Boucan – Deux
Les cloches du berger sonnent, c’est l’heure de la « Transhumance », serait-on partis pour vaquer paisiblement au sein du pâturage ? Que nenni. Le vacarme noise attendu est bel et bien au rendez-vous et la basse bien heavy surprend davantage mais n’est pas moins goûtue. Ces deux-là (Raphaël Albouker à la batterie et Benjamin Munier à la basse) se complètent, se répondent, se soudent et dessoudent. Et ce Deux-là est aussi percutant, imprévisible et stimulant que ne l’était le premier. Éminemment contagieux et remarquablement intense, « Cluster » donne envie de taper sur les murs et sur les voisins qui passent par là. « Idées noires » scrute le terrain, le quadrille patiemment avant de mitrailler aveuglément. Puis repart serein, la satisfaction du devoir accompli. De l’auditoire tout ouï.
« Sabotage(s) » prend le temps avant de lancer l’assaut mais celui-ci se révèle sans merci. Quand ça bout de la sorte, il faut que ça pète et c’est ce qui se produit régulièrement.
À deux, les possibilités semblent infinies. Pas de chanteur-guitariste pour la ramener et imposer ses idées pourries. Pas de refrain forcé, de banals couplets. Un dialogue de bon entendants à vous rendre sourd. « Jappeur » dodeline, insaisissable et narquois, alors que « Valse, entorse » se la jouerait presque post-rock, sans les trois guitares et l’orchestre à cordes de rigueur, mais avec une saillie punk à mi-chemin. Tout ceci est à l’opposé de la prétention, juste deux gars qui s’enferment dans le studio pour faire du raffut à l’attention du premier venu. Écoute qui souhaitera… même si les oreilles les plus chastes pourraient bien rebrousser chemin. Les avertis que vous êtes prendront le risque de s’y frotter sans crainte de vilaines piqûres.
Jonathan Lopez