Stöner – Stoners Rule
On pourra difficilement accuser ce (super)groupe de tromperie sur la marchandise. Stoners Rule de Stöner est bien un album de stoner avec deux de ses plus éminents représentants dedans : Nick Oliveri (ex-Kyuss et Queens of the Stone Age) et Brant Bjork (ex-Kyuss), accompagnés de Ryan Güt, le batteur dans la formation de ce dernier sous son propre nom. À l’image de ces choix de noms de groupe et de disque qui ont probablement nécessité un intense brainstorming, l’impression que le trio ne s’est pas foulé est difficile à chasser. Stoners Rule, c’est souvent vrai, ça l’est en partie ici mais ça ronronne légèrement.
Si Brant Bjork ose un improbable « Hey ho, let’s go » en ouverture, ne cherchez pas l’originalité à l’écoute de ce disque ou vous allez au devant de grandes déconvenues. Des influences punk, on en trouve toutefois, comme sur « Evel Never Dies » (chanté par Oliveri) ou « Nothin’ » qui ressemble, il faut bien le dire, à un morceau que Brant Bjork aurait griffonné, un peu éméché, sur un coin de table entre deux coupes de champ’ au mariage de sa nièce, avant de le mettre en application en studios. Ce n’est pas mauvais, juste confondant de simplicité et assez vite oublié. Évidemment ces gens-là ne sont pas des bleus, ils connaissent leur métier et savent ce qu’il faut faire pour que nos esgourdes en manque de riffs décapants frétillent (on est toujours en manque de riffs décapants) : Oliveri est à sa main, il fait vibrer l’asphalte comme de coutume et Mr Güt forme à ses côtés un duo qui groove (comme sur le plus que correct « Own Yer Blues » devinez quoi ? Exactement, bien bluesy !). Brant Bjork envoie évidemment quantité de gras, et on s’en repait car on ne peut pas toujours jouer les fins gourmets. Quant à son chant, sans être à côté de la plaque, on regrette toujours un charisme bien moindre à celui de son ex-comparse John Garcia. Mais bon, ça à la limite, ce n’est ni de sa faute ni une révélation. En fin de course, le classique morceau à rallonge « Tribe / Fly Girl » de plus de 13 minutes fait son petit effet, entre deux bâillements (déjà le final de « Stand Down » qui précède, avait mis à mal notre nuque).
Avec quelques champignons hallucinogènes, on pourrait sans doute observer ces trois-là jammer pendant des plombes, soleil couchant en contrebas. Tout seul devant notre ordi, c’est une autre histoire. Pas de grand frisson ou d’expérience hors du commun. Juste du stoner, tout ce qu’il y a de plus correct. Et attendu. Quitte à choisir un supergroupe du genre cette année, on optera sans hésiter pour le Yawning Sons paru quelques mois plus tôt. Sans grande surprise non plus mais autrement plus inspiré.
Jonathan Lopez