The Murlocs – Bittersweet Demons

Publié par le 16 juin 2021 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(ATO, 25 juin 2021)

Pour situer le sujet, disons que les Murlocs, groupe australien fondé il y a 10 ans, sont dans la « galaxie » King Gizzard and the Lizard Wizard. En particulier, son leader, Ambrose Kenny-Smith et Cook Craig, font partie des deux groupes, le premier à la voix et différents instruments et le second à la basse. J’avais remarqué ce type un peu bizarre, je parle de Ambrose, qui vient pousser la chansonnette sur quelques morceaux aux concerts de « KG&LW ». Une dégaine étrange, une voix reconnaissable entre mille et notamment sur le fameux « Billabong Valley » (sur Flying Microtonal Banana), un des fers de lance des concerts de King Gizzard. Avec son regard fixe et son timbre de post-ado, le bonhomme a beaucoup de charisme. Enfin, voilà, il a donc un deuxième groupe, appelé les Murlocs, qui sort en juin leur nouvel opus, Bittersweet Demons. Ne connaissant que très peu la disco de nos amis australiens, je me lance sans filet, sans filtre et sans aucun a priori. Ça démarre avec le très catchy « Francesca » et son intro  de moteur à l’allumage, le ton est donné, on va voyager dans les grands espaces. La plage éponyme, « Bittersweet Demons », est faite pour Ambrose dans son répertoire le plus crooner jazzy. On se le remet, celui-là, on accroche vraiment à sa petite ligne obsédante au piano et sa légère nostalgie. « Eating At You » est le single qui sort le 18 mai, un bon mois avant le LP. On l’imagine bien en milieu de concert, un peu racoleur, avant de balancer la suite. « Illuminate The Shade » est garage/pop, le batteur est sur son floor tom (ce qui est toujours bon signe), une petite ligne d’orgue nous propulse dans l’espace, on ralentit, on arrive en orbite basse, et ça redémarre à bloc, on est heureux ! En écoutant « Skyrocket », on se dit que les Murlocs feraient d’excellentes bandes originales de films. Les montées, descentes et climax seraient parfaits pour la scène où le personnage principal réalise qu’il n’y a plus d’autre issue que de monter dans le Mustang et rouler tout droit… jusqu’au mur. Ambrose a cette tonalité du désespoir nihiliste et les bidouillages électroniques genre 70’s viennent renforcer le sentiment d’être en marge de ces nouvelles années 20 manquant décidément d’âme et de fun. Le jazzy et sautillant « Blue Eyed Runner » nous emmène dans un monde sans Covid, sans smartphone… J’ai lu aujourd’hui que des « influenceurs » se faisaient payer 1, 2, 10, 100€ par un public décérébré pour faire telle ou telle tâche devant leur webcam, faire la vaisselle ou autre. Juste un exemple parmi des milliers d’autres et c’est LÀ que le rock and roll nous sauve vraiment. Bref. L’album se termine sur le déchirant « Misinterpreted » et je réalise que Bittersweet Demons est un bon album qui ne va pas me quitter pendant quelque temps et là où je voyais les Murlocs comme un groupe un peu anecdotique, sorte de soupape de sécurité à notre Pål Pot Pamparius australien, il fallait plutôt prendre le temps d’écouter ce groupe éveillant de grosses envies de liberté !

Manu

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