The Psychotic Monks – Pink Colour Surgery

Publié par le 1 février 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Vicious Circle Records / Fat Cat
Records, 3 février 2023)

Afin de vous épargner des éternels apitoiements d’un monde réduit aux chiffres et voué à une lente dégradation, il existe encore des forteresses imprenables, des microcosmes où les escapades sonores gomment toutes les frontières. C’est avec une précision maniaque que la musique spontanée des Psychotic Monks singularise leur démarche et leur vision.

Après le captivant et déroutant Private Meaning First, les Psychotic Monks n’ont pas baissé d’un seul cran le champ de leurs explorations. Sur scène, c’est tout autant une expérience visuelle et sonore, et chaque fois, une prestation inattendue. N’étant plus contraint aux rythmes normaux du monde réel, ni aux standards des canons musicaux, le groupe ne se limite pas à un mimétisme post-noise. Depuis leur paroisse, isolés du fracas du monde extérieur, le groupe martèle ses dynamiques d’électrochocs comme le sujet d’une grande expérience sonore.

Comment alors qualifier ce troisième album si ce n’est un joyau d’agression musicale déformée ? La teneur est parfois difficile à décrire. Après une brève introduction, « post-post » est un maelstrom, une embardée post-apocalyptique de circuits en décomposition. L’imbrication des instruments avec le chant, ne sonne pas comme quelque chose de déjà entendu. Les Psychotic Monks ne tombent jamais dans le piège du démonstratif, justement parce qu’ils s’éloignent de la réalité pour modeler la matière jusqu’à sa dissection, son atomisation.

Le groupe nous avait déjà livré quelques indices avec en avant-première « Crash », mutant électro-indus-noise, parangon de lucidité intensifié par une perception radicale de la mélodie.

L’album acquiert ce charme mystérieux à mesure de son déroulé, comme des maillons non corrompus d’un univers organique, « Décors » s’ancre profondément dans l’encéphale, jusqu’à en devenir obsédant, se structurant comme des éléments chimiques. Huit minutes labyrinthiques. « All that Fall » est probablement le titre le plus fascinant, oscillant entre explosions bruitistes et transitions d’accalmies. Une conscience aigüe du réel, une sorte de stimulus dans le processus de création, marqueur indéniable du groupe. Are you watching now? Ces états de dépassement de conscience concernent autant l’auditoire que les musiciens. Rarement, un groupe aura franchi le seuil d’une musique disparate pour reconstituer la psyché complexe de l’âme dans ses nombreuses cavités. Et justement, le quatuor est en tournée, un conseil : ne manquez pas de vivre en direct ce que l’on peut assimiler à un état de transe.

Franck Irle

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