Interview – Chokebore

Publié par le 21 février 2021 dans Interviews, Notre sélection, Toutes les interviews

On ne l’avait certainement pas oublié, mais la réédition du fantastique A Taste for Bitters nous a permis de réécouter plus que de raison ce quatuor trop sous-coté qu’était Chokebore. Un groupe essentiel des 90s, au son finalement assez unique, porté par un chanteur-guitariste aussi réservé que charismatique. Troy von Balthazar, qui œuvre brillamment en solo depuis 2005, a accepté de se replonger pour nous 24 ans en arrière, non sans un brin de nostalgie.

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“Un matin, j’ai mis par erreur « Bela Lugosi’s Dead » de Bauhaus à la mauvaise vitesse. Ce moment m’a affecté. Cette chanson sonnait tellement bien au ralenti ! J’ai tout de suite voulu composer ce genre de musique.”

Vous avez enregistré A Taste for Bitters avec Peter Deimel au Black Box. C’était la première fois que vous enregistriez en France. Tu as de bons souvenirs de cette session ?
Oui. J’ai des souvenirs incroyables de ce studio. Le Black Box est un endroit fantastique et Peter Deimel un génie. On se sentait très libres et loin des obligations de nos vies personnelles. On a adoré enregistrer dans la campagne, à proximité d’Angers, et le studio Black Box est équipé de matériel analogique incroyable. C’était vraiment le paradis ! J’étais très ouvert, je voulais tout essayer. Je m’intéressais vraiment de très près au son. Je me souviens m’être assis juste à côté des énormes enceintes du studio pour écouter les morceaux et j’ai ressenti un sentiment magique. Je me disais que c’était de la vraie musique !

Quel était l’objectif en arrivant au studio ? Essayer de conserver un son très brut ?
Pas vraiment brut. Un son 100 % Chokebore ! C’est vraiment ça qu’on souhaitait. Je réfléchis toujours en ces termes. La musique devrait rester pure et sonner comme elle est ressentie intérieurement par une personne, ou par plusieurs. Pas comme un reflet ou la copie d’autres groupes, on voulait absolument éviter ça. En faisant cet album, on a essayé quelques idées marrantes au studio : mettre des micros dehors, enregistrer des voix dans nos téléphones, jouer avec la guitare à l’envers, ne pas utiliser les bons instruments… Bref, expérimenter. C’est ce qui fait un bon enregistrement : explorer et expérimenter.

Il est sorti en 1996. L’indie rock et le grunge étaient beaucoup moins au centre des attentions que quelques années auparavant. Ressentiez-vous des doutes au sein du groupe par rapport à la musique que vous jouiez ?
On n’a jamais eu le moindre doute par rapport à la musique qu’on jouait. On n’a jamais été influencés par d’autres groupes, jamais cherché à être populaires. On souhaitait simplement enregistrer de la musique de qualité et donner des concerts. On ne craignait absolument pas les réactions des uns et des autres.

Cette période correspond-elle à des jours sombres et difficiles pour toi ? « Days of Nothing » sonne vraiment comme une chanson que tu aurais pu composer des années plus tard quand tu as entamé ta carrière solo, elle est extrêmement triste et mélancolique. Reflète-t-elle ton état d’esprit d’alors ?
J’ai écrit ce morceau en revenant d’une longue tournée. On avait fait une pause de dix jours à Amsterdam. Un matin, alors qu’on écoutait des vinyles dans l’appartement d’amis à nous, j’ai mis par erreur « Bela Lugosi’s Dead » de Bauhaus à la mauvaise vitesse. Je ne me souviens pas tant que ça de ces quelques jours, mais je me rappelle que ce moment m’a affecté. Cette chanson sonnait tellement bien au ralenti ! J’ai tout de suite voulu composer ce genre de musique. Quand on est rentrés en Californie, j’ai pris mon petit 4-pistes et j’ai enregistré « Days of Nothing » en une après-midi, et le résultat était parfait. Cette idée de morceau extrêmement lent et lourd trottait dans ma tête depuis un moment.

On n’a jamais gagné d’argent, ni avec les concerts, ni avec les ventes de disques. (…) Nous sommes rentrés chez nous sans un sou en poche, mais en ayant vécu tout un tas d’aventures que je n’oublierai jamais. (…) C’était un rêve devenu réalité, et il continue.

© Flavie Durou

Vous avez ouvert pour des groupes comme Nirvana, Deftones, Tool… Vous êtes-vous déjà dit que Chokebore était passé à côté de quelque chose ou pensez-vous que votre son n’était pas adapté à un plus grand public ?
J’ai toujours pensé qu’on aurait pu connaitre plus de succès, mais que ce n’était pas directement lié à notre musique. Ce qui contribue principalement au succès d’un groupe, c’est le business. On a toujours pensé en premier lieu à la musique. On a travaillé à un moment avec une grosse boîte de management à Los Angeles, qui s’occupait aussi des Beastie Boys, de Hole, Beck, etc. Quand on leur a fait écouter A Taste for Bitters, la fille nous a dit : « On dirait une démo. » J’ai su tout de suite qu’on ne pourrait pas continuer à travailler ensemble. Mais ça ne nous dérangeait pas. On pensait uniquement à faire de la bonne musique. Tout simplement.

En parlant de l’aspect business, j’ai l’impression que A Taste for Bitters a bénéficié de plus de promotion que vos autres albums, du moins ici en France. Plus d’articles dans la presse, plus de concerts, une apparition à Nulle Part Ailleurs sur Canal +, le clip de « A Taste for Bitters » diffusé quasi toutes les semaines dans Best of Trash sur M6, etc. Aviez-vous l’impression d’être mieux entourés à ce niveau-là à l’époque ? Cet album s’est-il mieux vendu que les autres ? Et quel souvenir gardes-tu de ce passage à la télévision française ?
Je m’en souviens bien. On était en pleine tournée, on donnait des concerts tous les soirs, donc jouer sur un plateau de télé ne nous stressait pas du tout. Je ne connaissais pas l’émission, je pensais qu’elle était diffusée sur une petite chaine à faible audience. On attendait derrière le rideau juste avant de jouer, et un gars qui travaillait pour la chaine m’a demandé : « Tu as le trac ? » J’ai répondu que non, et il m’a dit : « Tu devrais, vous allez jouer devant six millions de personnes. » Puis le rideau s’est ouvert et on nous a poussés sur scène. Arrivé devant le micro je stressais à mort ! Heureusement, dès qu’on a commencé à jouer, la magie de la musique a fait son effet, j’ai instantanément oublié le public, les téléspectateurs, les caméras, et ce cinglé derrière le rideau. Niveau business et promo, cette tournée et la sortie de cet album ne m’ont pas semblé différentes. Je ne savais pas que notre clip était diffusé ni que la promo avait été plus importante. On n’a jamais gagné d’argent, ni avec les concerts, ni avec les ventes de disques. Comme après toutes les précédentes tournées, nous sommes rentrés chez nous sans un sou en poche, mais en ayant vécu tout un tas d’aventures que je n’oublierai jamais. Tous ces gens rencontrés, ces pays visités dans lesquels nous avons pu jouer notre musique tous les soirs… Il n’y a rien de mieux. C’était un rêve devenu réalité, et il continue.

A Taste for Bitters est aussi votre dernier album sorti chez Amphetamine Reptile. Le label était encore actif en 1998, pourquoi ne pas avoir travaillé avec eux pour le suivant, Black Black ?
Il est sorti chez Boomba Records (NdR : en Europe, mais aux États-Unis sur Punk In My Vitamins, label d’Olympia, WA), une structure dirigée par Anthony X. Martin, qui distribuait AmRep en Europe. En fait, on peut dire qu’en Europe, AmRep c’était lui, il s’occupait de la promotion de tous les groupes du label. C’était quelqu’un avec qui on adorait travailler. Il était aussi booker et avait été le premier à nous faire tourner en Europe quelques années auparavant sur le Clusterfuck tour (NdR : En 1994, avec Guzzard et Today Is The Day). Il nous a trouvé des concerts partout, de la Sicile à Sarajevo. On a tourné en Norvège, en Pologne, en Espagne, en Finlande et un peu partout ailleurs. C’était une époque formidable. On était jeunes, la tête remplie de musique, et toujours prêts pour l’aventure.

Être entouré des membres du groupe t’a-t-il aidé à progresser en tant que musicien et compositeur ?
Oui. Beaucoup ! James (Kroll) à la basse et Jon (Kroll) à la guitare sont tous les deux d’excellents compositeurs. On apportait tous des bouts de morceaux en répétition et on les assemblait ensemble. C’est ce qui faisait la force de Chokebore. Je leur faisais confiance et ils me renvoyaient la pareille. Nous avons une grande connexion musicalement.

T’arrive-t-il d’écrire des chansons et de penser qu’elles pourraient faire de bons morceaux de Chokebore ?
Oui, parfois. Je pense notamment à « Enemies » (NdR : sur l’EP Sweet Receiver, en 2001) ou « Coco » (NdR : sur …Is with the Demon, en 2012). Elles auraient pu être de bonnes chansons de Chokebore.

Réécoutes-tu régulièrement tes anciens disques ?
Non. Ça m’est insupportable ! C’est trop personnel pour moi. J’aime les sensations que j’éprouve en composant, enregistrant et en jouant de la musique, mais je n’aime pas entendre ma musique. Je me souviens avoir rendu visite à un ami musicien à Berlin. Il avait des posters de lui sur ses murs et son album sur la platine ! Je me suis dit qu’il était fou et incroyablement imbu de lui-même. Je crois que c’est tout le contraire pour moi. Je ne suis pas un grand fan de ma personne.

As-tu tout de même écouté cette réédition ?
J’ai écouté certaines parties de quelques morceaux. Juste pour m’assurer que le mastering sonnait bien.

Quel est ton avis aujourd’hui sur cet album ?
Je ne peux m’empêcher de repenser à tous ces souvenirs de composition et d’enregistrement, car il s’agit pour moi d’un véritable enregistrement.

“Je ne suis pas certain que Chokebore enregistre quoi que ce soit de nouveau un jour. Si nous le faisons, je serai heureux. Si ce n’est pas le cas, je serai heureux en pensant à ce que nous avons accompli.”

Aviez-vous envisagé une tournée de reformation pour accompagner la réédition de A Taste for Bitters ?
S’il n’y avait pas eu le virus, on aurait pu essayer de monter une tournée pour cette réédition. Mais il est arrivé et il est devenu assez clair que rien ne serait envisageable, on a donc laissé tomber l’idée.

C’est ce qui te manque le plus avec le groupe : jouer sur scène ?
Les mecs du groupe me manquent ! Ils sont comme des frères. Ce qui me manque aussi, c’est de ne plus avoir personne à qui demander « ça sonne bien ? ». Aujourd’hui, je suis obligé de répondre moi-même à cette question. Or il est plus difficile de répondre à ses propres questions ! Jouer en concert avec Chokebore me manque également beaucoup, oui. On dégageait une très forte énergie ensemble.

Mis à part la distance, puisque tu vis en France, et plus récemment la crise sanitaire, qu’est-ce qui vous a empêchés de retravailler ensemble depuis Falls Best en 2011 ? Peut-on espérer un jour un nouvel EP ou album de Chokebore ?
Les cinq albums de Chokebore continuent de vivre leur vie, des gens les apprécient toujours. Comme je l’ai dit, les autres membres du groupe me manquent, et j’aimerais jouer et composer de nouveau avec eux. Mais tout dépend d’où chacun de nous en est dans sa vie et de s’il est possible de nous réunir. Certains d’entre nous ont désormais des enfants et de nouvelles obligations. Pour être un bon groupe, un bon musicien, un bon compositeur, il faut pouvoir tout donner. Tout son temps et tout son amour. J’ai toujours pensé que si Chokebore était un bon groupe, c’était parce qu’on répétait énormément. Après chaque longue tournée, on prenait cinq jours de vacances, puis on se remettait au boulot, on répétait cinq jours sur sept. Pour qu’un groupe fonctionne, il faut un but commun, le même degré d’implication de la part de tous les musiciens. Aujourd’hui, je m’implique de la même façon que je le faisais pour Chokebore dans ma musique ou lorsque je produis d’autres artistes. Je suis toujours ce même gamin qui pense sans cesse à de nouveaux sons, à sa prochaine chanson. Je suis toujours un amoureux de musique. Je ne suis pas certain que Chokebore enregistre quoi que ce soit de nouveau un jour. Si nous le faisons, je serai heureux. Si ce n’est pas le cas, je serai heureux en pensant à ce que nous avons accompli.

Tu es quelqu’un de solitaire, pas particulièrement friand de lieux fréquentés. As-tu trouvé de la paix durant le confinement et cette période étrange que nous vivons ou était-ce davantage une source de stress ?
Je n’aime pas voir les gens souffrir, le confinement ne m’a donc apporté aucune paix. Il est vrai que je n’ai jamais aimé les endroits fréquentés et j’aime passer du temps seul. Mais c’est parce que j’ai de la musique en moi. Ça a été un réconfort durant toutes ces années, je peux toujours compter là-dessus, elle est toujours présente. J’ai en permanence trois chansons, à moitié écrites, qui attendent que je les enregistre. Qui me rejoignent dans mes rêves, quand je marche, quand je conduis. Elles viennent toujours à moi, et je les accueille avec un petit sourire.

Ton nouvel album solo est en route ?
Oui. J’ai écrit de nombreuses chansons et je suis en train de les enregistrer. Je suis excité ! Elles sonnent comme si une planète explosait dans le ciel et que le feu retombait comme de grandes vagues chaudes sur mon visage. L’album sortira en août chez Vicious Circle.

Propos recueillis par Jonathan Lopez et Olivier Drago

Interview à retrouver également dans new Noise #56 (février-mars) actuellement en kiosques.

Merci à Troy von Balthazar et à Guillaume de Vicious Circle

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// ENGLISH VERSION


You recorded A Taste For Bitters with Peter Deimel at Black Box. It was the first time you recorded in France. Do you have great memories of this recording session?
Yes. I have amazing memories of this studio. Black Box studio is a wonderful place and Peter Deimel is a genius. At that moment we felt very free and far away from our normal life. We loved recording in the country in outside of Angers. Black Box studio has incredible analog gear so we were in paradise. My mind was open and I wanted to try everything. I was so interested in the sound. I remember sitting and listening so closely through the big studio speakers at the songs and getting a magical feeling. I could tell is was real music.

What was your main goal? To have a raw sound?
Not raw really. Just 100% Chokebore sound. That is what we always were thinking about. I still feel this way. Music should be kept pure and sound like the inside of the person, or people. Not a reflection or copy of other projects. Not for us. While making this album we were trying fun ideas in the studio. Putting microphones outside, recording voices through telephones, playing with the guitar upside down, using the wrong instruments, etc. Experimenting. That’s the joy of good recording, to explore and experiment.

It was released in 96. Indie rock/grunge was way less trendy than a few years back. You had doubts at that period of time regarding to the music you were playing?
We never had any doubts about our music soundling like Chokebore. We never spent one day wondering how the music other people were making would impact us, or trying to be “trendy”. We jst wanted to record something really good and play concerts. There was no time to be afraid.

Those were darker days? The song « Days of Nothing » really sound like a song you might have done many years later when you started your solo career. And it’s very sad, melancholic. Did it reflect your state of mind?
I wrote this song after returning from a long tour. At the end of this tour we had 10 days off in Amsterdam. We were in a friends flat listening to vinyl one morning when I accidentially put on the Bauhaus song “Bela Lugosi’s Dead” on half speed. I dont remember much about that trip but I remember that moment affected me. The song sounded so good in slow motion. I instantly wanted to make music like that. I think it afftected my writing in Chokebore. When we returned to California I took my little cassette 4-track and recorded “Days of nothing” in an afternoon. It sounded just right. This idea of super slow and heavy was in my mind from that moment.

You opened for bands like Nirvana, Deftones, Tool… Have you already thought that Chokebore could have been bigger or do you think your sound was not adjusted for a larger audience?
I always thought we could have been bigger but that it wasnt so directly related to the music. So much of what makes a band famous is in the business. We always kept our music first. At one point we worked with a big management company in Los Angeles. They also had The Beasty Boys, Hole, Beck, etc. I remember when we let them listen to “A Taste For Bitters” the lady said “it sounds like a demo” At that moment I knew we couldnt continue to work together. But we didn’t mind. We were just thinking about making good music. Simple.

Speaking of business, It seems to me that of all your albums, “A Taste For Bitters” has been the most heavily promoted, at least here in France. More press, a live appearance on the TV show Nulle Part Ailleurs, some concerts, and the clip for “A Taste For Bitter” broadcasted almost systematically on the weekly show “Best Of Trash” on M6. Did you feel better surrounded at that level at the time? Is “A Taste For Bitters” your best-selling album? What memories do you have of the filming of the clip and of this appearance on French television?
I remember the filming of Nulle Part Ailleurs on Canal Plus. We were on tour at that time, playing every night, so we were not very nervous about a TV promo. I didn’t know the TV show. I thought it was a small station and a small broadcast.
Just as we were about to perform we were standing behind the curtain and a man who worked at the place came to me. He said “ Are you nervous?” I shook my head “No”. He smiled, and said “You should be nervous, you are about to play live to 6 million people”.  At that moment the curtains opened and we were pushed on the stage on live TV. By the time I got to the microphone I was nervous as hell. Luckily I quickly forgot about the world, the camera, and that crazy man behind the curtain as the music began.
In general we didn’t feel anyting different on that tour or album regarding the business. We didn’t know our video was being played or there was more promotion, etc. We never made any money from the tours or album sales. Like all the other tours we went home with almost zero. What we got were so many amazing experiences that I will never forget. Meeting people and playing music every night in different countries. There is nothing like this. It was my dream, and it continues.

A Taste For Bitters is also your last album released on Amphetamine Reptile. In 1998, AmRep was still active, why didn’t you work with them for Black Black?
We released the next album (Black Black) on Boomba Records. It was owned by a man names Anthony X. Martin. He was the distributer for AmRep in Europe. He basically was AmRep in Europe and promoted all the bands here. Anthony was an amazing man to work with. He released the albums and also booked concerts for the bands. He was the first one to bring us to Europe for the Cluster-Fuck tour a few years before. He booked us concerts from Cicily to Sarajevo. We toured Norway and Poland, Spain, Finland and everywhere between. It was an amazing time. Young, full of music, and ready for adventure.

Being surrounded with bandmates didn’t help you to get any better?
Yes. Very much. James on Bass and Jon on guitar are both great songwriters. We would all bring parts of songs together to rehearsal and add the pieces together. Thats what made Chokebore strong. I trusted them and they trusted me. Musically we have a great connection.

Does it happen when you write some songs to think it would be more appropriate to Chokebore?
Yes. Sometimes. The song “Ememies”, and “Coco” from my TvB albums come to my mind. They could have been good Chokebore songs.

You don’t listen a lot to your previous record?
No. It’s unbearable. It’s too personal to listen for me. I enjoy the feeling of writing, recording, making music. I dont like to hear my music very often.
I remember visiting a friend in Berlin who was a musician. He had posters of himself on the walls of his flat and is album on the record player. I thought he was crazy, and an incredible egoist. I guess I’m the opposite. I’m not a big fan of myself. Ha.

Did you do it for the repress?
I listened to some parts of some songs. Just to be sure the mastering sounded great.

What do you think about it?
My thoughts are all the memories of writing and recording the music, and I can feel that it’s a pure recording.

Have you considered doing a reunion tour to accompany A Taste For Bitters repress?
If not for the virus we might have tried to make a tour around the reissue. But the virus came and it was pretty obvious what would happen, so we put that idea down.

That’s what you miss the most with that band: playing live?
I miss the guys in the band. We were like brothers. I also miss having someone to ask the question “Does this sound good?”. Now these days I must answer this question myself. It’s harder to answer your own questions.
I also very much miss playing with Chokebore in concert. That energy was strong together.

Can we expect a new EP or a new Chokebore album one day? Apart from the distance, what other reasons kept you from working together again since Falls Best in 2011?
There’s a purity with something ending. These 5 Chokebore albums still live and people still enjoy them.  I do miss the other guys in the band and would like to do more music with them, but it depends on where we are in our lives and if we can get together. Some of us have children now and other commitments. To be a really great band, musician, songwriter, you must give everything you can. You must give all your time and all your love. I always thought the main reason Chokebore was a good band was because we rehearsed so much. After a long tour we would take a few days rest then come back to five days a week rehearsals. To work on a  group you need that communal focus. These days I put that same focus into TvB music and mixing and production work for other artists. I’m still that same kid who is always thinking about new sounds, always trying to stretch into the next song, always in love with the colors of music.
I’m not sure Chokebore will record something again. If we do I’ll be happy. If we don’t I’ll be happy with what exists already.

You’re a solitary man, not a big fan of crowded places. Did you find peace during the lockdown and this whole strange times we’re living or was it more source of stress?
I dont like to see other people suffer so I dont find peace in lockdown. It’s true I never liked very crowded places and I do like to spend some time alone. But that’s because I have some music inside me. It’s been a comfort over the years. It’s still the one thing I can rely on. Its always there. Three songs, half written, calling me to record them. Coming into my dreams, when I’m walking, when Im driving. They always come to me, and I meet them with a little smile.

The new solo album is on its way?
Yes. I’ve written many songs and at the moment I am recording them. I’m excited. They sound like a planet exploding in the sky with all the fire coming down in brilliant warm waves across my face.
I will release the album with Vicious Circle Records in August.

Interview by Jonathan Lopez and Olivier Drago by email

You can also read it in new Noise magazine #56 (march-april)

Thanks to Troy von Balthazar and Guillaume from Vicious Circle.

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