Trainfantome – Thirst

Publié par le 26 octobre 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Howlin Banana / Flippin’ Freaks / Influenza, 27 octobre 2023)

On approche doucement de la fin de l’année. Et au rang des découvertes de 2023*, on pourra aisément dégainer le nom (chelou) de Trainfantome dans la catégorie des bonnes surprises côté frenchy (NdRC : pour ceux qui ne l’avait pas déjà repéré en 2018 avec le premier album). Et constater que le shoegaze continue d’infuser dans bon nombre de productions actuelles. Une année où un des cadors du genre squattera sans doute les tops musicaux (Slowdive, pour les distraits du fond).

A l’instar d’un Cosmopaark en début d’année, le groupe nantais souffle en effet souvent des vents puissants de guitares qui rappellent la dernière décennie du siècle passé, mais les qualificatifs grunge, noisy-pop ou lo-fi pourront aussi bien qualifier leur musique, si vous aimez les étiquettes. Sans pour autant s’y cantonner et verser dans une nostalgie tristoune. Même si un interlude lancinant se nomme « La déprime » et que le chat de la pochette vous donnera moins la banane que le chien de l’artwork du dernier It It Anita

Le disque s’ouvre sur une ambiance maritime ensoleillée (et trompeuse)… mais d’entrée la menace est annoncée (le titre s’appelle « Rogue Waves »). Et on va être régulièrement secoué par cette ampleur sonore… et se prendre des murs de guitares scélérats (le splendide « Autodrama », la seconde partie de « Tunnel Vision »). Bien servis en cela par une production efficace, les compositions ne sont pas avares en mélodies marquantes et une belle mélancolie accompagne souvent le (beau) timbre de voix d’Olivier Le Tohic. 

Parfois sous des atours plus synthétiques (« Adulthood », la voix trafiquée de « Tunnel Vision », les nappes de claviers de « Trust Fall »), parfois en mode lo-fi (le trop court « Thirst », « La déprime »), souvent avec le verbe lourd et vénéneux de voyageurs un peu cabossés par la vie (« Spin », « New Mistake »). Et sans pour autant éviter les coups de sang à l’image du plus énervé « Fomo (part 2) » qui distille une petite vibe emo, le groupe n’ayant donc pas puisé que dans les 90’s son inspiration. Des vocalises flirtant avec le post-hardcore se devinent ainsi parfois en arrière-plan. 

Au final, un disque solide et homogène aux influences évidentes mais habilement digérées dans des compositions catchy et variées. 

S’il en fallait plus pour vous convaincre, Trainfantome vous emmènera dans un ultime roller-coaster émotionnel avec le formidable dernier titre « From your Side », parfait condensé de son savoir-faire. Sur le premier titre, on devinait la mer, sur la dernière minute de celui-ci, ce sont plutôt des embruns électriques qui vous caresseront le visage. Reste à savoir si la petite humidité au coin de l’œil sera d’origine maritime. La mélancolie peut-être ?

Sonicdragao

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