Chris Cornell, just like suicide…

Publié par le 20 mai 2017 dans Articles, News

 

Il y a deux ans, j’écrivais un long papier sur la discographie de Soundgarden, groupe ô combien essentiel à mes yeux. Je ne vais donc pas reparler ici de morceaux incroyables comme « Jesus Christ Pose », de titres déchirants comme « Fell On Black Days » ou de duo légendaire comme « Hunger Strike », j’ai simplement l’envie et le besoin de rendre hommage à Chris Cornell pour tout ce qu’il représente à mes yeux. 

 

Donc voilà ça semble vrai. Tout ce qu’il y a de plus vrai. Chris Cornell est mort. On l’écrit pour en prendre un peu plus conscience. Pour nommer l’indicible. Chris Cornell est mort. Il se serait même suicidé.

Lui, le Chris Cornell qui a vécu comme un traumatisme la mort par overdose d’Andy Wood (Mother Love Bone), son colocataire, avant de lui rendre un hommage majestueux sur Temple of the Dog, lui qui s’est forcément pris de plein fouet le suicide de Kurt Cobain et la déchéance de Layne Staley, à huit ans d’intervalle. Lui qui, aux côtés d’Eddie Vedder, incarnait brillamment les voix du “big four” du grunge. Celles qui restaient. Il est parti. Sans qu’on ne voit rien venir. Et ça fait mal.

Bien sûr c’est toujours con de pleurer quelqu’un qu’on n’a pas connu. C’était peut-être “juste” un immense chanteur. Une voix incroyable. Juste l’un de ceux qui m’a transmis un amour profond pour le rock. Le rock à guitares, le rock qui fait du bruit. Le rock de Seattle. Le “grunge”, comme ils disent. C’est déjà beaucoup.

Soundgarden aura donc été un de mes premiers émois musicaux, avec Nirvana, Pearl Jam, Alice In Chains. J’étais trop jeune pour les vivre “en direct”. Mais j’avais un grand frère, qui m’a transmis le tout en léger différé. Je me souviens de parties de backgammon dans sa chambre en écoutant « le big 4 », je me souviens de la compil Soundgarden que je m’étais faite sur K7 et je me souviens d’ailleurs très bien qu’au moment de passer un à un tous les titres de Superunknown, je me disais que ça devenait compliqué de choisir, et que ça faisait quand même bien chier de pas mettre « Spoonman » dessus. Je me souviens que mon frère enregistrait les clips de M6 qui passait à des heures indues, à l’époque où il y avait encore de la bonne musique à la télé (à des heures indues, certes) et qu’on trippait sur le clip de « Black Hole Sun » avec cette glace qui fond au ralenti.

Je me souviens très bien de la sortie du dernier album Down On The Upside, je n’avais que 11 ans, mais j’avais déjà bien chopé le virus. Un disque en-dessous des deux monuments précédents mais excellent tout de même. Et à l’annonce de la séparation du groupe, on avait bien les glandes mais on se disait qu’au fond Soundgarden resterait comme un groupe qui n’a pas fait l’album de trop.

Et puis, il y a eu la « deuxième » carrière de Chris. Plus compliquée, dirons nous poliment. Audioslave ressemblait à un rêve éveillé pour le jeune ado que j’étais, et qui avait bien morflé des séparations de Soundgarden et RATM. Bon, avec le recul ce n’est certainement pas ce qu’ils ont fait de mieux. Mais Cornell a aussi fait bien pire en solo, à l’exception de l’honorable Euphoria Morning. Mais peu importe…

Soundgarden s’est reformé et m’a enfin offert la possibilité de les voir sur scène. Et la déception fut aussi grande que les attentes que j’avais placées en eux. Le zénith n’avait jamais aussi mal sonné, c’est à peine si on reconnaissait les morceaux. Je crois avoir plus pris mon pied à des concerts tribute de Soundgarden à Seattle. A oublier, donc. Et vite oublié, d’ailleurs. L’affront sera réparé par un concert solo de Cornell, à peine un mois plus tard, mémorable celui-ci. Une présence magnétique, une voix toujours aussi sublime, une setlist qui ratisse large et bien, la présence de sa femme et de ses enfants en coulisses. Et, même en prime une séance de dédicaces improvisée et de serrages de pinces. Au final, nous étions partis des étoiles plein les yeux, des refrains plein les oreilles. Et avec le sentiment que cette légende à nos yeux avait tout l’air d’un chic type…

Mercredi matin, un ami Facebook a partagé « Hunger Strike » avec un smiley triste. Furtivement, je me suis dit « tiens, y aurait-il une sale nouvelle à propos d’un des membres de Temple Of The Dog ? ». Mais j’ai très vite balayé cette idée, tant ces gars-là sont tous jeunes, et bien portants. Et puis, j’ai reçu un premier texto, suivi d’un deuxième. Et ma timeline Facebook s’est soudainement retrouvée inondée d’hommages de toutes parts. Chris Cornell est mort. Putain, même lui.

J’ai cherché maintes fois des explications à l’émergence d’un nombre aussi insensé d’artistes merveilleux du côté de Seattle au début des années 90, je n’en ai trouvé aucune. J’espère ne jamais avoir à chercher d’explications sur ces destins tragiques qui commencent à être beaucoup trop nombreux.

J’étais trop jeune pour être marqué par la mort de Kurt, je me rappelle comme si c’était hier de l’annonce de celle de Layne et je me rappellerai toujours ce 18 mai de merde où j’ai appris celle de Chris.

On va s’arrêter là maintenant, merci. Chérissons Eddie, Mark A, Mark L, Buzz… Puissent-ils vivre heureux et vieux, très vieux.

Repose en paix Chris, merci pour tout ce que tu m’as apporté.

JL

4 Commentaires

  1. <3

  2. Super hommage, article touchant

  3. Article extrêmement touchant, qui se finit avec les larmes aux yeux. Tellement l’impression d’avoir vécu un parcours similaire… Trop jeune à l’époque pour souffrir de la disparition de Kurt, mais forgé un peu plus tard par les RATM, orientation musicale qui depuis me colle à la peau. Soundgarden et Black hole sun à l’époque est une évidence, mais surtout pour moi la réunion des ‘zicos des RATM avec Chris fut un orgasme pour les oreilles. Tu le dis toi-même, aujourd’hui c’est fini, et je n’arrive toujours pas à l’accepter, ça sonne trop comme un mauvais rêve qui va bientôt se terminer. Je pense sincèrement que la musique a perdu quelque chose ce 18 mai. Moi en tous cas, j’y vois une saveur partie trop tôt. Merci beaucoup pour ton article.

  4. Tellement triste …. encore un grand, très grand qui s’envole… de manière si dure.. Merci pour ce très bel hommage. Décidément depuis un peu plus d’un an, c’est l’hécatombe chez nos idoles. C’est notre famille, nos amis, ces mecs nous font planer, et il est normal, même sain de les pleurer ….. R.I.P Chris. Rock’n’roll will never die -:(

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