Sons of Alpha Centauri – Pull

Publié par le 18 avril 2024 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Exile on Mainstream, 28 mars 2024)

L’album s’ouvre sur ce constat sous forme de rappel cruel : nous sommes tous éphémères. Merci pour le coup de blues Jonah. On est de passage, on ne l’oublie jamais tout à fait, d’autant que ça nous donne bonne conscience pour profiter pleinement de cette chienne de vie et la meilleure manière pour ça, vous le savez aussi bien que moi : bouffer des disques. Celui-ci, dont le titre n’a pas dû nécessiter un intense brainstorming, on le scrutait avec une certaine impatience.

Pull fait donc suite à Push et – c’est là le plus important – tient parfaitement la comparaison avec son prédécesseur qu’on tenait en très haute estime et fait figure de parfait complément. Push me, pull me. Une dualité logique puisque Sons of Alpha Centauri dont c’est le cinquième album n’est plus tout à fait le même groupe depuis qu’il a été rejoint par le chanteur/guitariste Jonah Matranga (Far, New End Original, Gratitude, Onelinedrawing…) et le batteur Mitch Wheeler (Will Haven, Ghostride, The Abominable Iron Sloth) sur le disque précédent.

Après un « Ephemeral » redoutable d’efficacité, Sons of Alpha Centauri aligne les riffs inattaquables et Jonah Matranga n’a rien perdu de son charisme vocal ineffable (et c’est la première fois qu’on note qu’il y a un peu de Mina, ex-Keith, Caputo de Life of Agony dans son chant. Si vous vous demandez : c’est évidemment un bon point). Pull nous fait le coup classique du disque sur lequel on revient d’abord principalement pour un ou deux titres, puis quatre ou cinq, avant de se rendre compte qu’on les aime tous, beaucoup, ces putains de titres. Les parties de guitare du final de « Ease », le refrain de « Pull », le bulldozer que constitue « The Ways We Were », la formidable ballade plombée « Doomed »… Jonah n’a décidément pas son pareil pour nous flinguer le moral (il faut l’entendre nous glisser délicatement « we are doomed »…) mais si on est effectivement foutus, notre fin en sera moins douloureuse avec un morceau de ce calibre pour se cajoler. « Final Voyage » et son « All of us are gonna die someday » (fan de Robert Smith, Jonah ?) semble confirmer qu’on ne va pas s’en sortir comme ça mais là encore, on ne peut qu’accepter notre sort, sourire aux lèvres. À l’image de ce titre, derrière l’aspect frontal de ses riffs, les compositions de Pull, entre post-hardcore et post-metal, ne manquent jamais de subtilités, de sensibilités, de moments poignants et semblent s’enrichir davantage à chaque écoute… Pour ne rien gâcher (et donc nous obliger à l’acheter), le logo de SOAC qui fait un peu trop marque de cosmétique (bio et vegan) à notre goût ne parvient pas à ternir totalement cette très belle pochette, laquelle parait tirée d’un film d’anticipation dystopique. « Tetanus Blades » en est l’illustration parfaite avec ses synthés atmosphériques qui plantent le décor, ce motif de guitare qui revient inlassablement, le chant tout en retenue, empli de mélancolie, et ce refrain qui finit par nous exploser à la face. Superbe.

L’alchimie est décidément inespérée et, on ne peut qu’être surpris, un peu dépité aussi, de constater que ce groupe ne déchaîne pas davantage les passions. Écoutez-nous, bon sang ! Et écoutez-le surtout.

Jonathan Lopez

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