Pearl Jam – European Tour 2014 (suite)
Wuhlheide (Berlin, Allemagne), 26 juin 2014
Place à Berlin. Berlin, son histoire mouvementée (on va dire ça comme ça), ses soirées débridées et ses transports archaïques DE MERDE. Tant que vous restez dans le centre ou aux alentours ça va mais dès que vous vous éloignez (et que vous voulez rejoindre le Wuhlheide par exemple) ça devient vite un chemin de croix…
Donc après avoir changé 3 fois de train et s’être agglutinés autant que faire se peut dans un bus irrespirable avant de reprendre un autre train (!), nous voilà au Wuhlheide. Le lieu est superbe, une sorte d’amphithéâtre en plein air nichée au fond d’une imposante forêt. Le temps est des plus cléments. Idéal pour passer une grande et belle soirée…
Le groupe prend son temps avant de débarquer sur scène (attendant sans doute la fin d’Allemagne-USA) et on patiente sagement, idéalement placés dans les tous premiers rangs à gauche de la scène du côté de Mike McCready (un choix pas tout à fait dicté par le hasard). Il fait encore bien jour mais Vedder l’assure nous aurons l’occasion de voir la nuit tomber. On n’en doutait pas.
Les gars de la sécu sont pas des rigolos, chaque fois qu’un jeune inconscient dégaine un appareil photo ou entreprend de slammer, il se fait repérer illico presto, choper sans ménagement et emmener dans un lieu sombre pour subir de terribles sévices. Appelons ça l’efficacité allemande.
On se contentera donc des portables pour prendre des photos. On ne voudrait pas que notre famille reçoive une lettre de condoléances à la suite de ce concert…
Nous n’aurons pas besoin de beaucoup de temps pour faire un premier constat : cette soirée sera unique. Le fait d’être si bien placé y joue évidemment, voir évoluer d’aussi près un garçon du talent de Mike McCready est un vrai bonheur. Oubliés les problèmes de genou de Vedder qui paraît en excellente forme et a de nouveau recouvré la plénitude de ses moyens vocaux. Le public vit pleinement le concert, s’égosillant sur chaque morceau (visiblement l’allemand maitrise le répertoire Pearl Jam) et pogotant comme des dingues dès que le ton monte.
Et puis il y a cette setlist, mélange parfait de classiques (“Go”, “Why Go”, “Corduroy”, “Given To Fly”…) et de savoureuses raretés (“In My Tree”, “God’s Dice”, “You Are”, “Who You Are”…).
Signe de la relation particulière qu’entretient le groupe avec ses fans, Pearl Jam interprètera (remarquablement) le morceau « Hold On » réclamé sur une pancarte brandie par un de nos voisins du premier rang et partira en impro sur le fait de laisser ou pas Stone (Gossard) chanter, réclamé à cor et à cri (“Let Stone sing, let Stone sing !“).
Pendant les envolées ahurissantes de Mike McCready, Stone Gossard et Jeff Ament se font des petits jams entre eux et ont la banane. Les mecs prennent leur pied, c’est une évidence et le public est en pleine hallu devant une telle osmose. Ça fait quoi 4 ans que vous tournez ensemble ? Ah non, 23. OK.
Les mecs sont tellement à la cool qu’ils se planteront en beauté sur “Mind Your Manners”, foirant complètement le pont du morceau (avec un Vedder qui commencera même à chanter sur le solo). Voilà ce qui arrive quand on se remet en question à chaque concert, qu’on joue systématiquement 3h et qu’on revisite chaque morceau d’un soir à l’autre.
Il y eut tout ça, et bien plus encore. Une fantastique “Immortality”, enterrant à l’aise celle d’Amsterdam, un final de feu avant le premier rappel (enchainement “Lukin” – “Rearviewmirror” dévastateur), un rappel merveilleux avec encore de rares privilèges (“Sleight Of Hand”, “All Those Yesterdays” tutoyant les sommets, “Crazy Mary”… pfiou rien que de l’écrire ça file des frissons).
Vedder littéralement amoureux de l’endroit se remettra même à jouer l’escaladeur sur une « Porch » d’anthologie, comme au bon vieux temps (Pinkpop 92 c’était pas si loin en fait ?).
On en est donc à 30 morceaux, le public a pas l’air mécontent, il serait temps de faire un deuxième rappel, non ? Tiens et si on attaquait avec “I Believe In Miracles” (Ramones) histoire de les calmer ? Ba ouais vas-y. Calmés, nous le fûmes.
Trois classiques de fin de concert plus tard (“Alive”, “Rockin’ In The Free World”, “Yellow Ledbetter”, même fin qu’à Amsterdam 2, dis donc vous pourriez faire un effort de setlist les gars ?! Feignasses !) et nous voilà repus. La soirée aurait pu se conjuguer au plus que parfait si on avait chopé un médiator de Mike McCready ou un tambourin d’Eddie mais ce soir on n’a pas le droit de se plaindre. Rien à changer dans cette soirée (aucun titre de Backspacer wouhouuuu !) qu’on donnerait cher pour revivre.
Friends Arena (Stockholm, Suède), 28 juin 2014
La suite se déroule en Suède, au Friends Arena, grand stade à proximité de Stockholm pouvant accueillir jusqu’à 65 000 personnes. On ne doit pas être loin du compte ce soir. Ce stade est flambant neuf, inauguré fin 2012, il avait vu le héros local, Zlatan Ibrahimovic terrasser l’Angleterre grâce notamment à un but d’anthologie dont il a le secret.
Contrairement à son icône sportive qui ne jure que par lui-même (et qui piétine insolemment la ligue 1 depuis deux ans), le suédois est poli, réservé, discipliné.
Alors quand il assiste à un concert de Rock&Roll, le suédois garde son sang-froid en toute circonstance. Pas un mot plus haut que l’autre et surtout pas trop d’agitation. A titre de comparaison, les hollandais se comportaient comme des hooligans ayant ingurgité 8 litres de bière à côté des suédois, c’est dire.
Je m’en veux d’avoir traumatisé cette pauvre jeune fille à côté de moi pour avoir osé entonner avec passion les paroles de “Release”. M’enfin merde quoi, une ouverture “Release” – “Sometimes”, ça se vit intensément, quitte à passer pour un fou à lier.
Après cela, le reste de la setlist sera somme toute assez classique (toutes proportions gardées, il s’agit d’un concert de Pearl Jam ne l’oublions pas). Surprenant tout de même que “Black” soit jouée si tôt dans le concert. Pas la meilleure idée qui soit, si je puis me permettre.
Eddie qui arbore un formidable t-shirt Mickey est en grande forme, dans la lignée du concert précédent. Et ses petits camarades ne sont pas en reste. Nous sommes cette fois du côté de Stone Gossard. Beaucoup moins démonstratif que son homologue guitaristique McCready, Stone est un peu le papa de la bande. Et un compositeur de génie ne l’oublions pas, c’est à lui qu’on doit bon nombre de grands morceaux du groupe, notamment « Animal » qui déménage toujours autant.
Toujours aussi prolixe (boire du pinard pendant 3h ça aide à s’ouvrir aux autres), Vedder s’essaie au suédois. Ce qui a toujours le don de plaire aux locaux. Nous on ne comprend rien mais on est contents.
On est même ravis d’entendre “Red Mosquito” qui laisse parler les grattes aux accents bluesy et dont ce sera l’unique interprétation durant cette tournée. Autre “événement” : le morceau “U”, pas vraiment inoubliable, il vient garnir nos stats de raretés. Un morceau que dix personnes ici doivent connaître dixit Vedder. Il y avait peut-être dix personnes (grand max) qui souhaitaient qu’elle soit jouée mais on doit quand même être un peu plus à posséder Lost Dogs.
La fin du set sera comme toujours des plus énergiques avec une “Spin The Black Circle” à décorner les bœufs (l’ode punk aux vinyles de Vitalogy) et “Rearviewmirror” qu’on commence à avoir l’habitude d’entendre mais dont on ne se lassera jamais (“je crois que c’est ma chanson préférée” me glisse ma dulcinée toute jouasse).
Après une courte pause, les six reviennent (oui, ils sont six. Il y a Boom Gaspard aux claviers, on n’a jamais bien compris à quoi il servait mais il est là.) Eddie aperçoit une pancarte “sign my shoe” et devant l’insistance du public (plus prompt à s’enflammer pour ça que sur certains morceaux…) demande à la dame de lui envoyer sa chaussure.
Taquin, il la balance au fond de la scène, lui demande de lui envoyer l’autre et fait de même. Avant d’entamer “Just Breathe”. Moins drôle la blague.
Comme ce n’est pas un méchant bougre, le père Vedder signera à la fin de ce morceau bien cheesy une des deux chaussures, filera la fin de sa bouteille à la dame avant de verser du pinard dans l’autre chaussure et de s’en abreuver. Gloups. Et voilà comment Pearl Jam se retrouve dans votre page d’accueil Yahoo.
Mais si on aime tant Pearl Jam, c’est plutôt (entre autres) pour sa capacité à nous surprendre à chaque concert. Et à se mettre à jouer acoustique “Oceans” par exemple, un des morceaux “oubliés” de Ten (avec “Garden”) qui ne mérite pas pareil sort. Grand moment. L’ensemble du premier rappel – 7 morceaux – sera d’excellente facture (formidable “Mother” qui fait honneur aux Floyd une fois encore).
Une version furieuse de “Do The Evolution” ouvre le second rappel. À réveiller les morts. Et même les suédois. Ces derniers montreront un véritable entrain sur “Better Man” et “Alive”, toujours parfaites pour l’ambiance. Les sourires sont sur toutes les lèvres, ça sent la fin. Mais il y aura d’abord une immense “Baba O’Riley” (je ne vous fais pas l’injure de préciser de quel groupe est ce morceau) et un atterrissage en douceur avec “Indifference” qui ne laissera JAMAIS personne indifférent.
“See you in ten years” nous confie Eddie, décidément d’humeur badine. Pour nous c’est dans un peu plus de 10 jours.
Alors là, j’en avais des frissons en lisant l’article, car on y était à Berlin !! A fucking concert !