Gruntruck – Gruntruck
Et voilà je suis retombé dedans. La scène de Seattle s’était pourtant rappelée à mon bon souvenir uniquement avec la nouvelle tragique du décès de Cornell cette année. Pas de nouveau Mudhoney*, pas de tournée de Pearl Jam… Bon il y a eu du Melvins certes mais pas de raison d’outrepasser ma ration annuelle de 6300 écoutes de “grunge”, nécessaire à mon bon fonctionnement. Et puis, voilà que débarque un “nouveau” disque d’une des figures méconnues de cette scène, Gruntruck, que j’avais inexplicablement ignoré jusque-là.
Gruntruck qui n’est plus en activité, Gruntruck dont le chanteur est mort (jusque-là ça colle plutôt bien avec la plupart de ses voisins bruyants) mais Gruntruck qui vient de publier, grâce à MONSIEUR Seattle sound, Jack Endino, qui l’a ressorti de ses cartons, un album d’inédits qui répond au doux nom de… Gruntruck. Jack Endino qui, on l’espère, aura un jour une statue pour ce qu’il a apporté à la musique, voire à l’humanité.
Gruntruck, donc, comblera de bonheur ceux qui sont sensibles à l’équation cheveux longs et sales, riffs gras et envolées vocales. Le riffeur en chef n’est autre que Tommy Niemeyer, ex-The Accüsed et autant dire qu’il connait son métier. Le gueulard en chef n’est autre que feu Ben McMillan (ex-Skin Yard, premier groupe de… Jack Endino) et autant dire qu’il n’est pas avare en mélodies vocales de haut vol.
Vous savez tout, ne vous reste plus qu’à succomber aux refrains imparables de “War Flower”, “Bar Fly”, “Trip”, prendre votre pied sur les riffs violents et maladifs de “It’s Alright”, “Spy”, “Noise Field”, à vous demander pourquoi Ben McMillan n’est jamais cité au panthéon des grandes voix de Seattle (il est vrai qu’il y a concurrence féroce), et surtout pourquoi donc vous n’aviez jamais posé une oreille sur ce groupe remarquable !
Si l’évocation des noms d’Alice In Chains, Soundgarden, Tad, Screaming Trees vous fait tressailler de bonheur et que vous ne connaissiez pas les premiers albums du groupe, il y a fort à parier que vous pouvez vous ruer sur ces derniers. En tout cas, moi, c’est ce que je m’empresse de faire.