Dans le bac d’occaz’ #23 : Frank Zappa, Miracle Legion, Dominique A

Publié par le 7 février 2018 dans Dans le bac d'occaz, Notre sélection

Chaque mois BCG plonge pour vous dans le bac d’occaz en écoutant des albums indispensables selon des amis mélomanes et/ou des lecteurs d’Exitmusik. 30 ans (de 1977 à 2006), 30 disques. Chaque mois 3 albums de cette liste, écoutés au moins une fois par semaine. Les albums sont regroupés par le dernier nombre de leur année de sortie (1986-1996-2006, 1977-1987-1997, 1978-1988-1998, et ainsi de suite).*

 

Dans le bac d’occaz’ #23 : les années en 9

 

Frank Zappa – Joe’s Garage (1979) : suggéré par Okérampa

Mon cher Oké,

Ça va faire longtemps qu’on se connait, tous les deux, et je suis donc certain que tu n’étais pas mal intentionné en me proposant ce disque. Je vais même plus loin, ce n’était pas un choix inintéressant. Pour moi, Zappa c’était un peu comme David Lynch ; de l’art prétentieux et chiant pour adepte de la branlette intellectuelle qui se sent bien supérieur en t’expliquant que tu n’as rien compris mais que lui, oui, là où il n’y avait en fait pas grand chose à comprendre. Bref, je n’aurais certainement jamais eu le courage d’écouter un de ses disques et vu que j’ai un peu revu mon jugement, ça aurait été dommage.

En fait, Zappa m’a fait le même effet que Faith No More : ça part dans tous les sens, ça mélange pas mal de choses, c’est super maitrisé et ce n’est pas dénué d’un certain humour. Là, c’est pour les points positifs. Les points négatifs sont les mêmes en pire ; les styles abordés ne me touchent absolument pas (disco, funk, reggae, solos de guitare…) et le plus redoutable, l’album est très long. Trop long. Le concept est peut-être super drôle et intéressant, l’histoire d’un type qui a un groupe dans un monde où la musique est illégale, les critiques de la société, de la religion, du corporatisme, sont peut-être pertinentes, mais les morceaux sont trop longs, il y en a beaucoup trop, et l’album devient donc très vite chiant. Même l’intro dure 3 minutes ! Arrivé à la fin du premier disque, je n’en pouvais déjà plus, et voilà que le second remet le couvert avec des morceaux de reggae de 8 minutes. Dur.

Avec un peu de recul et de bonne foi, j’admets que Zappa est un musicien impressionnant et complètement perché, je comprends donc qu’on puisse accrocher à son travail même si pour ma part j’y suis plutôt hermétique. De même, connaissant ton goût pour la basse, je vois totalement pourquoi tu aimes particulièrement ce disque où le bassiste est d’une technicité incroyable. Mais ce n’est vraiment pas mon truc.

Miracle Legion – Me And Mr Ray (1989) : suggéré par Animal X

Cher Animal,

Je n’avais jamais entendu parler de Miracle Legion avant ta proposition et je l’aurais certainement laissée de côté en faveur d’un artiste plus évocateur si tu n’avais pas mentionné que tu considères ce disque comme “un joyau“. Du coup, ma curiosité fut attisée, et même si je ne connais pas exactement tes goûts, j’ai eu envie d’écouter.

Sans partager complètement ton enthousiasme, je comprends très bien l’intérêt que tu peux porter à cette musique : une folk alternative, dépouillée, avec des mélodies bien troussées. Si Miracle Legion est classé jangle pop et a été comparé à REM, ce qui n’est pas forcément un bon argument pour me convaincre, les aspects typiques des années 80 et les ressemblances entre les deux groupes sont assez limités. On pourrait comparer certaines intonations de la voix, un son global, mais ça s’arrête-là. Personnellement, ça m’évoquerait plus le Gun Club sans le côté punk, sans trop pouvoir expliquer pourquoi.

Dans l’ensemble, les morceaux sont accrocheurs et restent en tête. Il y en a même un avec une flute à bec, instrument que je n’avais entendu aussi bien utilisé que chez Trotski Nautique. Bref, une chouette découverte que je prendrai du plaisir à réécouter à l’occasion, mais je ne vais pas pour autant ranger ce disque dans ma boite à trésors. Merci quand même !

Dominique A – Remué (1999) : suggéré par Christopher

Cher Christopher,

Je te remercie d’avoir proposé Dominique A, un artiste que je voyais régulièrement cité par les amateurs de rock en général et de rock indé en particulier comme une référence rock française et que je n’avais jamais eu le courage d’écouter. L’occasion était parfaite, surtout que Remué semble être son album le plus apprécié dans ces cercles.

En revanche, tu ne me remercieras peut-être pas d’avoir choisi ce disque, car je ne vais pas vraiment en dire du bien. Je lui reconnais surtout deux qualités : ok, les textes sont bien écrits. Ok, il y a une instrumentation rock, bien qu’un peu électro qui donne des instrumentales plutôt réussies. Une fois que j’ai évacué ces deux points positifs, je n’aurai malheureusement plus grand chose de bien à en dire. J’ai lu sur sa page wikipedia que Dominique A n’appréciait pas d’être classé dans la chanson à texte, qui selon lui signifie “chanson sans musique“. Hors, pour moi, c’est exactement ce qu’il fait.

Plus exactement, pour moi Remué propose du texte et de la musique sans chanson. Comme je l’ai dit, les textes sont plutôt bien écrits, poétiques et parfois très beaux (“Je Suis Une Ville”, “Avant L’Enfer”, “Surestimé”), les instrus sont recherchées et maitrisées, mais je trouve que les deux ne fonctionnent pas du tout ensemble, et j’ai l’impression d’être devant l’open mic d’une MJC, avec un groupe doué qui improvise et un poète qui déclame ses textes par dessus. Respect pour les talents à l’œuvre, mais la soirée un peu chiante, quand même. Dominique A déclame plus qu’il ne chante, ce qui renforce l’ambiance trop sérieuse et monotone du disque, achevée par sa proximité vocale avec Calogero, soulevée par une amie et dont je ne peux plus me défaire depuis. Avec tout ça, la longueur des 14 titres s’est avérée assez pénible. J’ai globalement l’impression d’écouter de la musique de trentenaire parisien des années 2000, une sorte de Vincent Delerm rock, ce qui pour moi est méprisant mais vu que visiblement les deux artistes s’apprécient, je ne suis peut-être pas si loin de la vérité. De la chanson française de qualité, peut-être, mais pas du rock. Pas le rock que j’aime, en tout cas.

 

BCG

 

*Rendons à César ce qui lui appartient, cette rubrique a été fortement inspirée – ou littéralement pompée, c’est selon – par l’initiative d’un certain Machete83 sur le passionnant forum de l’indispensable site/bible du rock indé xsilence.

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