Usé – Chien d’la Casse
Inspirez, expirez. Inspirez, expirez. Inspirez, expirez.
Vous voilà prêts. Prêts à affronter l’ébouriffante cavalcade qu’est le premier album d’Usé. Pardonnez-moi d’avance l’affreux jeu de mots mais s’il y a bien un qualificatif qui convient à ce disque c’est… usant.
D’entrée de jeu, un cabot bien nerveux nous accueille et nous met dans le bain : la pression sera là, ne nous lâchera pas et ce sale clébard semble guetter le moindre ralentissement pour nous chiquer le mollet.
Alors Usé attaque tambour battant ; rythmique martelée sans relâche et synthés indomptables sur « Nuke Moi Encore ». Il « Respire » un peu, mais “à contretemps“, débitant à vive allure, sans la moindre sérénité, entouré d’un fatras métallique. Au prix de cet effort colossal, il parvient à semer le satané clébard et ferme la porte derrière lui. Mais ça n’a pas l’air d’aller mieux (« enfermé dans cette piaule à boire toute cette gnôle » se lamente-t-il planqué « Sous (S)es Draps »).
Après cette brève accalmie, nous revoilà repartis plus frénétiquement que jamais et face à bien des obstacles (« Plusieurs Collisions Par Minute »). Malgré les chocs, les bleus, Usé ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Une dose d’ « Amphétamine » et il remet la gomme. 6 minutes de brutalité pure, de sonorités qui s’entrechoquent, de noise sans répit et Usé crie pour se faire entendre dans tout ce raffut. Et nous on entend (sans doute à tort mais personne ne nous en voudra) un hystérique « l’assista-l’assista-l’assistanaaaat », comme si François Fillon s’était emparé du micro pour hurler une des vieilles lubies de son cher parti. Poursuivi par un chien enragé ou un François Fillon remonté, je ne sais pas ce qu’il y a de pire. Pour Usé en tout cas, la fuite est toujours la priorité. Et ça tabasse toujours sec autour de lui. Comme encerclé par toute une panoplie d’instruments de fortune plus tranchants et incisifs les uns que les autres.
Et puis après le bien nommé “Infini”, la boucle infernale dans laquelle on semble prisonnier depuis une demi-heure, s’apprête à nous libérer. Au bout de ce long tunnel, une boutade. La conclusion de ce Chien d’la Casse éminemment irrespirable se nomme « C’est Si Lisse », antithèse parfaite de cette musique qui n’a cessé de nous bousculer, violenter, nous laisser sur le qui-vive permanent.
Usé, lui, continue son bonhomme de chemin, désormais chez Born Bad, sans remettre en question ses fondamentaux DIY, acquis chez Et Mon C’est Du Tofu dont on ne dira jamais assez de bien, étrennés au sein de Headwar et de ses autres innombrables projets. En attendant on a échappé au clebs enragé, mais pas à Fillon et encore moins à la contagion d’un disque qui fait bien flipper au départ, mais que nos oreilles masochistes réclament ensuite à intervalles réguliers.
JL