Steve Gunn – The Unseen In Between
C’est l’un des noms de la folk qui sonnent familiers mais demeurent assez méconnus. Dans l’ombre d’un Kevin Morby (avec qui il a tourné) ou d’un Kurt Vile (pour qui il a joué au sein des Violators), Steve Gunn n’est jusqu’alors pas parvenu à écrire son propre patronyme en haut de l’affiche. La donne pourrait bien changer avec The Unseen In Between, son 4e album, dégainé avec maturité et maîtrise.
Dans la lignée de grands folkeux d’antan (Neil Young, Nick Drake) et des indie folkeux récents les plus en vogue (voir plus haut), Steve Gunn ne réinvente rien mais place ses pions très habilement et nous emporte sans difficulté dans son univers. Pas d’effet de manche mais une voix chaleureuse, un jeu de guitare fin et subtil, des mélodies raffinées (l’envoûtante “New Moon” teintée de psychédélisme en ouverture, la très poppy “Vagabond” ou la superbe “Stonehurst Cowboy” en hommage à son père décédé).
Un disque qui sonne à la fois simple avec ses airs familiers, et sophistiqué.
On entend les doigts glisser élégamment sur le manche de la gratte comme si on était dans la même pièce et, question arrangements, Gunn a sorti l’artillerie lourde (renfort de cordes sur “Luciano”, piano sur “Paranoid”, solos électriques sur “New Familiar” ou “Lightning Field”). Comme s’il nous promettait une soirée tranquille au coin du feu et qu’il se mettait à tirer des feux d’artifice sous nos yeux ébahis (discrets les feux d’artifice, pas question d’effrayer le voisinage).
Pas d’ennui à déplorer donc mais un disque à s’écouter au chaud en regardant la neige tomber. Et un nouveau nom à cocher.
Le haut de l’affiche, c’est pour bientôt Steve.
Jonathan Lopez