Lonely Walk – Lonely Walk

Publié par le 6 février 2020 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Permafrost/Kerviniou/I Love Limoges, 20 janvier 2020)

Derrière Lonely Walk, un certain Monsieur Crâne, qui ne marche pas seul mais guide sa troupe (légèrement renouvelée ici) avec talent depuis 2010, et qui a visiblement eu sa dose de misère sociale et d’actu morose pour garder tout cela pour lui (difficile de contenir bien longtemps une tempête sous un crâne…).

Lonely Walk porte ainsi en son sein un je-ne-sais-quoi de dérangeant, si ce n’est malsain. Une sensation tenace d’être bousculé, pour ne pas dire molesté. Quelque chose d’audacieux et de singulier également, ce qui est une excellente idée à l’heure où les groupes post punk/cold wave pullulent et sont parfois aussi vite écoutés qu’oubliés tant ils ressemblent au précédent (qui lui-même…). Audacieux comme cette alternance anglais/français sur “Red Light”, morceau qui nous malmène avant un refrain plus léger et mélodique.

Singulier par son parti pris, avec basse et synthés au diapason et omniprésents, et une guitare qui ne la ramène pas, ou si peu. Et ce troisième album des bordelais affiche une vraie belle cohérence d’ensemble, se montre entrainant sans être superficiellement dansant, palpitant sans chercher à faire dans le clinquant. On aime ainsi jouer sur la répétition comme de coutume dans ce genre de musique (“Fake Town” et sa rythmique obsédante. Tu ne peux pas lutter, le veux-tu seulement ?) mais on n’en fait pas non plus une nécessité. Les morceaux demeurent malgré tout très évolutifs avec des synthés loin de la caricature 80s parfois soulante ou du gimmick fainéant (“Shadow of the Time” où, intenables, ils n’ont de cesse de nous trimballer tandis que la basse nous fait de l’œil en ronronnant, “Look At Yourself” aussi percutant que son titre est accusateur et qui s’échappe sur la fin, en roue libre).

En guise de plaidoyer imparable pour la cause Lonely Walk, “TG” qu’on a bien envie d’interpréter comme un bon gros “TA GUEULE”, fait dans la rage contenue avec cette tension qui règne en maître et le chant de Monsieur Crâne à l’anxiété grandissante jusqu’au final où il beugle à la façon d’un Jason Williamson (Sleaford Mods) à qui on aurait bien pris la tête. Il fallait que ça sorte, et on l’a bien senti passer. Merci bien, ça ne fait jamais de mal de se faire remettre en place.

Jonathan Lopez

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