Terne – Quiet Place EP

Publié par le 9 novembre 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Autoproduit, 20 octobre 2023)

Quand je me suis aperçu que j’allais atteindre un chiffre rond assez significatif de chroniques éditées sur ce noble site (mode modestie off), je me suis demandé à quel disque j’allais réserver ce petit plaisir personnel.

Et finalement, l’évidence. Je gribouille des chroniques pour faire des découvertes musicales. Pour ensuite les balancer comme on jette des bouteilles à la mer à la rencontre d’autres naufragés mélomanes en quête d’aventures. C’est en faisant une interview du groupe haut-rhinois Fragile Figures en février que j’ai découvert sur la scène qu’ils partageaient, un trio du même département, Terne, originaire de Mulhouse, ville où j’ai vu le jour, il y a (pas si) longtemps.

Le 27 octobre, Terne faisait la release party de son premier EP au Noumatrouff, la salle où j’ai vu mon premier concert en 1997. L’occasion était donc trop belle de parler d’un de mes coups de cœur 2023 dans la catégorie « Indie band local ».

Le post-punk vitaminé et imparable de Terne m’a bluffé dès le premier concert. Depuis février, je les ai revu à trois reprises dans trois salles différentes, signe que ces trois jeunes gens aiment la scène. Et sont décidés à recruter de nouveaux fans dans tout l’Est et au-delà (ils viennent de faire une date à Nantes), salle par salle, chanson après chanson, concert après concert. Avec une énergie folle qui m’a furieusement rappelé un autre power trio guitare-basse-batterie : Lysistrata. Dans la débauche de décibels, l’urgence et cette manière d’embarquer tout le monde avec du chant en trio. 

Terne n’a pour l’instant que cinq titres sur les réseaux. « Moments », titre sorti en septembre 2022, un crescendo efficace qui posait le style du trio : section rythmique solide (façon post-punk mais pas que) et une guitare aventureuse jamais avare en riffs bien sentis, rythmiques massives ou digressions élégantes en son clean. Et depuis quinze jours, cet EP de quatre titres, Quiet Place, à l’artwork rose qui rappelle le gimmick de leur entrée sur scène. En arrivant, ils se délestent chacun d’une veste rose qu’ils posent sur un porte-manteau. Et se retrouve tous en t-shirt… rose. Mulhouse, nouvelle ville rose ? 

Sur « Elevator » qui ouvre l’EP, le trio semble régler quelques comptes avec ceux qui pourraient penser qu’ils vont suivre le chemin de vie tout tracé par le conformisme. Et non ! Le trio traque résolument la fièvre et l’urgence, les petits « Moments » mémorables. Petit sample, guitare stridente, chant collectif, le trio manie la tension avec efficacité et dissémine quelques explosions sur le parcours. Avant de se ménager un nouveau crescendo puissant. Même recette sur « Love » qui donne cependant une place plus conséquente au duo basse-batterie. Avec cette guitare rectiligne qui distribue les riffs comme on avale les kilomètres pied au plancher. L’intro de « Comfort » semble vouloir reproduire le même pattern, mais la section rythmique joue ensuite habilement du start and stop pour nous dérouter. Avant de repartir de plus belle en mode furieux et nous offrir une outro noisy sur la dernière minute. Et s’il en fallait plus pour convaincre, « Side by Side » enfonce le clou avec brio. Rythmique addictive, coups de boutoir réguliers dans la tronche, ce passage en son clean assez superbe au centre du morceau et un final parfait avec quelques beaux murs de guitares. Sur son Bandcamp, le groupe présente sa musique imprégnée de sueur et de mélancolie. Contrat rempli. Cet EP est prometteur, bien qu’un peu court, mais le groupe a déjà d’autres compositions tout aussi emballantes et rodées sur scène, où leur puissance s’exprime le mieux. On espère donc les retrouver bientôt à l’épreuve sur un premier long format.

C’est toujours dans une petite salle que les plus grands groupes du monde ont commencé, right? Soutenez votre scène locale ! Le rock hexagonal n’a jamais été aussi riche. Ici, depuis les petites salles d’Alsace, on est bien gâté avec des groupes aussi talentueux et divers que Fragile Figures, Pales, Kamarad, Sinaive, Last Train et donc… Terne, à qui on souhaite un futur radieux…

Fini le blues dans la banlieue de Mulhouse, comme le chantait Eddy, c’est rose maintenant, comme le chantait Edith…

Sonicdragao

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