Amyl and the Sniffers – Cartoon Darkness
Un gros son, des tubes, des boobs, des ballades mièvres/attachantes/irrésistibles (trois qualificatifs qu’elles se coltineront immanquablement et les trois qui nous sont venus, dans cet ordre), de la variété (dans le sens diversité… quoique…), du fun, des riffs qui tâchent, des refrains qu’on retient sans forcer… À n’en pas douter, Amyl and the Sniffers ont bien révisé le mode d’emploi (peut-être laissé par Nirvana qui avait enregistré Nevermind sur la même console que les Australiens) pour sortir un disque qui cartonne et on voit mal comment il pourrait en être autrement pour ce Cartoon Darkness qui a tout pour couronner son ascension irrésistible.
La doublette « Jerkin’ »/« Chewing Gum » qui ouvre le bal (le feu, en l’occurrence) sèche tout le monde d’entrée, ne manque ni de punchline (« You are ugly all day, I am hot always ») ni de slogan/mantra (« Life is short, life is fun, I’m so young and so dumb, stuck on you, just like a chewing gum »). Voilà deux morceaux que nous avons déjà écouté 612 fois et les compteurs ne cessent de s’affoler. Plus loin, « It’s Mine » est au moins aussi sanglant (1’37 et 13,7 dents en moins). Et puis il y a « Motorbike Song », « Do It Do It » ou « Doing in Me Head », autant de morceaux immédiats qui démontrent, si besoin était (of course not) qu’Amyl et les siens ont suffisamment sniffé de punk australien, US ou british pour savoir en restituer toute la rage, l’énergie et l’efficacité, ce qui ne manque jamais de susciter rage, jalousie et mépris injustifié.
Le quatuor donne un peu de grain à moudre aux médisants avec « Big Dreams ». Une vraie ballade. Elle fera grincer des dents les anciens et verra arriver des petits nouveaux au galop. C’est donc d’ores et déjà gagné, même si les plus vaillants hurleront qu’on les a trahis, cracheront sur leurs posters d’Amy. Elle est pourtant chouette cette ballade et elle colle au moins autant aux basques que « Chewing Gum ». « Bailin on Me » fait également chuter le tempo moyen du disque mais certainement pas son intérêt et fonctionne à fond, sifflements compris.
Et puis, il y a le con, très con (trop con ? Allez, on vous l’accorde celui-là) « Tiny Bikini » que les Spice Girls auraient adoré, assez dispensable voire carrément affreux s’il est pris au premier degré, ce qu’il ne faut surtout pas faire, vous ne l’ignorez pas évidemment. Amy s’amuse bien également sur « Me and the Girls », sorte d’hommage aux Beastie Boys. Il apparait comme une évidence qu’elle et les girls just wanna have fun et cela ne nous fait pas de mal parce qu’on ne se marre toujours pas beaucoup quand on regarde les infos.
Cartoon Darkness parvient à apporter un peu de légèreté au milieu des ténèbres et s’enfile sans broncher tel un bon Sniffer*. Advienne que pourra ensuite. Ce qu’il adviendra des Sniffers semble clair comme de l’eau de roche : ceux qui n’aiment pas le punk leur chiaient dessus continueront avec plus de détermination que jamais, ceux qui veulent s’éclater avec un bon vieux disque cool, fun et sans prétention y reviendront très régulièrement et prieront pour que les Sniffers ne se prennent jamais au sérieux et continuent d’être habités par cet esprit insouciant qui leur sied à la perfection.
*Ici on appelle ça du poppers.
Jonathan Lopez