Redd Kross – Redd Kross

Publié par le 23 décembre 2024 dans Chroniques, Toutes les chroniques

Les Rolling Stones, les Who ou les Kinks de la fin des années 60 sont-ils des groupes de rock, des groupes psychés, des groupes de pop baroque ou même de pop tout court ? Si la réponse à cette question ne vous parait pas évidente, alors vous comprenez qu’il ne m’est pas si simple de vous expliquer clairement ce qui vous attend sur le dernier album de Redd Kross.

En 2019, lorsque sortait son album précédent (Beyond The Door), je louais la qualité de sa musique tout en reconnaissant ne pas tellement m’y être penché hormis son EP Teen Babes From Monsanto du milieu des années 80. Cinq ans plus tard, ayant été convaincu par l’expérience, j’ai rattrapé mon retard et c’est en toute connaissance de cause que j’entame l’écoute de ce dernier album simplement intitulé Redd Kross. Et ça tombe plutôt bien parce que le fait de sortir un album self-titled, d’y mettre 18 chansons et de nommer la dernière « Born Innocent » (qui est également le nom du premier album du groupe) pouvait donner des allures d’album bilan, dans lequel il était plus pertinent de se lancer en connaissance de cause.

Même si « Candy Coloured Catastrophe » qui ouvre le bal peut nous faire penser à la dynamique de « Jimmy’s Fantasy » (début guitare acoustique et voix avant un refrain plus énervé), qui introduisait Phaseshifter en 1993, avec un gros riff en moins et plus d’harmonies vocales, cet album rouge de Redd Kross est assez loin des années 90. En vérité, il nous propose tout ce que l’Angleterre de la fin des années 60 avait à nous offrir de mieux en termes de pop : outre les harmonies vocales déjà citées, psychédélisme teinté d’une imagerie médiévale fantastique (« The Shaman’s Disappearing Robe », « The Witche’s Stand ») ou de libération sexuelle (« Emmanuelle Insane »), riffs de guitare (« The Main Attraction », « What’s In It For You », « I’ll Take Your Word For It »), même un orgue sur la garage « Lay Down And Die », et évidemment une palanquée de mélodies accrocheuses. Mais comme Redd Kross n’a jamais été le genre de groupe à faire du copier-coller, il passe cela à la moulinette de ses influences années 70, en y ajoutant le côté flamboyant de Kiss, Alice Cooper ou Cheap Trick (« Stunt Queen », « Stuff »), sans jamais se départir complètement de son passé punk rock de groupe contemporain de Black Flag et la scène hardcore californienne (« Too Good To Be True »).

Avec un tel mélange de genres, on pourrait imaginer un album incohérent ou trop bourratif. Il n’en est rien. Car finalement, ce que réussit le mieux à faire ce disque, c’est illustrer ce qu’est la musique du groupe qui l’a réalisé. Que ce soit « Good Times Propaganda Band », qui donnerait presque la définition de ce qu’est Redd Kross ou « Way Too Happy » qui est sans doute liée à la réaction qu’a eue Kurt Cobain en les voyant jouer en 1987 (anecdote que Steve Mc Donald nous racontait lors de la longue interview qu’il nous a accordée il y a quelque temps), tout ici semble nous crier : « Voilà, c’est ça, Redd Kross ! », avec en point d’orgue la chanson autobiographique qui clôt l’album.

Au final, je me serais largement accommodé d’un album qui me proposerait une sorte de Something Else By The Kinks ou A Quick One, While He’s Away repris à la manière d’un groupe glam 70s avec une pointe de punk vu comme je suis preneur de chacun de ces aspects séparément. Mais quand en plus, c’est proposé par un groupe attachant, doué, aussi inclassable que ses influences et qui s’est surpassé pour nous offrir le premier double album de sa longue carrière, je ne peux qu’être parfaitement conquis. Ainsi, peu importe si c’est rock, psyché, pop baroque ou pop tout court, Redd Kross de Redd Kross est un excellent disque, et c’est tout ce qui compte !

Blackcondorguy

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