5 chansons, 5 disques par Steven Shane McDonald (Melvins, Redd Kross, Off!)
« On pouvait demander une interview de deux légendes du grunge, et toi tu t’emballes pour celle du bassiste ? » est à peu près la réaction de notre rédac’ chef quand j’ai demandé une interview des Melvins. Du *bassiste* des Melvins ! Oui, le groupe culte qui fête ses 40 ans cette année a parfois traité ses bassistes comme les batteurs de Spinal Tap. Oui, le guitariste/chanteur et le batteur du groupe sont deux légendes à leur manière, avec des CV assez impressionnants, que ce soit en terme de parcours ou d’impact dans le monde la musique (vous connaissez ce petit groupe, Nirvana, qui a décollé avec l’arrivée de son nouveau batteur, Dave Grohl ? Vous savez qui l’a mis en lien avec Kurt Cobain ?). Oui, enfin, personne ne s’attendait vraiment à l’inclusion d’un bassiste plutôt connu pour jouer de la power pop dans un groupe qui reste confidentiel au sein de cette formation sludge/doom à la lisière du metal (voire metal extrême, pour certains). N’empêche que quelqu’un qui a commencé la musique avant d’avoir mué et vécu aux premières loges l’émergence de plusieurs mouvements les plus galvanisants du rock de ces 40 dernières années a forcément des choses intéressantes à raconter. Et si ça peut vous donner envie de vous plonger dans la discographie de Redd Kross, c’est encore mieux !
Redd Kross – Neurotica (1987)
Votre premier disque est sorti quand vous aviez 15 ans…
Non, j’avais 12 ans. C’est mon frère qui devait avoir 15 ans.
Vous jouiez depuis longtemps ?
Depuis environ 3 ans. Je jouais de la contrebasse dans l’orchestre de l’école publique et puis j’ai supplié mes parents sans arrêt pour qu’ils m’achètent une basse électrique, je les ai saoulés ! Mais j’ai eu de la chance, ils étaient très généreux, et ils m’ont acheté une Fender Musicmaster Bass pour Noël. (NdR : à l’époque, le premier prix de chez Fender) Je crois que c’était en 1977, peut-être 1978. Je devais avoir 11 ans.
Donc depuis environ un an, pour ce qui est de la basse.
Oui, c’est ça. Avec mon frère, on a appris à jouer en écoutant les trois premiers Ramones, ou les albums de Runaways. C’est comme ça qu’on s’est fait la main, les Ramones et les Runaways.
Votre premier album était poppy à sa manière, mais c’était quand même très punk hardcore…
Et bien… on était là à l’apparition du hardcore. On a donné nos premiers concerts avec Black Flag alors que le groupe commençait à peine. Mais on développait un aspect plus sixties, sucré et poppy dans notre musique, des caractéristiques qu’on catégoriserait plutôt aujourd’hui comme garage punk. Les sujets de nos chansons étaient aussi plus légers, plus amusants. Tu vois, je viens de la même ville que les Beach Boys (NdR : Hawthorne, en Californie), mais 20 ans plus tard. Ils nous ont influencés un peu de la même manière qu’on ressent leur influence chez les Ramones.
Neurotica est sorti environ 5 ans plus tard…
Sept ans, peut-être. Vers 1986, 87. Notre premier disque date de 1980.
J’ai dû me planter, il me semblait que c’était 1982.
Ça, c’est notre premier album, Born Innocent, mais on a sorti un EP avant ça, qui s’appelle juste Redd Kross.
D’où mon erreur.
Ah oui, car effectivement, j’avais 15 ans à la sortie du premier album. Mais l’EP est sorti avant, à la même époque que ceux des Adolescents ou Agent Orange, sur le même label de Los Angeles (NdR : Frontier Records)
Neurotica a encore des côtés punk, mais c’est un disque très différent.
Oui, j’avais dans les 20 ans quand on a fait Neurotica, et on jouait déjà depuis plusieurs années. Non, j’avais 19 ans, puisque je me souviens qu’on a fêté mes 20 ans pendant la tournée, sur scène à Seattle. Au moment où la scène de Seattle commençait à se former. Buzz et Dale (NdR : respectivement guitariste/chanteur et batteur des Melvins) étaient à ce concert alors que je ne les connaissais pas encore. Ils m’en ont parlé plus tard parce que toute la scène de Seattle était là, et je n’en savais rien. D’ailleurs, Kurt Cobain était dans le public, et il n’a pas aimé parce qu’il a trouvé qu’on était trop joyeux ! (Rires) C’était avant qu’il soit connu, mais ils étaient amis et ils y sont allés ensemble. Et quand ils lui ont demandé ce qu’il en avait pensé, sa réponse était un truc du genre « Mais pourquoi ces mecs sont si joyeux ? Ils sont beaucoup trop heureux ! » (Rires) C’était marrant.
Ceci dit, ça résume bien la différence d’approche du punk entre la Californie et Seattle.
C’est sûr que nous, on avait une expérience beaucoup plus ensoleillée, alors que ces mecs vivaient sous un ciel sombre, chargé et nuageux dans des villes de bûcherons déprimantes. Moi, j’ai grandi dans la banlieue de Los Angeles, je suis allé à la même école que les Beach Boys mais eux ont écrit « Be True To Your School » (il chante « Be true to your school/just like you would to a girl ») et nous, 20 ans plus tard, on a écrit « I Hate My School » (il chante « I hate my school/can’t hardly wait til I graduate/I hate my school/better get out before it’s too late »). Bref, on n’avait pas la même sensibilité, mais en même temps on partageait les mêmes influences, notamment avec Buzz et Dale. Des groupes comme Kiss. C’est le premier groupe que j’ai vraiment adoré…
Mais bon, on était sur Neurotica ! J’avais 19 ans quand l’album est sorti, on jouait depuis 7 ans, je venais de finir le lycée, ce qui nous permettait d’effectuer des tournées nationales. Moi, fraichement diplômé, je m’impliquais complètement dans mon groupe, et mon frère sortait de désintox. Il avait 22 ans, il avait connu des problèmes d’addiction et venait de se soigner, donc il fallait qu’on fasse un disque.
On a grandi près de Los Angeles, dans la classe ouvrière, pas dans le showbizness, on habitait en banlieue près de l’aéroport, mais on a été exposé à beaucoup de choses auxquelles une jeune personne ne devrait pas. Même si on était jeunes, on avait déjà une certaine expérience de la vie. Et on avait envie d’essayer sérieusement, de tourner, de jouer pour le plus de personnes possible.
Bien sûr, on jouait ce qu’on savait jouer, on ne cherchait pas consciemment à faire de la musique commerciale, mais on adore les trucs populaires ! On a grandi avec un amour profond des Beatles ou des Stones. Le premier groupe que j’ai vu sur scène, c’était Kiss en 1976, quand j’avais 8 ans. Il y avait 18000 mecs défoncés en train de crier dans le public et ils ont proposé un spectacle magique et fantastique. C’était en février 1976, et tu peux trouver maintenant des vidéos de Kiss deux semaines plus tard au Cobo Hall de Detroit, c’était phénoménal ! Encore maintenant, je regarde ça et je comprends pourquoi j’ai été si impressionné. Ils étaient géniaux ! Et le spectacle également.
Et ils n’avaient quasiment que des bonnes chansons, à l’époque. Ils n’avaient pas encore sorti leurs mauvais albums.
Oui, les trois premiers albums ne sonnent pas très bien, mais leur album live déchire, et les chansons sont excellentes ! Ils ont connu ces années miraculeuses où ils ont été prolifiques avec de la qualité. Ça n’arrive pas si souvent, ce sont des moments rares pour un groupe. Je pense, par exemple à Alice Cooper de Love It To Death à Billion Dollar Babies. Ils étaient si inspirés. Bam, bam, bam, tout ça en trois ans ! Bref, j’ai grandi avec ça, j’y ai été exposé par mon grand frère. (Il rit en réalisant qu’il vient encore de digresser)
Non, mais c’est cool, c’est exactement ce qu’on recherche dans ce genre d’interview !
Ce que je veux dire, c’est qu’on a commencé avec le punk rock californien, au moment où il émergeait, mais on a vraiment été nourris par le rock des 70s, le rock de stade qui existait avant. Le premier disque que j’ai acheté, j’avais 5 ans et m’a mère m’a amené chez le disquaire parce que je devais sortir de chez le docteur, ou un truc du genre. C’était une récompense parce que j’avais été sage. Elle m’a dit « prends deux disques, ceux que tu veux ! », alors j’ai choisi Killer d’Alice Cooper, qui venait de sortir à l’époque.
Votre mère n’a pas halluciné en voyant la pochette ?
Non, ça ne l’a pas dérangé, elle m’a dit un truc du style : « Oh, un serpent sur la pochette… » Et j’ai aussi choisi l’album live des Rolling Stones, Get Yer Ya-Ya’s Out !. J’avais dû aimer l’âne sur la pochette… J’étais tout gamin, mais ces deux disques sont encore parmi mes préférés.
Puis, 5 ou 6 ans plus tard, on découvre les Runaways, les Ramones, et là on s’est dit : « On peut faire pareil », on a appris les accords barrés. Ensuite, on a rencontré Black Flag par pur hasard, et on leur a demandé si on pouvait faire des concerts avec eux. Et franchement, on a été très enthousiastes envers le mouvement punk rock, mais on a fini par trouver que c’était trop limité. Donc, quand les années 86-87 sont arrivées, on a commencé à se replonger dans la musique qui nous plaisait avant le punk rock. On a de nouveau été inspirés par la musique que je considère toujours aujourd’hui comme étant l’âge d’or du rock’n roll. C’est un peu ça, Neurotica, le mélange de ces différents éléments, le punk rock et le rock fin 60s-début 70s. C’est comme ça qu’on a pu tirer le meilleur de nous-mêmes.
Un jour, je remixerai cet album, mais là on entre dans la partie technique ennuyeuse, ce sont mes petites lubies. C’est donc tout ce que j’ai à dire dessus.
Donc le changement de direction était plus naturel, ce n’était pas une démarche militante.
C’était naturel, oui, mais il y a quand même ce vers dans notre chanson « Play My Song » qui dit « no metal sluts or punk rock ruts for me, oh no ». Et je pense que c’est une manière pour mon frère Jeff (NdR : guitariste, chanteur et compositeur principal de Redd Kross) de dire qu’il ne faut pas nous prendre pour un groupe de hair metal ni nous ranger dans la case limitée du punk rock. On voulait faire quelque chose de différent.
Redd Kross – Phaseshifter (1993)
Phaseshifter est sorti quelques années après, en 1993. On avait connu beaucoup de hauts et de bas jusque-là, on a été signés par Atlantic Records puis ils nous ont laissés tomber en 1990, on est venus en Angleterre pour la première fois en 1992, on avait un nouveau management qui essayait de faire de nous de grosses stars. C’est un peu comme si on recommençait, à cette période, en essayant de bien marcher au Royaume-Uni avant de nous réimporter aux États-Unis, un peu comme Joan Jett dans les années 80 ou Jimi Hendrix dans les années 70. Au final, ça n’a pas été si facile pour nous, mais on a passé une bonne partie des années 90 à aller au Royaume-Uni.
Ceci dit, en mettant ça de côté, on avait un excellent groupe, on était cinq avec un line-up en béton, et on a pu donner des concerts dans des endroits très cool, comme le Reading. On a joué au Reading l’année où Nirvana était en tête d’affiche. On était le premier groupe, le premier jour, alors que Nirvana était le dernier groupe, le dernier jour. (Rires) Et je crois qu’on a commencé notre concert avec l’ouverture de Tommy (NdR : des Who). Les avocats de l’industrie musicale diraient qu’on s’est tiré une balle dans le pied ! On faisait toujours ce qu’on aimait, mais on ne jouait pas très bien le jeu du grunge. On n’était pas de Seattle, donc on ne tirait pas vraiment de bénéfice grâce à ça non plus, même si on aimait cette musique, on aimait beaucoup Nirvana, grâce à eux il y a eu un moment où la musique populaire était également de la musique que j’aime.
Je dirais que Phaseshifter est peut-être un peu notre réponse au grunge, mais c’est aussi, et surtout, le résultat de notre parcours. On avait la vingtaine bien entamée, on dépensait beaucoup d’énergie dans notre musique, on était très impliqués, et on en était arrivé à cet état qu’il faut toujours rechercher, cet état où le groupe fonctionne. On était un ensemble soudé, et je pense que ça s’entend sur le disque. En plus, on a eu un ingé son génial pour l’enregistrement, John Agnello, avec qui on n’a malheureusement jamais retravaillé. J’admire son travail, et j’espère qu’on pourra bosser avec lui à nouveau un de ses jours, il a travaillé sur beaucoup d’excellents disques (NdR : par exemple les derniers Sonic Youth, Beyond de Dinosaur Jr, l’homonyme de Jawbox ou le premier Witch).
En plus, les chansons se sont mises en place très rapidement, on était très inspirés. Par exemple « Jimmy’s Fantasy », typique de Redd Kross, avec plein de références à la pop culture, surtout le film « The Song Remains the Same » de Led Zeppelin, notamment les séquences oniriques où Jimmy Page escalade la montagne, en y ajoutant des commentaires bizarres, sexuels ou ce genre de choses. Enfin bref, c’est du rock’n roll.
Le changement de line-up était-il dû à une volonté de votre nouveau management ?
Oh non ! Mon frère et moi, on est assez dysfonctionnels. On passe notre temps à s’engueuler. Il y a beaucoup de membres du groupe qui en ont eu marre parce qu’ils trouvaient ça chiant. Mais en bref, on n’a pas toujours réussi à maintenir une cohésion. Et j’ai beau être très impliqué dans ce qu’on fait, on se dispute beaucoup, et je pense que c’est surtout à cause de ça qu’on n’est pas arrivé à garder le même line-up très longtemps. En tout cas, c’est ma meilleure hypothèse.
En fait, personne n’a jamais tellement tenté d’interférer avec ce qu’on faisait. Personne n’avait vraiment un plan élaboré. Et si ça avait été le cas, j’aurais au moins aimé l’entendre ! Je ne veux pas dire qu’on l’aurait suivi, mais si quelqu’un avait eu une idée précise, je lui aurais dit : « Pas de problème, dis-moi ce que tu en penses ! » pour savoir si on pouvait s’appuyer dessus ou pas. Et puis, on est frères, ce qui veut dire qu’on est très l’un sur l’autre. En plus, on a beaucoup de private jokes.
Je pense que personne parmi ceux qui ont bossé avec nous n’a cru qu’il pourrait nous dire quoi faire. Soit ils étaient partants pour ce qu’on faisait, soit ils ne restaient pas.
Et pourtant, plusieurs membres sont revenus sur les derniers albums, c’est qu’ils ne doivent pas en avoir si marre de vous !
Oh, je suis resté ami avec la plupart des gens qui ont joué avec nous. Il n’y a aucune rancœur même s’il a pu y en avoir parfois à l’époque pour certaines personnes. Je me souviens d’un batteur qui s’est barré à un très mauvais moment et à qui j’en ai voulu pendant longtemps… Un documentaire est en cours de production sur notre groupe, j’ai pu voir un premier montage, il y est interviewé et c’est lui qui dit : « La raison principale pour laquelle je suis parti, c’est que ces gars-là passent leur temps à s’engueuler ! » (Rires) Et tu sais quoi ? IL A RAISON ! Aaaaah, qu’est-ce que je peux répondre ? Donc je ne peux pas lui en vouloir.
À l’époque de la sortie de Phaseshifter, le grand public avait l’air d’être plus en phase avec le genre de musique que vous faisiez.
Oui, mais… ce disque aurait pu marcher plus. Il est sorti à une époque qui était super pour nous, mais d’un point de vue commercial, une bonne partie de l’enthousiasme était déjà retombée au sein de l’industrie. Comme on avait déjà sorti un disque sur une major et qu’il n’avait jamais décollé, les gens n’étaient pas si enthousiastes. C’est comme si on portait les stigmates d’avoir été jetés par Atlantic Records.
Et à l’époque – c’est un peu difficile à concevoir en regardant ça depuis la lorgnette de 2023 où tout le monde est en streaming sur les plateformes – mais il y avait ces gardiens du temple qui pouvaient hyper un groupe et le faire diffuser sur une quantité restreinte de canaux médiatiques, la radio, MTV… Et quand ils y parvenaient, ça créait une sorte de monoculture où tout le monde voyait et entendait la même chose, ce qui permettait au groupe de décoller. Je pense que ça ne se passe plus comme ça aujourd’hui. Nous, on a eu l’opportunité une fois, une seconde, que ce moment se produise, mais quand ça n’a pas été le cas, c’était genre « non, plus jamais ». Les gens ne voulaient plus prendre le risque. Ce n’est que de la spéculation, c’est comme Las Vegas, c’est un jeu d’argent. Toi, tu es un artiste, tu es dans ton petit monde, très vulnérable, et il y a cette autre catégorie de gens, les commerciaux, qui ne voient les choses qu’en terme de potentiel de vente ; est-ce que ça va faire gagner ou perdre de l’argent ? Quand j’étais plus jeune, j’étais très affecté quand j’entendais parler les commerciaux, je détestais ça à un point ! Bref, si ce disque était sorti plus tôt ou si ça avait été notre premier sur une major, je pense que l’histoire aurait été différente.
Pourtant, ça reste le préféré de nombreux fans. Au moins de ceux que je connais.
Je l’aime aussi. Les gens ont des avis différents sur la question, surtout que nos disques sont assez différents, mais je suis d’accord avec eux ! Il me rappelle une époque où tout semblait plus simple, et j’étais très fier de ce qu’on faisait. Ces moments sont fugaces. En temps que groupe, on peut connaitre ces moments où on se sent fort et confiant, mais ça aussi, ça passe ! (Rires) Et puis ça revient.
Off! – Off! (2012)
Tu sais, je ne fais plus partie de Off!, j’ai enregistré trois disques avec eux.
Oui, mais je voulais juste parler du premier album, et de la formation du groupe.
Keith et Dimitri (NdR : Keith Morris, chanteur original de Black Flag et Dimitri Coats, guitariste de Burning Brides) essayaient de composer un album des Circle Jerks mais à ce que j’ai compris ils ont eu des problèmes de communication avec le reste du groupe et sur les cendres de ce projet, ils ont décidé de former Off!. Keith et moi travaillions tous les deux dans le domaine de l’industrie musicale à l’époque, pour différents labels, donc on se croisait beaucoup. Je connais Keith depuis l’enfance, puisque Redd Kross a fait beaucoup de premières parties pour Black Flag, même si on avait perdu contact. En tout cas, nous étions amis, et quand il a décidé de monter ce nouveau groupe, Dimitri et lui avaient une idée assez précise de qu’ils voulaient comme section rythmique. Mario Rubalcaba, de Earthless, Rocket From The Crypt et Hot Snakes, et moi étions leurs premiers choix.
J’ai croisé Keith à un concert de Ty Segall, ou un artiste du genre, et il m’a donné cette démo sur laquelle Dimitri jouait des riffs qui ressemblaient énormément à du vieux Black Flag, étonnamment ! (Rires) Keith m’a dit (il imite Keith Morris) : « Hé mec, je monte ce groupe ! », il voulait savoir si je voulais venir jouer avec eux à l’occasion.
J’ai passé la démo dans ma voiture ce soir-là, et ça m’a parlé. J’étais là aux débuts de Black Flag donc je sais de quoi il retourne, j’ai vu beaucoup, beaucoup, beaucoup des premiers concerts de Black Flag, et même plusieurs de leurs vieilles répèts. (Rires) Donc, ça s’est fait très naturellement. Et puis, ils m’ont demandé de le faire, c’était un choix de leur part.
Jouer dans le groupe s’est fait de façon très fluide, mais je n’ai pas composé les morceaux, Keith et Dimitri s’en chargeaient. J’ai bien enregistré l’album, je ne l’ai pas produit car Dimitri s’en est chargé, mais je me suis occupé de l’ingénierie en grande partie et du mix, donc j’imagine que je suis en partie responsable de la manière dont il sonne. Soit à cause de mes prouesses internes, soit à cause de mon incompétence, je ne sais pas, quoi qu’il en soit, il est authentique.
C’était une période intéressante. Au même moment, je venais d’être embauché comme A&R pour la Warner (NdR : l’A&R – pour Artist&Repertoire – est l’équivalent du directeur artistique, mais il a aussi pour rôle de découvrir et signer les groupes), un travail de bureau, j’allais aux réunions de direction artistique, et je gagnais bien ma vie ! Alors cette impression que Keith et Dimitri m’ont sauvé d’une vie dans le dénuement (NdR : du fait du succès de Off! et de la faible activité de Redd Kross à l’époque) est parfaitement fausse ! (Rires)
En fait, j’ai mis mon boulot en jeu pour faire partie de ce groupe, parce qu’ils me mettaient la pression pour partir en tournée. Je me souviens avoir demandé à mon patron s’il pensait que ce serait intéressant pour lui. À l’époque, on venait d’avoir une critique à plus de 8/10 chez Pitchfork, et les gens parlaient de notre groupe. C’est exactement le genre de choses que la Warner essayait de faire avec ses groupes, qu’on leur accorde une attention de ce type. J’étais donc un débutant en A&R qui jouait dans un groupe de punk assez coté, et je me suis dit qu’ils pourraient voir un intérêt dans le fait que je partais en tournée. Je pourrais jeter un œil aux premières parties, avoir des bonnes relations avec eux, ça pourrait être intéressant… Et ils m’ont répondu : « Non, on ne voit pas l’intérêt ! » (Rires) Ah, d’accord… Mais je l’ai fait quand même parce que je suis parti en tournée. Ma vie d’employé de bureau n’a pas duré longtemps ! (Rires)
C’était quand même compliqué, parce que ça faisait un moment que je cherchais un boulot de ce genre. Ça constituait un sacrifice pour moi mais je suis tout de même plus à l’aise quand je joue de la musique. Et de toute façon, ce n’était pas un travail que j’adorais, je n’aime pas juger les artistes. Ce que j’adore, c’est découvrir de nouveaux artistes, ça c’est chouette. Mon fils est à fond dans le sport, et il adore découvrir de jeunes athlètes. Il s’éclate à trouver les meilleurs joueurs de basket universitaire et envisager comment ils vont réussir leur carrière, les progrès qu’ils vont faire, et je me sens complètement en phase avec ça, parce que c’est ce que j’adore avec la musique. J’ai vu beaucoup de groupes apparaitre dans le monde de la musique. J’ai vu les Go-Go’s à leurs tous débuts, quand elles faisaient des petits concerts punks, avant que Gina Shock ne les rejoignent à la batterie. J’ai pu voir le gain énorme de confiance en elles qu’elles ont acquis avec cette excellente batteuse derrière les fûts, et en à peine un an, leur album était numéro un aux États-Unis. C’était galvanisant de voir ce genre de choses. Et puis, c’était toujours moi dans le groupe qui partait à la recherche des batteurs, comme un chasseur de talent, c’est mon truc ! De toute façon, j’y suis pour la vie. À la base, je suis un showman.
Je comprends ce que tu dis. Je vous ai vus sur scène avec les Melvins, et ce n’était pas la première fois que je voyais le groupe, mais dans cette configuration on voit bien ce que tu leur apporte en termes de show.
Je pense même qu’une des raisons pour laquelle on s’entend si bien, c’est qu’eux aussi sont des showmen. On a des styles différents, mais ils essaient également d’atteindre un état où la musique fait ressortir un autre aspect de leur personnalité. Je ne peux pas parler à leur place, ni dire ce que je change à l’équation, mais je sens que les bons soirs, ce qu’ils font m’apporte beaucoup d’énergie, on se connecte, et j’ai l’impression de réussir à faire partie du groupe tout en apportant ma propre individualité, et qu’elle a une certaine valeur sous leur bannière, celle des Melvins. C’est quelque chose d’assez unique, car je pense qu’être apprécié pour quelque chose qu’on fait naturellement est un but que tout le monde partage. Et ça me fait très plaisir d’entendre que tu penses que je leur amène quelque chose d’unique également. En tout cas, quoi qu’il se passe quand on joue ensemble, on n’en a jamais discuté au préalable, c’est totalement naturel.
C’est un honneur de faire partie d’un groupe qui tourne à plein régime, c’est un privilège et on en a tous conscience. Je pense qu’on s’entend particulièrement bien car on a des histoires similaires, ils en sont à leur 40ème anniversaire et Redd Kross a malheureusement fêté ses 40 ans pendant le confinement. (Rires) Il faudra qu’on fête nos 45 ans, à un moment.
Les chansons de Off! sont très courtes. Je me demandais si c’est plus difficile de retenir plus de chansons courtes ou moins de chansons longues ?
C’est difficile à dire mais (il réfléchit)… Off! est un groupe plus simple. Pour moi, la difficulté des Melvins, c’est que Buzz écrit souvent des chansons dont les temps ne sont pas en 4/4, qui ont des signatures rythmiques différentes. Ce n’est pas qu’il soit à fond dans la théorie musicale ou qu’il ait une formation classique, mais c’est comme ça qu’il entend la musique. Et c’est compliqué pour moi quand, par exemple, il met une mesure de 5 temps au milieu de tout ça, alors que j’étais calé en 4/4, et soudain c’est devenu une samba. Souvent, je demande à Dale : « Comment tu comptes ça ? », je ne demande pas à Buzz car il me répondrait (il imite Buzz Osborne) : « J’en sais rien, je compte pas ! » Les nombres, c’est pas son truc. (rires)
Maintenant, je comprends mieux ce que j’appellerais ses astuces. Tout groupe doit avoir ses astuces pour donner du relief à ses compos, par exemple certaines suites d’accords qui sonnent comme si elles étaient jouées à l’envers car l’accent est mis sur un temps plus faible. C’est le genre d’astuce toute conne qu’on trouve par exemple chez… Cheap Trick (NdR : jeu de mot perdu dans la traduction, puisque j’ai traduit par « astuce toute conne » l’expression « cheap trick », qui est aussi le nom du groupe et qu’on traduirait plus littéralement par « ruse grossière »). C’est primordial de choisir sur quel temps tu veux mettre l’emphase. C’est comme dans le langage oral, où dans certaines régions ou petites villes, les gens vont accentuer les mots différemment. En musique, il suffit de transformer en temps forts des temps qui auraient normalement été des temps faibles, et ça donne une impression différente, comme si les accords s’effondraient sur eux-mêmes. Je crois qu’on appelle ça « syncope » en théorie musicale. Je suis désolé, ça devient une discussion de nerd…
Non, c’est intéressant.
En tout cas, oui, les Melvins jouent une musique plus syncopée que Off!, ce qui est génial et lui donne un aspect assez unique. Mais c’est cool, je me suis habitué à ces deux groupes et leur manière de fonctionner. Avec Off!, c’était toujours la panique pour faire les choses, tout le monde était débordé. Mario habitait à San Diego, à deux heures de route, ce qui ne nous faisait pas beaucoup de temps ensemble, et moi j’enregistrais le groupe en même temps que j’apprenais les chansons. C’était bizarre. J’étais préoccupé par comment ça allait sonner, tout en révisant ces riffs. Heureusement pour moi que les chansons étaient courtes ! Je pense aussi que c’était pour rendre hommage à cette époque où on a commencé, et où les chansons étaient très courtes. Au début, Black Flag avait des chansons d’une minute trente, tout comme Redd Kross.
Melvins – Basses Loaded (2016)
C’était ma première expérience avec les Melvins, mais je t’avoue que je ne sais même plus sur quelle chanson je joue ! (Rires) Il y avait quatre ou cinq bassistes sur ce disque, ils en avaient invités autant qu’ils pouvaient.
Comment tu as été impliqué dans ce projet, et comment as-tu décroché le job ?
Ça remonte à Off!, en fait. Mario n’a pas pu participer à une tournée et Dale était disponible, donc il a tourné pendant environ trois semaines avec nous. En tant que section rythmique, on a beaucoup discuté et ça nous a donné des idées. Les Melvins adorent collaborer avec des gens, donc ils m’ont invité à une de leurs sessions et ils m’ont montré comment ils travaillaient. C’est la première fois que j’ai sauté sans filet, dans le feu, en essayant de faire de mon mieux. Pour être honnête, je suis toujours en train d’apprendre, je n’ai jamais accordé ma basse plus grave et… je crois que notre vrai terrain d’entente musical, c’est le Kiss des débuts, ou en tout cas du rock classique. Eux ont été influencés par la nouvelle vague du heavy metal anglais (NdR : dont le groupe le plus connu est sans doute Iron Maiden). J’en ai déjà écouté, mais ça a été une vraie inspiration pour eux. Alors que moi, je n’y connais pas grand-chose, voire trois fois rien. Et puis, ils ont aussi ce goût pour la musique sludge, stoner, que je ne connais que de loin. Mais eux s’en foutent, ils ne veulent pas que je sois un sludge rocker générique, de toute façon. Chaque fois que les gens se mettent à attendre quelque chose de leur part, ils veulent faire le contraire. C’est comme ça qu’ils fonctionnent. Sur certains points, j’ai peut-être été source de frustration pour des fans des Melvins, mais c’est plutôt leur intention, pas la mienne. Ils ne m’ont jamais pris à part en me disant d’écouter tel ou tel disque, ou d’accorder ma basse de telle façon. Pour eux, c’était plutôt : « Tu es au milieu du grand bain, trouve tout seul comment tu prends part à tout ça. » C’était très intimidant, au départ, parce que les gens les adorent et ils sont reconnus, et en plus je suivais l’ère de Jarred et Coady (NdR : bassiste et batteur de Big Business qui ont joué avec les Melvins de 2006 à 2015), qui a été un grand moment pour le groupe. C’était un challenge. Cette période était intéressante, ces deux premières années dans le groupe où j’ai dû trouver comment je pouvais faire mon travail du mieux possible au sein des Melvins tout en restant moi-même. Et c’est vraiment la principale chose que j’ai à dire sur cet album, c’est le premier exemple de moi dans cette démarche. Je pilote un avion avec un bandeau sur les yeux, je ne sais pas trop ce qui se passe, et je fais de mon mieux sans que les autres ne m’expliquent grand-chose. Leur état d’esprit, c’était : « On veut ce que tu sais faire ». Moi, c’était plutôt : « Je ne sais même pas ce que je sais faire ! Je fais ce que je fais. Et puis, je veux être apprécié, je veux faire ce que vos fans vont aimer… » alors qu’eux me rétorquaient : « On s’en fout, des fans ! » Ça demande de la force mentale et de l’équilibre.
As-tu vraiment reçu des critiques négatives de la part des fans ?
J’essaie de ne pas trop lire ce qu’ils disent, parce que les fans des Melvins peuvent être grognons et avoir des opinions très arrêtées, tout comme leurs idoles ! (Rires) J’ai fait quelques erreurs au début, en lisant des choses qui m’ont pris la tête pendant dix minutes. Mais en fait, je n’en sais rien. Ceci dit, une fois, sur scène à Minneapolis, je me suis pris une bière entière dans la face. Et c’était une cannette de 50cl, pleine, je n’ai pas compris ce qui se passait, j’ai cru que je faisais une rupture d’anévrisme. Elle est arrivée de nulle part, je ne suis pas tombé, mais je n’ai compris ce qui se passait que quand je l’ai vue sur la scène prête à exploser. Ça m’a cassé le moral, c’est le moins que l’on puisse dire.
Qu’est-ce qu’on peut faire dans un cas pareil ?
Je n’aime pas du tout ce que j’ai fait ce soir-là. Et ça montre aussi le chemin que j’ai parcouru. Ma première envie, ça a été de foncer sur le bord de la scène et de leur faire un doigt. Et puis, je me suis mis à réfléchir, et je me suis dit : « Ce n’est pas mon concert, alors arrête de penser à toi, fais-ton boulot et prends sur toi. » Donc, je suis revenu et je me suis renfermé dans mon coin, ce qui ne me ressemble pas trop (rires), et je me suis concentré sur le concert jusqu’au bout. Les autres membres n’ont pas tellement vu ce qui s’était passé, et moi je suis resté dans ma tête, avec toutes ces pensées. Au final, j’ai eu honte de ne pas avoir su me défendre, de me faire humilier par un putain de troll bourré. D’ailleurs, c’était sans doute un truc de mec bourré, ce n’était peut-être pas aussi dirigé contre moi que j’en ai eu le sentiment sur le coup.
Aujourd’hui, je pense que j’aurais arrêté le concert et que j’aurais réglé ça. Même si ça aurait été difficile de virer celui qui me l’a balancée sans le voir. C’est marrant, parce qu’hier soir à peine, c’est la première fois qu’un truc du genre s’est reproduit. On était dans cette petite ville de Belgique, des mecs étaient vraiment torchés et quelqu’un m’a balancé un verre au début de concert. J’étais sur le point d’arrêter le concert quand Dale l’a fait. Ces mecs se comportaient vraiment comme des connards, ils étaient complétement morts et emmerdaient les gens autour, ils les attaquaient, ils sautaient partout, mais pas correctement. J’étais en train de dire : « C’est cool de sauter partout et de s’amuser avec les gens autour, mais il faut qu’ils soient consentants. » Et là, ça n’était pas du tout le cas, pour dire les choses de façon politiquement correcte. Et Dale a simplement ajouté : « Les gars, il faut dégager, bordel ! » (Rires) Donc là, je n’ai pas eu l’occasion d’arrêter le concert car Dale s’en est chargé.
En bref, ce n’est jamais facile d’être le nouveau, il faut des couilles, surtout pour faire ce qu’on fait, car tu exposes une part fantasmée de toi-même, mais c’est une vraie part, un peu ridicule. D’un côté, si tu n’es pas complètement investi, ça sonne faux. D’un autre côté, si elle est authentique, tu peux te sentir vulnérable de l’exposer, au point que tu peux quitter la scène et faire une crise. (Rires) C’est logique que ça m’ait pris du temps de me sentir suffisamment à l’aise, au point que je puisse gérer différemment ce qu’il s’est passé il y a cinq ans à Minneapolis. Je me serais assuré de me défendre. D’une part, je comprends ma réaction, notamment car ce n’est pas mon concert, mais d’autre part les mecs du groupe ne veulent pas ça, ils ne veulent pas que je me fasse casser la gueule par un troll. Eux m’auraient défendu. Désolé, c’est très long !
Mais non, c’est authentique, c’est personnel, c’est cool.
C’est une expérience bizarre, ce genre d’interview !
Ça vaut ce que ça vaut, mais je pense que la plupart des fans savent qu’avec les changements de line-up, ce sera différent, et que chaque bassiste apporte son truc.
C’est sûr qu’à un concert des Melvins, tu es entre de bonnes mains. Ils ne proposeront jamais une performance moyenne. Mais parfois, il faut plus de temps que les répétitions de deux semaines que tu peux leur consacrer.
Melvins – Five-Legged Dog (2022)
Ah oui, notre album acoustique ! On l’a sorti pendant le confinement. On a fait un nouvel album depuis qui s’appelle Bad Moon Rising.
Je sais, mais je voulais qu’on parle de celui-ci, parce que le concept des Melvins en acoustique est assez étrange.
C’était surtout notre manière de gérer le confinement, vu qu’on ne pouvait pas faire de tournées. C’étaient aussi les chansons que je savais déjà jouer depuis les quatre ou cinq ans que j’étais avec eux.
C’est donc comme ça que vous avez fait la tracklist ?
Oui. Tu sais, souvent avec les Melvins, le fond du problème a une réponse très pragmatique. C’est en partie ça. D’ailleurs, je ne joue pas vraiment en acoustique, j’utilise une basse demi-caisse (NdR : hollow body, littéralement « à caisse creuse », des basses ou guitares électriques qui ont tout de même une petite caisse de résonnance) de chez Höfner, mais je suis branché, ce qui me donne un son différent. Buzz utilise bien une guitare acoustique, et Dale utilise des balais.
Il y a une chanson de Redd Kross. Parce que vous la connaissiez tous ?
Ah, on joue « Charlie », c’est ça ? (Il fait l’air avec sa bouche) C’est une chanson qu’on a déjà reprise sur scène, c’est un morceau de Redd Kross que Buzz aime bien.
Oh, il y a une chanson sur ce disque que j’aime beaucoup, c’est la reprise des Turtles « Outside Chance », c’est moi qui chante dessus. J’étais à fond dessus, à l’époque. Pendant le confinement, j’ai écouté en audiobook l’autobiographie d’Howard Kaylan des Turtles, Shell Shocked, My Life With the Turtles, Flo and Eddie, and Frank Zappa, etc. C’est une super biographie rock. Je t’ai dit que je venais de Hawthorne en Californie, comme les Beach Boys, mais la ville d’à côté, Westchester, est la ville d’où venaient les Turtles. J’adore leurs harmonies, ces mecs chantaient dans la chorale de leur lycée. Le punk a plus ou moins tué ça ! J’aurais aimé faire partie d’une chorale, moi aussi, j’adore les harmonies vocales. Cette chanson a été écrite par Warren Zevon quand il était jeune, et les Bangles la jouaient sur scène au milieu des années 80. C’est un autre groupe que j’ai connu avant qu’elles deviennent d’énormes stars. Et je suis un groupie, j’aime les musiciennes ! C’est mon excuse. Mais bon, je n’ai même pas raconté tout ça aux Melvins, je leur ai juste dit : « Hé, jouons cette chanson ! », et ils étaient d’accord. Ce fut ma plus grande contribution sur ce disque, parce que je savais la chanter, je l’ai apprise à Buzz, et c’est lui qui m’a dit : « Vas-y, fais là », même si ce n’est pas dans ses habitudes. Elle est en 4/4, c’est une chanson très classique, qui n’a pas vraiment d’astuce. Enfin, il faut toujours donner ce qu’on a de mieux.
Cela dit, c’est très Melvins de faire quelque chose qu’on n’attend pas de leur part.
Ouais, c’est presque leur devise : « Attends-toi à l’inattendu ». Quand tu penses que tu as compris le truc, c’est là qu’ils changent tout. C’est fantastique. Même si, quand tu fais partie du groupe, tu te demandes un peu parfois où ça va aller. Je commence à comprendre un peu ce fonctionnement, ceci dit.
5 disques :
The Beatles – Revolver (chronique)
The Rolling Stones – Aftermath
Alice Cooper – Killer (chronique)
Kiss – Alive! (article discographie de Kiss)
Runaways – Live In Japan
« Tu devrais peut-être aussi mettre Leave Home des Ramones, qui est le premier qu’on a eu avec mon frère. »
Steven vous recommande également le dernier That Dog. (Old LP, 2019), dont Anna Waronker, la chanteuse, guitariste et compositrice principale du groupe est sa femme. Pas de népotisme, cependant, car c’est moi qui aie abordé le sujet, ayant adoré l’album.
Redd Kross devrait sortir un nouvel album en novembre, les frères McDonald ont écrit 18 chansons. Ils espèrent sortir un bon album et tourner dans la foulée.
Peu de chance, en revanche, d’avoir That Dog. en première partie, car si Steven en rêve, Anna Waronker a une carrière assez florissante en signant des bandes originales pour la télévision (la dernière en date étant pour la série Yellowjackets) et est assez casanière.
Interview réalisée par Blackcondorguy, merci à Steven pour le temps qu’il nous a accordé ainsi qu’à Rosie et Lauren de Rarely Unable pour l’organisation de cette interview.