Tricky, Antistar Superstar, de Florine Delcourt
Il est des artistes inclassables qui traversent les décennies en dehors du star-system, de manière souterraine, imprévisible. Tricky est de ceux-là. Comme le décrit judicieusement le livre passionnant de Florine Delcourt, Tricky a cette ambivalence qui laisse sans voix. Il est ce trait d’union qui n’encombre personne. Au contraire, il emplit notre existence d’une mélancolie vitale. La musique de Tricky s’accommode parfaitement de voix féminines, elle est l’équilibre d’imperfections vocales, magnifiée par Martina Topley-Bird, sa partenaire et muse de toujours.
Les journalistes savent qu’une interview avec Tricky revient à s’aventurer en terre inconnue, dans un no man’s land, lui qui désire par-dessus tout brouiller tous les codes, les schémas et les redondances. Florine Delcourt nous invite a découvrir le jardin secret d’un musicien timide, dont le parcours atypique revêt de multiples expériences sensorielles.
Tricky (Adrian Taws) est un touche-à-tout. Aussitôt échappé de Massive Attack, il entre dans une zone d’autonomie, et s’aventure dans une réelle odyssée, expulsant les fantômes qui hantent sa mémoire, en matérialisant les bribes et les scories de son enfance, dans un premier long format publié en 1995, hommage à sa mère Maxine Quaye.
La genèse d’un courant musical
Florine Delcourt retrace avec une précision méticuleuse l’histoire du club The Dug Out de Bristol (« lieu où se rendaient tous ceux qui n’avaient pas à se lever pour travailler le lendemain »), endroit incontournable et indissociable de la nébuleuse qui accueillait en son sein le futur Bristol Sound. Les Wild Bunch (sound system embryon des futurs membres de Massive Attack) se produisent régulièrement, Tricky participe aux prestations scéniques du collectif.
Dans toute genèse, il y a toujours un élément déterminant, il est ici incarné par Neneh Cherry (belle fille du jazzman Don Cherry) qui fréquente régulièrement le club. Elle propose à DJ Milo un voyage au Japon, auquel se joignent 3D, Daddy G et Nellee Hooper. Le collectif décroche un contrat avec une filiale d’Island Records, au moment même où le projet implose. Pour honorer le contrat avec le label, 3D enregistre un maxi-single où figure une reprise de « The Look of Love » de Burt Bacharach, une version ralentie où les basses se mêlent à des sonorités abrasives. Le titre est considéré à ce jour comme le point de départ du hip-hop britannique. Neneh Cherry publie en 1989 « Raw Like Sushi », avec la participation des membres du Wild Bunch (3D, Mushroom). Le mouvement musical se déclinant sous de multiples filiations inspire à 3D la création de The Underground Massive Attack. Les balises sont posées.
S’ensuit le 8 avril 1991 la sortie mondiale de Blue Lines sous le nom de Massive Attack, ouvrant la voie à une nouvelle décennie d’expérimentations combinant plusieurs univers musicaux, dont la culture vinyle, un revers pour l’industrie du disque obsédée par la révolution du CD. Le succès est immédiat, mais Tricky a déjà pris une certaine distance : « Je me sentais aliéné, peu à peu, c’est devenu un vrai job avec des horaires, alors je me suis cassé » déclare-t-il alors en laissant « Karmacoma » en 1994 comme un signe du destin.
Tricky propose à Massive Attack « Aftermath » comme ultime tentative mais le titre ne sera pas conservé dans l’album Protection. Il est temps pour lui de s’émanciper. Après avoir perdu contact avec Martina Topley-Bird, ils se retrouvent par hasard pour enregistrer en studio l’album fondateur de sa carrière, Maxinquaye dont la singularité est à contre-courant de la Britpop.
Florine Delcourt décrit l’ascension du kid, ses périodes down, ses rebonds et ses absences, ses proches foudroyés par le destin. Tel un Iggy Pop du trip-hop, Tricky est désormais un vétéran, dans le sens noble du terme. Antistar Superstar dresse le portrait d’un artiste iconoclaste, dont l’inspiration intarissable se renouvelle, de fulgurances en vagabondages, il est et reste à ce jour, une exception entourée d’un halo de mystère magnétique, au-delà des illusions qui ne durent que le temps d’un accostage, un appel de sirènes lointaines vers d’autres horizons. Pour paraphraser la conclusion de la journaliste : « Peu d’artistes auront autant subverti l’hybris de la Rockstar que Tricky ».
Franck Irle
Tricky, Antistar Superstar, écrit par Florine Delcourt (rédactrice de Ground Control sur Arte et responsable culturelle du magazine de Harper’s Bazaar France).
Mme DELCOURT, ayez au moins l’honnêteté de citer les phrases et passages que vous avez copié sans vergogne semble t-il de l’ouvrage paru en 2016: EN DEHORS DE LA ZONE DE CONFORT écrit avec talent par M.CHEMAM.
Si le mot probité a un sens pour vous…
Ami lecteur, évitez ce livre et reportez vous sur l’original
Merci pour cette belle découverte livre brillant