Stone From The Sky – Songs From The Deepwater
La fin de l’année est proche. Il sera bientôt temps de préparer le traditionnel top. Sans déflorer mon classement – un peu de patience svp – une tendance nette se dessine pour 2021. Une densité inhabituelle de rock instrumental qui fait valser plus ou moins les catégories. Et ce n’est pas le 3e album des manceaux de Stone From The Sky qui viendra l’infirmer.
Ce Songs From The Deepwater propose en effet 7 titres solides, et parfois emballants, qui refusent de se cantonner à la routine du heavy rock labellisé stoner ou du post-rock contemplatif ennuyeux. On vous a déjà dit ici le plus grand bien des derniers albums de Yawning Sons et Sons of Alpha Centauri. Cette fois-ci, c’est un trio français qui va ramasser quelques lauriers. Dès l’inaugural « Godspeed » (y’a pire comme nom quand on fait dans l’instrumental), le groupe déploie un savoir-faire évident. Derrière le qualificatif post-, il surprendra souvent l’auditeur en y mettant au choix du rock, du metal voire du hardcore ou même un savant saupoudrage des 3. La tension sourde de ce début d’album (cette intro !) va ainsi rapidement exploser dans des rythmiques massives, lacérées de riffs aigus. Quelle entrée en matière ! Plus direct mais tout aussi puissant, « Le Squinfus » martèle ensuite un rythme soutenu qui ne nous laisse pas souffler. Tout au long du disque, la tension sera permanente et les surprises nombreuses au gré de compositions habiles. Au détour d’arpèges apaisés ou d’une ambiance contemplative psyché, il ne sera pas rare de se prendre sans préavis une tornade dans la face (« Karoshi »). Ou de voir le compteur subitement s’affoler au rythme des changements de tempos comme sur l’énorme et hypnotique « The Annapurna Healer », ascension mouvementée vers un des sommets de l’album, avant une descente supersonique dans sa dernière minute (!). Et alors que le groupe continuait de dérouler une partition sans fausse note, en s’aventurant dans des contrées voisines du (très recommandable) dernier album de L’Effondras sur « City/Angst », parfait récit post-rock, tout en reliefs escarpés et guitares éthérées, il ménageait encore quelques surprises pour la fin. D’abord sur le magnifiquement nommé « 49.3 Nuances de Fuzz », véritable festival de riffs addictifs (avec une guitare lead à la wah stellaire !), de rythmiques lourdes en veux-tu en voilà, et de plages hypnotiques, le tout drivé par un batteur qui alterne les tempos avec bonheur. Puis sur « Talweg », certes le titre le plus court (3 minutes) et le seul chanté, avec une incursion inattendue mais élégante de guitare acoustique. Dans une ambiance éthérée vaguement bluesy qui nous confirme que le dernier (énorme) album de All Them Witches a aussi été écouté du côté de la Sarthe. Sans doute pas un hasard non plus si le mastering de l’album est signé Mickey Allred qui a officié avec le groupe de Nashville.
Ce trio du Mans a décidément plus d’un heavy rock dans son sac. Et me voilà donc bien embêté avec tout ces disques de rock instumental (ou pas), aussi marquants les uns que les autres. Va falloir revoir le classement du top, les calculs ne sont plus bons. 2021, keep calm and listen to instrumental rock. C’est la vie que j’ai choisie.
Sonicdragao