Vanilla Blue – Dark Cities

Publié par le 14 février 2022 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Twenty Something, 22 janvier 2022)

Il y a quelques semaines, on apprenait avec tristesse la fin de LANE, le projet de deux ex-Thugs (Eric et Pierre-Yves Sourice ainsi que son fils Félix) avec des membres de Daria (Etienne et Camille Belin), entamé en 2017. Mais si cette aventure se termine, un certain esprit du rock français continue à survivre du côté du label Nineteen Something (fondé, entre autres, par… Eric Sourice) qui réédite des albums des 80’s-90’s, fort heureusement pas oubliés par tout le monde. J’ai ainsi retrouvé avec plaisir un album des Dirty Hands (Bleus, sorti en 1994). Et rajeuni d’un quart de siècle le temps d’une écoute.

Retour à 2022 maintenant. Mais pas tout à fait quand même avec cet album de Vanilla Blue, publié chez Twenty Something, la branche « nouveautés » de Nineteen Something. Groupe stéphanois composé entre autres d’ex-Six Pack ou Zero Gain, nommé d’après une chanson du groupe punk 80’s de Chicago Naked Raygun (avec les deux futurs Big Black Jeff Pezzati et Santiago Durango) et furieusement 90’s dans sa capacité à combiner électricité rageuse et mélodies. Le décor est planté… et les 11 titres impeccables de ce Dark Cities sauront contenter le fan de guitares incisives et de chansons bien ficelées. Quelque part entre punk racé et power pop vitaminée. Ces gars-là ont de la bouteille et ça s’entend. Pas d’esbrouffe, mais du riff mélodique, de la rythmique qui percute l’esprit, des breaks bien sentis, et une belle dynamique vocale. Dès l’inaugural « Dance With Me », nous y sommes, au royaume des rock songs parfaites de 3 minutes que l’on aime fredonner, le pas léger, sunglasses sur le nez, le soleil au zénith.

L’art du « Writing A Song » efficace, avec le refrain pêchu qui va tourner en boucle dans la caboche. Vous allez aussi vite chanter le « Darling, Darling » de « The Pain is Over », titre final, le seul à atteindre les 5 minutes avec son outro qui sent bon les live où l’on se rentre gentiment dedans dans les premiers rangs. J’ai vu récemment Dave Grohl dans une interview d’époque, évoquer Nirvana en affirmant qu’il ne faisait peu ou prou rien d’autre que Hüsker Dü n’avait pas déjà pratiqué au début des années 80. Mais force est de constater que beaucoup de groupes s’y sont essayés sans parvenir à trouver ce subtil équilibre entre aspirations pop et rock furieux. Vanilla Blue passe le test haut la main et alterne habilement rythmiques frondeuses très 90’s angevines (« Call My Name » et sa basse énervée, « Boring Nights, Endless Days » et son harmonica inattendu). Le morceau-titre (« Dark Cities ») et son final rageur n’aurait également pas dépareillé sur un album de LANE. Le groupe n’est pas en reste sur les mid-tempos élégants, le chant en avant (« Come Lover », la ballade western country « For Those we Left Behind », « Harry »). Dans le refrain déterminé de « Your Prize Idiot », on entend un « Don’t know what I want, but I want It for sure ». Le groupe y va effectivement franco à chaque titre, bien aidé par une production au cordeau (par un ex-Burning Heads) qui assure un parfait équilibre entre guitares tranchantes et voix notamment. Tout en incorporant discrètement guitares acoustiques, piano, claviers et overdubs vocaux, très efficaces sur la plupart des titres. « An Easy Game to Play ? ». Pas vraiment. Plutôt un savoir-faire d’artisans qui travaillent patiemment le g(r)ain sonore… et savent écrire des chansons. Peu importe que ce soit sur un titre de 1 minute 25.

Sur la page d’ouverture de Nineteen Something, on peut trouver la description suivante. « Label indépendant et distributeur numérique* de rock souterrain. Pour que les héros du Peuple demeurent immortels ». Vanilla Blue joue bien ce rock que l’on aime. Avec énergie, urgence et la touche mélodique qui fait les disques que l’on n’oublie pas. La promesse est tenue. Well Done.

Sonicdragao

*L’album est malgré tout disponible également en CD et LP.

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