Weezer – Ok Human

Publié par le 1 février 2021 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Atlantic/Crush, 29 janvier 2021)

Sacré Rivers Cuomo.
Après un album blanc qui titillait bien notre fibre nostalgique et donnait envie d’y croire, il semblait s’être acharné pour que notre intérêt concernant Weezer soit mort et enterré. Il n’y a qu’à voir notre avis sur leur dernier méfait en date (The Teal Album en 2018), après un Pacific Daydream médiocre et un album noir tout bonnement affreux. Et ce n’est pas la sortie annoncée depuis longtemps de Van Weezer, album hommage au groupe d’un guitariste éponyme mort il y a peu qui allait le raviver.

Et voilà que, alors qu’on se dit que Weezer est définitivement mort, le parangon du musicien geek sort son meilleur disque depuis pas loin de 20 ans ; je dirais que c’est depuis Maladroit, donc 2002, mais chaque puriste du groupe a le droit de mettre le curseur où il le souhaite.

Donc, Weezer revient avec un disque parfaitement inattendu, tant par son existence (on attend encore la sortie de Van dont ils font la promotion depuis plus d’un an) que par son contenu : une pop où le piano est à l’honneur, portée par des arrangements à l’ancienne, avec instruments acoustiques et cordes. Un choix étonnant, et bienvenu puisque le plus insupportable défaut des précédents disques était une production moderne absolument immonde.

Le parti pris n’est pas pour autant la simplicité. Le tout reste souvent à la limite du “Too Much”, comme on en a l’habitude chez Weezer. Mais pour un groupe qui est presque synonyme de power pop, c’est une approche originale et plutôt réussie. Certes, cette approche classique ne réussit pas complètement à effacer les travers modernes, qu’on entend sur quelques de-ci de-là (notamment la batterie un peu synthétique de “Screens”, ou les relents pop moderne de “Grapes of Wrath”), et les morceaux ne sont pas tous fabuleux (je suis personnellement assez sceptique sur “Bird With A Broken Wing” qui en fait des caisses), mais beaucoup cachent de bonnes idées de composition et fonctionnent au final très bien. En fait, à part les trois morceaux sus-cités, tout le reste est au minimum plaisant, et même si certains flirtent avec le kitsch, ils ne tombent jamais dans le ringard (“Here Comes The Rain” précédé d’une intro orientalisante ou “Everything Happens For A Reason”), d’autres marchent sur la frontière fine de l’émotion sans jamais basculer dans le mielleux (“Numbers”) et quand des références nous viennent en tête, ce sont McCartney (“Playing My Piano” qui s’enchaine très bien avec “Mirror Image”) ou la pop de la Motown (“LaBrea Tar Pits”). Bref, pas ce qui se fait de pire, surtout quand l’album noir évoquait les plus infâmes artistes de pop actuelle.

Alors, entendons-nous bien. Ce disque n’est pas un chef-d’œuvre d’orfèvrerie pop. Il ne s’est pas non plus débarrassé de tous les défauts que Weezer se traine depuis belle lurette aujourd’hui. Je pense même, pour être sincère, que je préfère l’album blanc qui correspond plus à ce que j’aime chez le groupe. Mais il propose quelque chose d’original, sans sombrer dans la pop putassière et surtout en sortant de l’ombre embarrassante de l’album bleu et de Pinkerton. Enfin un disque qui ne peut se revendiquer d’aucun des deux, qui ne le cherche même pas, et qui est vraiment réussi.

Honnêtement, je ne pensais pas que Cuomo avait encore ça en lui, et je ne crois pas être le seul dans ce cas. Rien que pour ça, bravo, et mon intérêt pour Weezer est ravivé au moins jusqu’aux deux ou trois prochains flops !

Blackcondorguy

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