The Limiñanas – Down Underground

Publié par le 28 octobre 2015 dans Chroniques, Toutes les chroniques

the-LiminanasThe Limiñanas, duo exotique d’un petit village proche de Perpignan composé de Lionel (claviers, guitares) et Marie (batterie, percussions), couple à la scène comme dans la vie,  a conquis le cœur de nombreux artistes anglo saxons. Jack White, Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre), Primal Scream entre autres, ne tarissent pas d’éloges sur ces héritiers des yéyés sixties, fervents amateurs de garage rock.

Comme nul n’est prophète en son pays, leurs compositions, au son brut, rétro futuriste et psychédélique ont tapé dans l’oreille de deux labels américains : Hozac (The Black Lips) et Trouble In Mind (Jacco Gardner, Fuzz, JC Satan, excusez du peu) avant de séduire le public français. Un peu par hasard.

Leur pop sixties ludique, avec une basse très en avant, du talk over très « Gainsbourg style », de jolies voix féminines naïves qui se baladent sur ces compositions très cool et bien fun, fait mouche immédiatement. La musique de ce duo « so Frenchy » évoque sans effort des images de cinéma, et rappelle des références artistiques diverses : Velvet Underground pour les compositions acérées et les voix féminines, Gainsbourg pour le phrasé et le rythme de certains titres.

Ce disque regroupe l’intégralité de leurs compositions, quatre albums au compteur. L’éponyme Down Underground plante le décor et nous installe sans équivoque dans une ambiance vintage et minimale aux références musicales assumées. Lionel aux guitares assure l’essentiel, et Marie soutient l’ensemble en frappant sur ses fûts sans se poser de questions. White Stripes franchouillards ? La référence au défunt groupe de Jack White s’arrête à l’organisation du groupe, un duo, un homme aux guitares et une femme à la batterie. Mais il n’est pas étonnant que Jack White les apprécie. Cela rappelle bien sûr d’autres duos célèbres comme les Cramps ou The Kills.

Quatre albums réunis ici, avec au total une cinquantaine de titres. Sans livrer ici une litanie interminable, je citerai quelques perles qui émergent du lot : « Je Ne Suis Pas Très Drogue », irrésistible évocation de soirées festives enfumées, guitare en avant et whoop whoop pour arroser le tout, ce « Tigre du Bengale », aux sitar et percussions indiennes évoquant un trip au Cachemire,  la désopilante « Votre Côté Yéyé M’Emmerde » qui n’est qu’une longue énumération de patronymes célèbres (mais pas que) scandée en alternance par les deux compères ou bien « Une Ballade Pour Clive », clin d’œil évident au grand Serge et sa « Ballade De Melody Nelson ».

Une petite dernière pour la route : « Liverpool », l’histoire d’un groupe en route pour un festival, qui bascule dans le tragique, ambiance résolument orientale avec la longue montée d’énergie brute d’un Bouzouki qui noie l’ensemble.

Une fois de plus, l’histoire de The Limiñanas démontre qu’aujourd’hui la création musicale et l’accès à la musique et aux artistes reposent de plus en plus sur le DIY, qu’on pourrait traduire par « démerde-toi et le ciel t’aidera ». Enfin, tant qu’il y aura des gens qui auront la foi pour claquer de jolies mélodies sans se prendre la tête juste équipés d’une guitare, d’un clavier et d’une caisse claire, tout n’est pas perdu.

El Padre

 

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