Interview – Shannon Lay
L’écoute d’August, le troisième album de Shannon Lay, nous a été suggérée par Mikal Cronin. Merci à lui, car ce fut une belle découverte et l’un des plus beaux disques de l’année dernière, assurément. Nous avons donc eu envie de la rencontrer pour lui poser quelques questions. C’est dans la salle de concert de Petit Bain, alors qu’elle revenait d’un de ses magasins de vêtements préféré de la capitale, que nous avons eu le plaisir de discuter avec Shannon, qui s’est révélée aussi simple, accessible et chaleureuse que sa musique. (ENGLISH VERSION BELOW)
“Le nom [du disque, August] vient du mois où j’ai arrêté de travailler à côté, donc c’est à la base une lettre de remerciement à l’Univers pour m’avoir donné l’opportunité de me consacrer à la musique. (…) J’aime penser que c’est mon disque le plus joyeux à ce jour.”
Qui est Shannon Lay ?
J’ai grandi à Redondo Beach, en Californie, qui se situe à 40 minutes au sud de Los Angeles, et j’habite à L.A. depuis une dizaine d’années aujourd’hui. J’y ai déménagé après le lycée et j’ai rejoint un groupe grâce à ce site appelé Craigslist, sur lequel on peut vendre des trucs mais aussi poster des annonces. Sur ce site, j’ai trouvé un groupe qui s’appelait Facts On File. Je les ai rejoints, puis, ça a été une réaction en chaine. J’ai rejoint le groupe Raw Geronimo qui est devenu Feels, puis j’ai commencé à jouer seule et j’ai rejoint le groupe de Ty Segall. J’ai récemment quitté Feels et je vais encore faire une tournée avec Ty, puis je me consacrerai uniquement à mes trucs solo.
Vous avez sorti 3 albums en 3 ans, plus les tournées. Comment trouvez-vous le temps ?
C’est la troisième année où je ne fais que de la musique. Les deux premières années où je faisais mes trucs en solo, j’avais un travail à côté, et c’était difficile de trouver le temps. C’est cool de ne se consacrer qu’à la musique, car on ne décroche jamais vraiment, on avance sans cesse. C’est une question de consacrer son temps à ce qu’on aime, donc ça a été un choix assez facile à prendre. Et puis, je me calme un peu sur les tournées, car je veux privilégier la qualité à la quantité. Mais j’aime toujours prendre la route et jouer pour des gens.
Vous écrivez beaucoup, et vous avez donc beaucoup de morceaux en réserve, ou vous composez plutôt sur le coup ?
Le premier disque que j’ai sorti était constitué de beaucoup de morceaux que j’avais en réserve. Le deuxième, c’était un peu de morceaux en réserve mais plutôt des choses composées sur le moment. Et pour le troisième, tout a été écrit sur le moment. Je pense que j’avais beaucoup de matériel au départ, mais qu’il s’est épuisé petit à petit. J’écris surtout quand je suis sur la route, j’écris principalement des poèmes que je mets en musique quand je rentre chez moi. C’est amusant.
Votre précédent disque est sorti sur le label de Kevin Morby, je ne sais pas pour le premier, et celui-ci chez Sub Pop. Avez-vous senti une différence ? Plus de pression, peut-être ?
C’est mon ami Brian Lee Hughes qui a sorti mon premier album. Il a un label qui s’appelle Do Not Disturb, et c’est un label très Do-It-Yourself, très discret. Les gars de Sub Pop sont très souples. La principale différence est leur niveau de ressources, ils ont une équipe énorme. Quand je suis allé à mon premier rendez-vous avec eux, il y avait une grande table de réunion avec plein de gens qui me disaient que je pouvais y arriver ! Mais je suis contente d’en être arrivée là plutôt que d’avoir eu accès à ça dès le départ, parce que c’est vraiment cool de voir un peu comment tout fonctionne, et d’aborder les choses de façon plus décontractée. Et maintenant, je vais pouvoir prendre mon temps pour écrire le prochain album, et ça fait du bien. Ça me plait.
Ça n’a donc pas impacté votre manière de travailler ?
Je crois que le plus gros changement, c’est le rythme. Avant, je ressentais beaucoup de pression, je me disais « j’ai cette opportunité, il faut que je le fasse. » Mais maintenant, je peux prendre mon temps, je n’ai pas à me presser.
Alors c’est mieux, et plus confortable, en fait.
Oui, je le crois.
Votre dernier disque parlait de la mer. Quel est le thème de celui-ci ? Le nom vient du mois où j’ai arrêté de travailler à côté, donc c’est à la base une lettre de remerciement à l’Univers pour m’avoir donné l’opportunité de me consacrer à la musique. La majorité du disque est une réflexion sur comment et où on passe son temps. Il y a comme un fil conducteur, mais je pense que dans l’ensemble, il y a de nombreuses émotions différentes. J’aime penser que c’est mon disque le plus joyeux à ce jour.
Vous écrivez des poèmes. Est-ce différent de vos paroles ?
Je ne laisse jamais ce que j’écris vivre pour soi. En général, je le mets en musique. Mais j’y pensais, et je me disais que ce serait cool de publier mes paroles à un moment. Peut-être quand j’aurai 50 ans, je sortirai un livre avec tout ça.
Vous pourriez avoir un prix Nobel.
Oui, peut-être ! (rires)
“Je me remets à peine à découvrir de la nouvelle musique et c’est vraiment l’éclate. Toutes les personnes que je rencontre, je leur demande sans arrêt « tu écoutes quoi ? » car il y a tellement à découvrir !”
Quelles sont vos influences ?
Tout. J’ai tellement de phases différentes avec la musique, d’un jour à l’autre, même d’une heure à l’autre. Sur cette tournée, je n’écoute que Sibylle Baier (NdR : dont le disque Colour Green, dans un style proche de celui de Shannon Lay, est une merveille) et Milton Nascimento, ce brésilien incroyable… Je pense qu’en ce moment, je suis très intriguée par la simplicité et ce qu’on peut construire autour. Du coup, c’est vraiment sympa de voir comment d’autres le font. J’ai écouté le dernier album que Jessica Pratt a sorti, il est si simple, mais il se tient avec tellement de force et d’intégrité… Oui, en ce moment, je suis impressionnée par la complexité de la simplicité ! (Rires)
Et quand vous avez commencé ?
J’ai eu tellement de phases. Les premiers groupes qui m’ont vraiment fait aimer la musique, c’était le Velvet Underground et X, le groupe de punk américain, Bob Dylan et… Björk était une grosse influence, c’est toujours le cas d’ailleurs… Tu vois, le terrier de lapin quand on entre à peine dans l’océan musical ! (Rires)
Là où il faut errer un peu avant de trouver exactement ce qu’on aime…Oh, oui ! (rires)
Certains errent plus longtemps et plus loin que d’autres !
Bien sûr, oui ! Il y a tellement de choses à écouter. Je me remets à peine à découvrir de la nouvelle musique et c’est vraiment l’éclate. Toutes les personnes que je rencontre, je leur demande sans arrêt « tu écoutes quoi ? » car il y a tellement à découvrir !
Vous aviez arrêté ?
Je n’ai plus voulu écouter de musique pendant bien 3 ans ! À peu près quand j’ai commencé à jouer en solo. Je pense que je n’étais pas heureuse ! Je ne sais pas si c’était 3 ans, ça me parait long. Disons au moins un an. Je ne sais pas, la musique m’avait quittée. Elle m’échappait. Et puis, je l’ai retrouvée ! (Rires) Je jouais, mais je n’écrivais pas. Je ne créais pas, je ne faisais que m’exprimer, ce qu’on peut prendre à tort pour de la créativité, mais je pense qu’il n’y a pas de créativité sans création. Donc ça m’était passé. Mais dès que je me suis remise à créer, j’ai commencé à vouloir de nouveau écouter de la musique.
Feels et Ty Segall font de la musique énergique, alors que votre musique est plutôt calme. Comment liez-vous les deux ?
J’aime les deux genres, les deux aspects. J’aime être extravertie sur scène, et j’adore être introvertie sur scène, donc je pense que j’aurai toujours besoin d’avoir les deux dans ma vie. Pour le moment, j’apprécie énormément de faire mes trucs à moi car j’ai fait beaucoup de trucs pour Ty depuis un moment, et ça fait du bien d’y revenir. Mais au bout d’un certain temps, je sais que j’aurai vraiment envie de m’éclater et de péter les plombs sur scène ! (Rires)
De la même manière, que pensez-vous d’être sur le devant de la scène ou d’être dans le groupe de quelqu’un d’autre ?
Oh, c’est très marrant ! J’ai à peine commencé à travailler avec d’autres musiciens pour jouer mes trucs solo, et c’est vraiment étrange d’être dans une position de leader car j’adore la démocratie du groupe. Je pense que la différence principale, c’est d’avoir l’autorité, de devoir porter la culotte. Mais j’aime beaucoup donner mon avis, j’adore demander aux autres ce qu’ils pensent, avoir des perspectives différentes, donc je pense que j’adore cet aspect dans les deux situations. C’est comme si les esprits se mélangeaient.
Le groupe de Ty Segall est-il collaboratif ?
Il a plutôt tendance à nous dire quoi jouer, mais il ne nous fera pas un scandale si on apporte notre petite touche. C’est très fun, oui.
“On ressent une forme de pression à sortir des choses pour rester d’actualité. Mais je pense que c’est un équilibre subtil entre laisser les gens digérer et les nourrir à nouveau. Il faut gérer ça de façon créative. Cette année, j’aimerais faire quelque chose comme un album de reprises ou un disque live.”
Lou Barlow nous disait (ici) qu’être dans Dinosaur Jr. était très confortable comparé à Sebadoh qui est plus démocratique, car c’était moins compliqué de se mettre d’accord.
Ah oui ? Oui, je suis plutôt d’accord. Des fois, j’adore juste être en mode « ok, je suis branchée, tu veux que je fasse quoi ? ». (Rires) Et Ty est un leader incroyable, il a vraiment la tête sur les épaules.
Y a-t-il une différence entre les concerts aux États-Unis et en Europe ?
Je pense que la plus grande différence, c’est que les gens ici sont très disposés à écouter. Ils vont au concert sans savoir quoi que ce soit sur toi et ils te consacrent toute leur attention. C’est plus rare que ça arrive aux États-Unis. Je pense qu’il faut travailler un peu plus dur pour que les gens restent concentrés. Ici, les gens ont l’air d’avoir très envie d’essayer quelque chose, de l’écouter et de donner leur opinion. Un peu comme un forum ouvert. La barrière de la langue est délicate, ceci dit, parce que j’aime parler pendant mon set et parfois, ça ne passe pas… donc il faut que je m’arrête ! (Rires)
Pourtant, je pense que les européens qui écoutent surtout de la musique américaine ont généralement un bon niveau d’anglais…
À Bruxelles, hier, personne ne comprenait ce que je disais, donc j’ai dû me taire ! (Rires)
C’est étrange, vu que les belges parlent 2 langues, je pensais qu’ils étaient doués en langues étrangères.
Je n’étais peut-être juste pas drôle, c’est tout à fait possible ! (Rires)
Avez-vous des salles ou des villes préférés ?
Je suis tombée amoureuse d’Oslo. Si tu n’y es jamais allé, c’est un endroit incroyable. La salle aussi, mais j’ai oublié le nom (NdR : Ingensteds, après vérification). J’adore toujours venir à Paris. Le Portugal aussi mais on n’y va pas sur cette tournée, malheureusement… L’Allemagne, c’est toujours génial. On a fait 4 concerts là-bas, je n’en avais joué autant dans ce pays. Mais j’adore jouer dans n’importe quel lieu qui sort de l’ordinaire, comme une église bizarre ou un musée.
Il y a une salle à Amsterdam qui était une ancienne église. Paradiso.
Oh, on y a joué ! (Rires) Enfin, pas là, ils ont plusieurs salles, en fait. J’adore Amsterdam. Oh mon Dieu, je me suis vraiment éclatée là-bas, cette fois…Le bon vieux joint ! (Rires)
C’est peut-être un problème local, mais il y a de plus en plus de DJs et de moins en moins de groupes qui jouent à Paris. C’est quelque chose que vous avez remarqué ailleurs ?
Non, pas du tout. Mais comme je vis à L.A., il y a des salles partout. Il y a toujours des tonnes de trucs tout le temps, et en général, ce sont des groupes. Mais je vois effectivement de plus en plus de choses inhabituelles, comme du jazz ou des groupes de musique africaine où ils sont 10 sur scène, des trucs étranges et géniaux. Mais toujours des groupes ! Ceci dit, peut-être que les DJs sont moins chers.
Oui, c’est une raison. Et les politiques locales sur le bruit.
Ah oui, c’est très strict, ici. Alors, tu fais du DJing ? (Rires)
Non, moi je suis plutôt pour les groupes, en fait. Du coup, je suis triste.(Rires) J’imagine que ça arrive partout. Je suis sûre que c’est le cas à Berlin. Les villes les plus grosses, tu vois. Et puis, c’est complètement ancré dans leur culture. Cette question des DJ est fascinante. C’est très terre à terre. Mais il faut qu’il y ait des groupes, allons ! C’est une énergie complètement différente.
Quels sont vos projets dans un avenir proche ?
Je vais moins tourner pour pouvoir écrire mon prochain album. J’ai un bon stock de chansons, je vais continuer et avec un peu de chance enregistrer cette année. J’espère pouvoir sortir quelque chose l’année prochaine. Mais c’est la première fois que je prends plus ou moins mon temps ! Je suis super contente.
Vous aussi, vous avez eu l’impression que « les groupes ont une éternité pour sortir leur premier album et juste quelques jours pour sortir le second » ?
Je pense, notamment avec la manière dont fonctionne la musique actuellement, qu’il faut rester à la surface, rester pertinent, car tout bouge très vite. Donc on ressent une forme de pression à sortir des choses pour rester d’actualité. Mais je pense que c’est un équilibre subtil entre laisser les gens digérer et les nourrir à nouveau. Il faut gérer ça de façon créative. Cette année, j’aimerais faire quelque chose comme un album de reprises ou un disque live. Du genre, c’est sympa, mais ce n’est pas la totale. C’est beaucoup de pression, ceci dit, parce que tu veux simplement garder ton élan. Et puis, il faut aussi garder l’attention des gens, j’imagine. Mais si la musique que tu sors est très bonne, elle parlera d’elle-même.
Interview réalisée par Blackcondorguy
Merci à Shannon Lay pour sa gentillesse et sa disponibilité ainsi qu’à Florian Leroy pour l’organisation de cette interview.
// ENGLISH VERSION //
Who’s Shannon Lay ?
I grew up in Redondo Beach, California, which is about 40 minutes south of Los Angeles proper, and I’ve been in L.A. for a decade, now. I moved there after high school and joined a band from this website called Craigslist, where you can sell stuff but also post ads, so I went on there and found a band called Facts On File, I joined them and it was just like a chain reaction from there. I joined a band called Raw Geronimo and they became Feels. Then I started playing solo, then I joined Ty Segall’s band, I left Feels recently and now I’ll do one more tour with Ty and I’ll just do solo stuff.
You released 3 albums in 3 years, while touring. How do you find the time?
This is the third year that I’m just doing music. The first 2 years when I was doing my solo stuff, I had a day job, and it was hard to find the time. It’s cool to just do music because you don’t really ever clock out, you just go and go. It’s just a matter of “you’ve got to spend your time doing what you enjoy”, so it’s been really easy to figure it out. Also, I’m kind of pumping the brakes on touring, because I want to do quality over quantity now. I still love getting on the road and playing for people.
Do you have a lot of stuff written at all times or do you write on the spot?
With the first record I put out, it was a lot of backlog stuff. The second was a little bit of backlog, but mostly written in the moment, and the third one is all written on the moment. I think I had a lot to begin with, and now I slowly kind of widdled it down. I write the most when I’m on the road, I mostly write poetry and then I’ll go home and put stuff to music. It’s fun.
You released your last record on Kevin Morby’s label, I don’t know about the first one and the new record is on Sub Pop. Is there any difference in the way you work with them? More pressure?
The first one was released by my friend Brian Lee Hughes, he has a label called Do Not Disturb Records, and it’s like very DIY, very low low. Sub Pop’s very flexible. The main difference is the amount of resources, they have such a big team and when I went to my first meeting with them it was like this boardroom table and people all telling me I can do it! But it’s nice to have grown into that instead of jumped into that, because it’s really cool to just kind of see how everything works, and be so casual about things. And now, I’m gonna just take my time writing the next one. That feels really cool. I like that.
So it didn’t change how you work at all?
I guess the main change will be the pacing. Before, I felt very pressured, like “I’ve got this opportunity, let me get this done”, but now I can take my time, I don’t have to rush it.
So if anything, it’s a good thing, and more comfortable.
Yeah, I think so.
The last record was mainly about the sea. Is there an underlying theme on August?
The name comes from the month I quit my day job, so it’s basically a thank you note to the universe for giving me the opportunity to just do music. A lot on this is kind of reflecting on that and reflecting on how and where we spend our time. There’s like a common thread, but I think for the most part it’s a lot of different emotions. I like to think it’s the most joyful record I’ve made so far.
You write poetry. Is it different from your lyrics?
I’ve never let it stand on its own. Usually, I’ll just put them to music. But I was thinking about it, it would be cool to publish the lyrics at some point. Maybe when I’m 50, I’ll put out a book of all that.
Maybe you’ll get a Nobel out of that.
Yeah, maybe (laugh)!
What are your influences?
Everything. I go to such different phases with music, day to day, hour to hour. This tour, I’ve been listening to nothing but Sibylle Baier and Milton Nascimento, this amazing Brazilian guy…I think at the moment, I’m really intrigued by simplicity and how it can be elaborated upon. So, it’s been really nice to see how the people do that. I listened to Jessica Pratt’s last record that she put out, and it’s so simple but it carried itself with so much strength and integrity…Yeah, at the moment, I’m impressed with the complexity of simplicity. (laugh)
And when you began?
I had so many phases. The first couple of bands that really got me into loving music were like The Velvet Underground and X, the American punk band, Bob Dylan, and…Björk was a huge influence, still is…you know, the rabbit hole when you just enter into the musical ocean! (laugh)
Where you have to wander a bit before you find exactly what you love…
Oh yeah! (laugh)
Some of us wander longer and way further than others!
Of course, yeah! There’s so much to hear. I’m just getting back into discovering new music, and it’s so much fun. Everyone I meet, I just constantly ask “what are you listening to ?” ‘cause there’s just so much out there!
You just got back to that?
I just didn’t want to listen to music for like a good 3 years! Kinda when I started my solo stuff. I think I was unhappy ! I don’t know if it was 3 years, that seems like a long time. Let’s say at least a year. I don’t know, the music had left me. It was like eluding me. And then I found it again ! (laugh) I was playing but I was not writing. I was not creating either. I was just expressing, which you can trick yourself into thinking that’s creativity, but I think the creating aspect is like the key. So I kind of fell out of it. But once I started creating again, I started wanting to hear music again.
Feels and Ty Segall play high energy music, while your solo stuff is very quiet. How do you feel about this?
I love both genres, aspects. I like being extraverted on stage and I love being introverted on stage, and I think I’ll always have to have both in my life. At the moment, I’m really, really enjoying doing my solo stuff because I’ve been doing a lot of Ty stuff for a while and it feels nice to come back to it. But eventually, I’ll be achin’ to have a great time and go nuts on stage ! (laugh)
Also, how do you feel about fronting as opposed to being in someone else’s band?
Oh man, it’s really fun! I just recently started working with other musicians, playing with my solo stuff, and it’s very strange being in a leadership position because I do really like the democracy of a band. I think the main difference is having the authority, pants that you have to put on. But I really enjoy offering my opinion, I love asking people what they think, having different perspectives, so I think in both scenarios, I love that about it. It’s like the minds come melding.
Is Ty Segall’s band collaborative?
He is more “play this”, but he’s not gonna knock you if you put your own spin on it. It’s very fun, yeah.
During an interview with Lou Barlow, he said that being in Dinosaur Jr and having a leader was very comfortable compared to the more democratic Sebadoh, since it’s more challenging to find a middle ground as opposed to playing what you’re asked to.
Oh yeah? Yes, I would agree with that! Sometimes, I just love being “okay, I’m plugged in, where do you want me? (laugh) And Ty is an amazing leader, he’s got a good head on his shoulders.
Is there any difference between touring the US and touring Europe?
I would say the main difference is people are so willing to listen, here. They’ll walk in not knowing anything about you and give you their full attention. And it’s more rare for that to happen in the US. I think you have to work a little harder to keep people focused. Here, everybody seems so willing to try something, hear something and offer their opinion. It feels like an open forum in a way.
The language barrier is trippy because I like to talk during my set, and sometimes it doesn’t…so, you know, I have to stop! (laugh)
I’d think European people who mostly listen to American music are usually good with English.
In Brussels, yesterday, no one knew what I was saying, so I had to stop talking! (laugh)
Weird, Belgians having to learn 2 languages from the start, they should be good with foreign languages…
I might just have not been funny, it’s very possible! (laugh)
Do you have favorite venues or cities to play?
I fell in love with Oslo. If you ever been there, it’s an incredible place. The venue too, but I forgot what it’s named. I always love coming to Paris. Portugal, I always love going to. We’re not going on this tour, unfortunately…Germany is always really amazing. We had 4 shows there, which was the most shows I ever played in Germany. But I love playing anything that’s unconventional, like a weird church or museum.
There’s a church turned venue in Amsterdam, called Paradiso.
Oh, we played there! (laugh) But we didn’t play the church, they have a couple venues, actually. I love Amsterdam. Oh my God, I had so much fun there this time…Big old doobie! (laugh)
Maybe it’s a local problem, but there is more and more DJing in Paris, and a lot less instrumental music. Do you feel it elsewhere too?
I haven’t felt that, no! I think living in LA, it’s just overrun with venues. There’s tons of stuff going on all the time, and it’s usually bands. But I definitely see more different stuff coming around, like Jazz or a crazy 10 piece African band, some weird, awesome stuff. Still bands! But maybe DJs are cheaper.
That’s the reason, yeah. That, and local noise policies.
Yeah, it’s really strict, here. So, are you DJing, or what? (laugh)
No, I’m more into live bands, actually. So I’m sad.
(laughs) I bet it’s happening everywhere. I bet it happens in Berlin. The bigger cities, you know. And it’s totally more in their culture. It’s fascinating. I guess it’s very practical. But you gotta have the bands, come on! It’s totally different energy.
What’s next for you?
I’m gonna tour less so that I can write my next record. I’ve got a good amount of songs, I’m gonna keep going and hopefully record later this year. I hope I can release something next year. But it’s my first time kind of taking my time with it! So I’m excited.
Did it feel like the good old “bands have forever to release their first record and just days to release the second”?
I think especially with the way the music works these days, you have to stay above water, to stay relevant, because everything moves so fast. So it does feel a little bit pressured to keep things out there. But I think it’s this fine balance to let people digest and them feed them again. You gotta get creative with stuff like this. This year, I wanna do like a cover record or release a live record. Like, this is fun, but it’s not the big shebang. It is a lot of pressure, though. Just because you want to maintain that momentum. And you have to keep people interested, I guess. But if you’re putting out really good work, it’ll speak for itself.
Blackcondorguy
Many thanks to Shannon Lay for her kindness and patience & to Florian Leroy for making this interview possible.