Interview – Codeine

Publié par le 21 août 2023 dans Interviews, Toutes les interviews

© Mike Galinsky

Au début des années 90, quand rage, distorsion et rapidité d’exécution reviennent en grâce, Stephen Immerwahr (basse-chant), John Engle (guitare) et Chris Brokaw (batterie) nagent totalement à contre-courant en proposant des morceaux d’une lenteur inédite, où les instruments respirent et la mélancolie s’invite. Codeine détonne mais ne tardera pas à faire des émules et imposer son style unique que la presse spécialisée qualifiera de slowcore et dont l’impact s’étendra à de nombreuses formations post-rock. À l’heure où Numero Group réédite la courte mais indispensable discographie du trio, le batteur Chris Brokaw (parti peu avant la fin former Come avec Thalia Zedek) a accepté de revenir trente ans en arrière sur une aventure qui a marqué sa vie de musicien et celle de nombreux mélomanes.

Vous vous connaissez tous les trois depuis l’université d’arts libéraux d’Oberlin (Ohio) à la fin des années 80. Avant de lancer Codeine, vous aviez déjà joué dans d’autres groupes ?
Oui, j’avais joué dans quelques groupes. J’étais dans un groupe à Oberlin appelé Pay the Man qui n’a jamais sorti d’album mais on a joué ensemble quelques années. Steve Immerwahr (NdR : le bassiste-chanteur) avait ce groupe, The Lillies, pas le même qui a ensuite sorti des albums, mais c’était une sorte de groupe légendaire d’Oberlin, qui jouait incroyablement fort. Un groupe à la Jesus and Mary Chain. Steve et moi avions donc eu un groupe auparavant, je ne sais pas si c’était le cas de John (NdR : Engle, guitariste).

Tu as commencé par la batterie ?
Oui. Quand on a commencé à jouer ensemble, l’idée originale était que je joue la seconde guitare et notre producteur Mike McMackin devait jouer de la batterie. Mais on a décidé que ce serait plus simple d’être un trio plutôt qu’un quatuor. Je me suis donc mis à la batterie et je jouais la seconde guitare sur les enregistrements.

Vous connaissiez alors Sooyoung Park (NdR : bassiste-chanteur de Bitch Magnet et futur guitariste-chanteur de Seam) et je crois qu’il a joué un rôle dans la formation du groupe.
Oui, Sooyoung avait sorti une compilation sur cassette, principalement avec des groupes amis à lui. Il y avait un morceau de Codeine dessus. Il me l’a donnée en me glissant : « Tu devrais écouter, ça te plairait surement. » J’ai effectivement beaucoup aimé et j’ai donc contacté Steve. Je vivais à Boston, lui à New York, et je lui ai confié que son groupe me plaisait et que j’aimerais en faire partie.

FRIGID STARS LP

(1990, Glitterhouse / 1991, Sub Pop)

Est-ce également Sooyoung qui vous a recommandé de travailler avec Mike McMackin sur votre premier album ? Car il avait produit les premiers Bitch Magnet (NdR : l’EP Star Booty en 1988, puis Umber en 1989).
En fait, on connaissait déjà Mike McMackin, il était aussi à Oberlin. Je crois que Steve l’avait rencontré là-bas. Mike était peut-être âgé d’un an ou deux de plus que nous. Il a ensuite emménagé à New York, commencé à travailler dans un studio et il me semble que Mike a aidé Steve, en le faisant travailler au studio. Ils se connaissaient donc depuis l’école et se sont retrouvés en studio à New York.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous n’étiez pas très expérimentés en studio mais vous avez fait preuve de beaucoup d’efficacité, il ne vous a fallu que deux week-ends pour mettre en boite l’album. Comment s’est déroulé l’enregistrement ?
C’était super ! On a décidé de le faire dans le sous-sol de l’appartement de Mike McMackin. Mike avait un enregistreur 8-pistes et souhaitait faire des enregistrements chez lui et Steve aimait bien l’idée. J’avais déjà été en studio une fois ou deux avant mais je n’avais jamais enregistré dans la maison de quelqu’un, pour essayer de sortir un enregistrement décent. C’était clairement une nouvelle expérience mais on faisait ça avec modestie, on ne se mettait vraiment aucune pression.

Ça devait être assez excitant en tant que batteur de sentir que tu avais une telle importance dans le son du groupe. On sait bien que le batteur n’est pas toujours le plus considéré…
Oui, c’est « juste le batteur » ! (Rires) Un des points vraiment uniques avec Codeine, c’est qu’on est tous passionnés par la musique mais on ne se focalise pas sur les musiciens. John et Steve tenaient à ce qu’on mette notre ego de côté, qu’on ne perçoive pas notre musique comme un accomplissement en tant que musiciens. Il fallait vraiment qu’on réfléchisse à notre apport au groupe pour accomplir ce qu’on voulait. Peu importait qu’on soit des guitaristes ou batteurs cool, tout ce qui comptait c’était de faire cette musique. L’approche était extrêmement pragmatique pour parvenir à faire ce qu’on souhaitait.

Pourquoi avoir choisi de reprendre « New Year’s » composé par Sooyoung, enregistré plus tard avec Seam ? Etait-ce une façon de lui renvoyer l’ascenseur ?
C’était une idée de Steve et c’était effectivement une sorte de clin d’œil, de remerciement et de marque de respect envers Sooyoung. Steve avait été ingénieur du son de Bitch Magnet en tournée et on était tous très proches les uns des autres.

Vous avez essayé de vous filer un coup de main respectif pour percer à vos débuts ?
On était tous intéressés à l’idée de sortir des disques et tourner mais Bitch Magnet était vraiment le premier groupe d’amis à parvenir à être sur un label et être distribué en Europe. Moi, je n’avais aucune notion de ce monde nouveau. C’était malgré tout quelque chose de mutuel car Bitch Magnet avait sorti l’EP Valmead et avait repris « Pea » de Codeine avec Steve au chant. Bitch Magnet avait clairement essayé de nous aider et nous souhaitions en faire de même pour eux.

J’entends beaucoup de groupes qui sonnent comme Codeine APRÈS vous, beaucoup moins avant vous car vous avez plus ou moins inventé votre propre style. D’où vous est venue cette idée de ralentir votre musique ? C’était l’ambition et la vision de Steve ou ça s’est produit naturellement ?
Je crois que c’était l’idée de Steve et qu’il y a beaucoup travaillé avec John. Ils ont commencé à travailler ensemble et ils ont effectué quelques enregistrements avec un batteur appelé Pete Pollack qui venait aussi d’Oberlin. C’était le premier batteur de Pay the Man d’ailleurs. C’était un peu toujours les mêmes musiciens qui jouaient ensemble pendant un moment. Pete a aussi joué pour Bitch Magnet (NdR : en 1990). Ils ont donc commencé environ un an avant que je les rejoigne. On a enregistré la face A puis la face B quelques mois plus tard. Et j’entends vraiment la différence entre les deux. Au moment d’enregistrer la deuxième, j’étais vraiment totalement dans mon rôle de batteur correspondant à ce qu’on essayait de faire. C’était un style de jeu très différent de ce à quoi j’étais habitué. J’avais joué notamment dans des groupes punk donc jouer lentement, de façon aérée et délicate était vraiment nouveau pour moi. C’était vraiment difficile au départ. Je crois que ça m’a changé pour toujours, ça a changé mon ADN musical.

Avez-vous craint à l’époque de jouer une musique trop bizarre, trop radicale et que le public ne soit pas encore prêt ?
On ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. J’avais entendu des musiques bien plus radicales que la notre. Ça ne me semblait pas si bizarre mais effectivement c’était très bizarre pour beaucoup de gens. Les gens n’arrêtaient pas de parler du fait que c’était si lent, ce qui d’une certaine façon s’opposait à ce qui était en vogue musicalement. À l’époque, ça semblait étrange et inhabituel, c’est difficile pour moi d’être objectif à ce sujet mais si tu l’écoutes aujourd’hui, ça sonne bien plus familier. Ça a peut-être eu une influence culturelle, je ne sais pas mais oui, beaucoup de gens ont totalement flippé en nous écoutant. Mais ceux qui aimaient, aimaient beaucoup ! Et ils se sont vraiment passionnés pour cette musique. On a toujours eu des réactions assez fortes, bonnes ou mauvaises.

Votre présence sur Sub Pop pouvait surprendre également. Vous étiez une sorte d’anomalie dans leur catalogue, comme un contraste au grunge qui l’a fait connaitre. Vous avez commencé sur Glitterhouse, le label allemand, pendant européen de Sub Pop, ce sont eux qui ont transmis vos morceaux au label de Seattle. J’ai lu qu’ils n’étaient pas très convaincus dans un premier temps, qu’ils pensaient ajouter des guitares et le faire enregistrer par Jack Endino. Comment avez-vous réagi à cette demande ?
Steve était assez ouvert à cette idée et j’ai répondu : « Il n’en est absolument pas question ! On ne va pas faire un putain d’album grunge ! » J’aimais beaucoup comment notre album sonnait. S’ils veulent le sortir, très bien mais ils doivent le sortir tel quel.

Tu n’as pas eu peur de manquer l’opportunité de rejoindre le label qui était en pleine ascension ?
Je trouvais Sub Pop cool mais je trouvais que c’était bizarre de se retrouver sur ce label. Ils ont signé Codeine et Beat Happening en même temps. On était les premiers groupes non-grunge du label mais au moins Beat Happening était du Nord-Ouest Pacifique. On était de New York alors…

« Pourquoi nous ?! »
Oui, c’était assez bizarre et quand on a tourné en Europe pour la première fois, les affiches mentionnaient « Codeine de Sub Pop », les gens qui venaient à nos concerts s’attendaient à ce qu’on sonne comme Mudhoney donc certains ont clairement eu un mouvement de recul en nous entendant. « Ce n’est pas ce qu’on attendait ! » C’était un peu la même chose ensuite sur Numero (NdR : Numero Group), on a été le premier groupe à être réédité qui n’était pas un artiste solo. On a donc l’habitude de débarquer et de ruiner les fêtes. On est sur des labels iconiques et on met fin à la fête.

Vous avez également tourné avec Bastro après ce premier album. Et vous étiez tête d’affiche en alternance. Avez-vous eu droit là aussi à des réactions particulières quand vous deviez passer après sa musique bien plus énergique et agressive ?
Je ne sais pas. (Il réfléchit) Je ne sais pas trop pourquoi mais ce n’était pas une combinaison si étrange que tu peux le penser. Je ne veux pas sonner prétentieux mais je crois que les deux groupes avaient tous les deux des caractéristiques intellectuelles qui se rejoignaient. On était bien plus compatibles que tu peux le penser. Et je pense que ça a très bien fonctionné.

D’autant que vous étiez assez proches d’eux, vous avez même enregistré un split ensemble (NdR : A L’ombre de nous / Produkt).
Oui !

BARELY REAL
(1992, Sub Pop)

Ensuite vous êtes retournés en studio pour enregistrer ce qui devait être votre second album. Pourquoi ça n’a finalement abouti qu’à un EP ?
L’objectif était effectivement d’enregistrer notre second album qui devait s’appeler The White Birch. On est allés en studio et on a enregistré plusieurs morceaux dans un studio très cher et Steve a décidé que l’enregistrement était mauvais et qu’on n’allait pas le sortir. Cet enregistrement n’est sorti que l’automne dernier chez Numero, sous le nom de Dessau (NdR : en référence au studio, Harold Dessau Recording). À l’époque, Steve s’est contenté de dire : « Je ne le sortirai pas. On balance tout. » À ce moment-là, on avait dépensé beaucoup d’argent et on devait proposer quelque chose à Sub Pop. C’était un peu fou. On a enregistré Dessau en mai 1992, tout balancé. En juin, on s’est rendu à Boston pour enregistrer trois autres morceaux pour Barely Real. On avait aussi un morceau, une reprise de MX-80 Sound (NdR : « Promise of Love »), pour un 45 tours qu’on n’avait finalement pas sorti. Puis John et Steve sont allés en studio, au Connecticut avec une boite à rythmes et ont enregistré le morceau « Hard to Find ». Dave Grubbs (NdR : guitariste de Bitch Magnet, Squirrel Bait, Bastro, Gastr Del Sol) a également joué une version piano du morceau « Wird ». On a tout rassemblé pour former cet EP. C’était aussi car Codeine devait tourner en septembre et octobre donc on a dû faire vite. Il fallait que cet EP-mini album soit enregistré en juin. Puis en juillet, j’ai enregistré 11:11 avec Come et en août je quittai Codeine. Ce fut un été très intense ! (Rires)

Je reviens aux premiers enregistrements. Étiez-vous d’accord avec Steve ou pensiez-vous qu’il avait des ambitions trop élevées et que ce que vous aviez fait était excellent ?
Je n’étais pas d’accord avec lui. Je trouvais que nos enregistrements à Dessau étaient géniaux. Pour moi, c’était ce qu’on avait fait de mieux et on aurait clairement pu améliorer le son. J’aurais probablement quitté le groupe quoiqu’il arrive car c’était trop difficile d’être dans les deux groupes en même temps. Mais j’étais clairement frustré et déçu de la tournure des événements. On n’était vraiment pas d’accord là-dessus. J’ai donc été très agréablement surpris quand Numero nous a proposé de sortir l’enregistrement de Dessau. Et tout le monde, y compris Steve, était partant.

Le résultat l’a déçu mais les enregistrements ont également été émaillés de plusieurs incidents. Comme cette fois où Steve a inondé le studio en cassant les toilettes ou l’histoire de « la malédiction de la mangue »…
Je me souviens à peine de ce qui s’est passé avec les toilettes mais effectivement un jour, Steve a apporté une mangue et nous a annoncé : « On va démarrer la séance en partageant cette mangue ! » Il l’ouvre et elle était totalement pourrie, il y avait des parasites dedans. (Il émet un bruit de dégoût) Ça ressemblait à un signe… Malgré tout, je n’ai pas eu le sentiment que ces séances étaient maudites. Les enregistrements étaient difficiles mais j’ai réalisé beaucoup d’enregistrements difficiles qui ont abouti à de bons disques.

Il affirmait également entendre des bruits aigus sur l’enregistrement, que vous n’avez jamais entendus. A-t-il changé sa version désormais ?
Il ne sait pas ce qu’il entendait. Et donc personne d’autre ne le sait ! Il s’est ravisé et maintenant il aime l’enregistrement. Tant mieux.

Tu évoquais David Grubbs qui a joué « W », une version au piano de votre morceau « Wird » (NdR : présent ensuite sur The White Birch et Dessau). Pourquoi avoir pris cette décision ? C’était assez étonnant de proposer un morceau joué par quelqu’un qui ne fait pas partie du groupe.
Oui mais encore une fois, c’était un truc à la Codeine. On met l’ego de côté, on veut faire un album cool et on s’est dit qu’il pourrait apporter quelque chose de différent.

Comme on le disait tout à l’heure, vous avez influencé de nombreux groupes, c’est plus difficile de trouver ceux qui vous ont inspirés. Sur cet album, on trouve la reprise de « Promise of Love » de MX-80 Sound. À l’écouter sur l’album et dans sa version originale, elle ne dépareille pas vraiment des autres morceaux, voici donc peut-être un des groupes qui a pu avoir un impact sur vous.
Je ne connaissais pas du tout MX-80 Sound à ce moment-là. Mais Steve était à fond dans ce groupe, et notamment cet album, Crowd Control. On avait quand même quelques goûts en commun. On adorait tous Joy Division évidemment. Tu peux clairement établir un lien entre Joy Division et Codeine. Steve était également très influencé par The Jesus and Mary Chain. Steve et moi adorions aussi Nikki Sudden and the Jacobites, The Fall. John et Steve écoutaient également beaucoup les Beatles et le premier album solo de Paul McCartney (NdR : album sans titre, sorti en 1970).

Ça ne saute pas aux oreilles quand on vous écoute !
Oui, je ne sais pas si aide mais je te confie ce qu’on pouvait avoir comme goûts en commun.

Peux-tu me raconter l’histoire de la pochette de Barely Real ?
Quand on était en tournée en Europe, Steve a trouvé cette carte postale du château de Belvedere (NdR : Belvedere Palace, à Vienne) et il a été frappé par les couleurs de cette photo. Il avait ce titre en tête, Barely Real, et en regardant la photo, il se demandait : « Est-ce vraiment la réalité ? » Ça devait être avant que Photoshop soit très populaire, il avait l’idée de regarder quelque chose sans être sûr que ça existe, particulièrement comment les couleurs s’intègrent à tout ça. Steve a beaucoup parlé des films de Bertolucci et Antonioni et leur façon d’utiliser les couleurs. C’était une grosse influence pour lui.

Ils se sont même rendus ensuite à cet endroit mais tu avais quitté le groupe.
Oui, c’est dans la tournée qui a suivi, juste après mon départ.

Depuis le début, Steve avait en tête de ne pas faire durer le groupe trop longtemps, il pensait à trois albums maximum pour ne pas faire comme les Ramones : trois albums fantastiques puis répéter plus ou moins la même chose. Tu aurais aimé que ça dure plus longtemps ou, au contraire, à ton départ as-tu pensé que le groupe était proche de la fin et que tu pourrais faire une meilleure carrière avec Come ?
(Il réfléchit) Je n’avais pas vraiment d’attente pour aucun des deux groupes. Je ne pensais pas à l’avenir. Avec Come, j’écrivais les morceaux avec Thalia (NdR : Zedek, guitariste-chanteuse). C’était mon groupe, d’une certaine manière. Je me sentais comme un membre actif et contributeur de Codeine mais c’était Steve le compositeur. Je savais également que ce que faisait Codeine était très spécifique avec certains paramètres à respecter. Quand Steve a affirmé que le groupe ne pourrait sans doute pas durer plus d’un an et demi ou deux ans, je comprenais qu’il souhaitait accomplir quelque chose et une fois réalisée, c’était bon. La musique de Come était moins définie. Come a développé un style spécifique mais notre musique répondait moins à une formule.

THE WHITE BIRCH
(1994, Sub Pop)

Tu n’as pas participé à cet album mais certains morceaux avaient été composés à l’époque de Dessau… À quel point était-il frustrant pour toi de ne pas les sortir initialement pour les voir réapparaitre quelques années plus tard dans de nouvelles versions ?
J’ai essayé de me détacher de tout ça et de voir comment ça se passait pour eux. Ce que je préfère sur The White Birch est le jeu de guitare de John. Il a vraiment passé un cran supérieur dans son jeu. Auparavant, il jouait toujours les parties clean et je jouais les parties saturées. Sur The White Birch, il s’est occupé de tout et il a vraiment évolué en tant que guitariste. Ils avaient tous un jeu un peu différent.

Tu avais l’impression d’entendre un nouveau groupe ?
Non, une version différente du même groupe. (Rires) J’étais content pour eux et en même temps, je sentais que ça avait été une bataille. Donc j’étais un peu inquiet pour eux malgré tout. En tant qu’ami.

Oui car tu es parti en bons termes et étais toujours ami avec eux. Maintenant tu tournes avec Come et Codeine sans avoir de nouveaux morceaux à jouer. Ça trotte dans un coin de ta tête l’envie de retourner en studio ? Ou est-ce un peu risqué ?
Je ne dirais pas que c’est risqué dans le sens où on craindrait de ne pas pouvoir proposer des morceaux aussi bons qui puissent se mesurer à ce qu’on proposait avant. Mais je crois que Steve ne compose plus de morceaux. En tant que fan de son écriture, j’adorerais entendre de nouveaux morceaux de lui mais je crois qu’il ne le fait plus donc je n’imagine pas que ça puisse se produire. Pour ce qui est de Come, c’est également compliqué d’imaginer un scénario avec le line-up original du groupe. Vu notre façon d’arranger les morceaux d’Eleven:Eleven et Don’t Ask Don’t Tell, cela nécessitait des répétitions régulières pendant des mois. Le groupe répétait deux fois par semaine et Thalia et moi, on travaillait ensemble deux fois par semaine en plus de ça. On jammait en permanence. Difficile de retrouver ces conditions alors qu’on ne vit plus tous dans la même ville. Et nos vies ont changé, on n’a pas la même motivation que trente ans auparavant. C’est cool et excitant de présenter nos vieux morceaux, cependant. Ces dernières tournées sont vraiment une occasion de faire réécouter ce qu’on a créé à l’époque.

Comment se sont passées les premières dates de la tournée avec Codeine ? Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous avant de revenir en Europe par rapport à votre dernier passage il y a dix ans (NdR : Codeine jouera au Transbordeur de Lyon et à La Maroquinerie de Paris début septembre) ?
Nous avons peu joué pour le moment. Seulement deux concerts à Brooklyn et un à Los Angeles. On s’est bien amusés ! Notamment lors des dates à Brooklyn. Quand on a tourné en 2012, John et Steve n’avaient pas joué depuis très longtemps et je souhaitais que les tournées se passent du mieux possible pour eux. Cette fois, je me sens moins… responsable d’eux, je dirais. J’ai l’impression qu’on sait tous à quoi s’attendre et on est tous les trois excités à ce sujet.

Interview réalisée par Jonathan Lopez

Publiée dans un premier temps dans new Noise #67 actuellement en kiosques (SOUTENEZ NEW NOISE !)

Merci à Marion Seury

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