Unspkble – Friction EP

Publié par le 4 août 2020 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Rejuvenation/Kerviniou, 6 juin 2020)

Pendant que tout le monde se caresse plus que de raison sur le nouvel album de Fontaines D.C. brandissant des “album de l’année !” en août, alors qu’ils l’auront oublié dans deux mois quand sortira le nouvel Idles, voilà un nouveau fier représentant post-punk français qui déboule de Montpellier. Et après Lonely Walk en janvier, Tchewsky & Wood l’an passé, Litovsk, Frustration, Vox Low (plus dubby/dansant), Dewaere (plus teigneux/noiseux) et bien d’autres précédemment, on peut se targuer d’avoir de quoi la ramener un peu dans nos contrées et cesser de s’exciter sur les premiers britanniques venus.

L’artwork superbe ne fait guère de mystère quant aux intentions du groupe, pas de place ici pour les ballades mièvres et les sourires bienveillants. Et d’emblée, “Irreversible” extrêmement offensif et oppressant, nous malmène comme il se doit. Puis la basse de Greg Reju (par ailleurs boss tyrannique du label très recommandable Rejuvenation) se pointe et relève les cadavres un à un, les invitant à s’agiter dans une danse macabre irrémédiablement groovy (“Questioning Collapse”). “We gonna bring you down” assène Dion Lax, à qui on pouvait reprocher dans un premier temps une voix un peu passe-partout dans cet exercice, mais force est de constater qu’il mène remarquablement sa troupe, le tout avec un accent anglais impeccable (le serait-il ?).

S’il a ôté quelques voyelles à l’un des titres de Killing Joke, Unspkble a bien conservé l’esprit du groupe de Jaz Coleman (avant qu’il ne vire metalleux) et il n’est pas rare d’y songer. Malgré tout, les montpelliérains parviennent à faire oublier les imposantes références (ajoutons PiL ou The Sound pour faire frétiller le tout-venant), varient également en allant tâter du clavier (“Where All Hope Dies”, plus synthétique mais non moins tendu, dont le break à mi-chemin devrait effrayer plus d’un couard) et brise nos dernières résistances avec “Mesmerized” dont l’intro crasseuse et vicelarde pousse à longer les murs tandis que les gémissements du chanteur et claviers malaisants pourraient bien nous hanter quelques temps…

Ce n’est certainement pas de ce disque dont vous entendrez le plus parler, ce ne sont pas ses singles qui seront portés aux nues mais si vous cherchez le grand Friction, c’est peut-être chez Unspkble que vous le trouverez. Les ignorer serait inxcsble.

Jonathan Lopez

Écoutez l’EP ci-dessous et achetez-le (c’est un ordre) en digital ou vinyle (mais autant attendre vendredi quand Bandcamp versera la totalité des recettes aux artistes).

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