Usé – Couleur brique
Approchez, approchez, délectez-vous. Les premières secondes sont savoureuses. Toux, dégueulis, rire satanique ? Sans doute les trois à la fois. À notre attention peut-être. Mais également, à n’en point douter, à l’égard du « chef d’é, chef d’é, chef d’état” comme Usé le martèle dans la foulée. Puis, ce sont les instruments qui toussent et vomissent de concert pour exprimer leur admiration sans Borne pour celui qui nous dirige. Le premier Usé poussait le bouchon très (mais certainement pas trop) loin dans l’expression d’une musique suffocante, sans répit. Cela le rendait éminemment jouissif. Selflic tendait à prouver qu’Usé sait aussi chanter. Et perdait au passage du mordant de ce redoutable Chien d’la casse qui jamais ne nous ménageait l’arrière-train. Sur Couleur brique, Usé sait toujours chanter, le fait même en duo (« Acétone en automne »), peut-être un peu trop (le synthpop « Souillé » sans être infamant n’est pas ce que l’on attend le plus de lui). « Crush », parvient, lui, à mêler habilement une mélodie, du chant, tout en conservant ce soupçon d’hystérie qui lui sied à merveille et nous procure l’envie de marcher tout droit, sans but, mais avec conviction.
Heureusement, Usé n’oublie pas qu’il est resplendissant dans l’abject et nous tamponne également un bon coup, à grand renfort de synthés tournoyants, hystériques et de fracas de fûts appliqués (« Tamponne-moi ») avant une valse vénéneuse avinée (« Pour se revoir »). Nous voilà donc dans un parfait entre deux, entre figue et raisin, parpaings et caresses, sueur et tendresse, laissant au final un goût de trop peu (six véritables titres, le dernier étant plutôt une outro) et de peut mieux.
Jonathan Lopez