Alain Johannes – Hum
Il est assez tentant de l’écrire et de céder ainsi à la facilité : Alain Johannes, c’est d’abord un homme de l’ombre. Dans l’ombre de Josh Homme chez Queens Of The Stone Age, en retrait de la présence magnétique de la reine PJ Harvey sur scène ou en arrangeur hors pair mais discret de Mark Lanegan. Certes. Mais si la pochette tend à illustrer cet état de fait un rien réducteur, il est évident que Johannes se débrouille aussi très bien quand il dirige les opérations (Eleven) ou qu’il œuvre carrément en “solo”. Il l’avait déjà prouvé notamment avec l’excellent Spark en 2010, il vient de récidiver.
Si Hum n’est pas aussi renversant que le nouvel album de ces derniers, si la voix de Johannes n’a pas la même aura que celle d’un Lanegan (que certains morceaux rappellent immanquablement), son timbre chaleureux semble familier et les compositions tiennent parfaitement la route. Les doigts glissent le long des cordes, le fingerpicking du bonhomme est aussi délicat que délectable (« Hum », « Free ») et certains refrains sont franchement fédérateurs (« Hallowed Bones » ou « If Morning Comes » très QOTSA quand ils se reposent au pied d’un cactus et dont le final endiablé rehausse encore la qualité).
Alors qu’on s’approche de la porte de sortie, plus réjoui qu’en arrivant, l’excitation ayant pris le pas sur la curiosité, le superbe « Here In The Silence » tout en dépouillement et en émotion pure, nous fait regretter la courte durée de ce périple ô combien apaisant. Surtout que peu avant de clore les débats, Johannes nous offrait également l’étonnant « Nine » qui doit probablement autant son nom à sa 9e position sur la tracklist qu’à ses sonorités électroniques qu’on pourrait croire issues de Nine… Inch Nails. Voilà en tout cas qui vient rompre intelligemment un ensemble très homogène. Et prouver que, quelque soit l’univers dans lequel il évolue, en solo ou accompagné, en douceur ou en maniant l’électricité, Alain Johannes demeure un artiste on ne peut plus fiable.
Jonathan Lopez