Tropical Fuck Storm – Braindrops

Publié par le 15 août 2019 dans Chroniques, Notre sélection

(Joyful Noise Recordings / Differ-Ant, 23 août 2019)

Pour la fin de l’été, voilà que débarque un deuxième album des australiens de Tropical Fuck Storm. Idéal pour une prochaine campagne anti canicule. Restez dans un endroit frais et ventilé. Ne consommez pas de substances illicites. Fuyez le soleil australien. La folie est proche ! À l’écoute de la scène australienne ces dernières années, Tame Impala et surtout King Gizzard & The Lizard Wizard en tête, je ne vois que la répétition d’insolations ou la prise de stupéfiants pour expliquer cette recrudescence de disques barrés. Qui dessinent une nouvelle carte du psychédélisme, avec l’Océanie comme nouvel épicentre excitant du rock. Tropical Fuck Storm déclenche lui aussi sa petite secousse !

Formé par 2 ex-The Drones rejoints par 2 nouvelles têtes (Lauren Hammel, de High Tension à la batterie et Erica Dunn, de MOD CON, Harmony et Palm Springs à la guitare et claviers), le quatuor avait pourtant déjà prévenu le petit monde du rock déviant. Par le biais d’un premier album déglingué étonnant (A Laughing Death In Meatspace, sorti l’an passé) à la pochette délirante. Les australiens réitèrent le choc esthétique. Nouvelle pochette… euh… barrée ! Nouveau disque inclassable et excitant. Bon c’est sûr, si vous n’êtes pas adepte de musique déviante, le rock noisy parfois chaotique de l’album risque de vous vriller les tympans. Ne partez pas ! Dès la première écoute, des titres plus apaisés (bon, ça reste quand même bien bien barré) semblent apporter un tout autre contraste et un bel équilibre à l’ensemble. C’est le genre d’album qui ne révèle pas son potentiel d’entrée de jeu. Il faudra être patient, apprivoiser ces guitares dissonantes, ces sonorités parfois inhospitalières, ce chaos qui écorche nos oreilles. L’album est inconfortable, comme avait pu l’être la découverte des premiers Sonic Youth. Mais dès la première écoute, sort du lot ce « Maria 63 », titre fleuve de 8 minutes qui clôture l’album et fait déjà office de grosse sensation. D’abord apaisé, crépusculaire, et porté par les voix habitées du duo Gareth Liddiard/Fiona Kitschin, le titre se déploie progressivement dans un final noisy puissant assez magistral entre cordes et électricité abrasive. Sublime. Et finalement le titre le plus accessible ? Ajoutez son pendant « Maria 62 », et vous avez les 2 titres les plus « agréables » pour oreilles un peu délicates. En tout cas, des titres presque à part sur l’album tant l’électricité se fait plus incisive sur le reste. Avec brio sur un début d’album assez incroyable. Pas évident de prime abord mais dès la seconde écoute et les suivantes, il faut se rendre à l’évidence : ce rock noisy devient très vite addictif. « Paradise », le premier single de 6 minutes (!), qui ouvre l’album avec son faux rythme lancinant, ses guitares dissonantes, ce chant trainant, pose ensuite quelques mines noisy bien efficaces. Basse ronde groovy, riffs déglingués, duo vocal déjanté, « The Planet Of Straw Men » ou « Who’s My Eugene » sont tout aussi excitants dans le genre noisy lo-fi. Avec « The Happiest Guy Around » en mode dérapage (in)contrôlé et surtout un « Braindrops » assez dément, on navigue plutôt dans un crossover noisy hip-hop étonnant. Entre les deux, comme échoué là par hasard, « Maria 62 », presque un apaisement au milieu du chaos. Ça part dans tous les sens ! Hormis un petit temps mort avec « Aspirin » et un instrumental inquiétant et inhospitalier (« Desert Sands Of Venus »), l’album est solide et on a hâte de les retrouver surtout avec le magistral « Maria 63 », en guise de feu d’artifice final et qui vaut à lui seul l’acquisition de ce disque ovni.

Tropical Fuck Storm ne laissera personne indifférent. Et va sans doute déchainer les commentaires. On aimera. On détestera. D’abord pas tout à fait convaincant, le disque se dévoile finalement au fil du temps. Comme par magie. Strident, dissonant, chaotique, lo-fi, ce noisy rock étrange faussement bancal ne manque pas d’idées et de fulgurances. Psyché ? Post-punk ? Arty ? En tout cas suffisamment barré pour rendre l’Australie toujours plus excitante pour les amateurs de rock déviant.

Sonicdragao

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