment charnière, on se pince pour y croire… Mais ça va vraiment se produire ! La façon dont le public réagit aux concerts, pas seulement à Paris mais dans toute la France, rend l’expérience très agréable. Les gens cherchent vraiment à se défouler.

Josh : c’est le public le plus amical je trouve.

Charlie Steen : oui, je trouve que les Français sont capables de beaucoup plus se défouler que les Anglais. En Angleterre, j’ai l’impression qu’il faut d’abord que tu aies fait tes preuves… Mais on peut avoir de supers concerts dans le nord, comme à Glasgow, ou à Leeds… Le public savoure vraiment le moment. Une autre différence majeure avec la France : en Angleterre les gens ne vont pas aux festivals commerciaux comme Leeds festival pour la musique… Contrairement aux Français. Les festivals français qu’on a fait cette année avaient des programmations incroyables, comme le This Is Not A Love Song (on confirme).

Josh : pour en revenir au groupe, on ne s’est jamais dit… “oh on est au top en ce moment“. Ça s’est vraiment fait progressivement. On a joué de plus en plus de concerts et ils sont de plus en plus intéressants…

 

Qu’est-ce qui vous attend en 2018 ?

Charlie Steen : fin janvier on joue dans un festival en Australie, la côte Est des Etats-Unis, un peu d’Europe et retour en Angleterre. Là on revient juste d’une tournée en Amérique du Nord et moi et Eddie (Green, guitariste, ndr) on a dû voyager dans 3 différents pays pour faire de la presse… donc ce fut très intense mais on a 20 ans alors…

 

Vous avez toute l’énergie pour faire ça !
Charlie Steen : exactement, c’est le meilleur moment de faire endurer ça à nos corps.

Kiko : leur maturité est incroyable !

 

Je ne vous connais pas personnellement mais vous m’avez l’air d’avoir de bonnes âmes… en plus de votre talent.
C’est l’heure d’y aller… c’était super de vous parler, on se voit au concert !

Charlie Steen /Josh : merci, et à tout à l’heure.
Charlie Forbes : merci, et tu sais où on peut trouver de la weed ?

 

Fin 🙂

Si vous n’avez jamais prêté une oreille à Shame, écoutez donc ce petit bijou

Interview réalisée par E. pour Exitmusik, merci à Agnieszka Gérard pour l’organisation de cette interview.

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