Pleine Lvne – Heavy Heart

Publié par le 26 octobre 2021 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(22 octobre 2021)

Dans ma boîte mail qui gonfle de communiqués de presse pour des albums à venir, parfois Jonathan, le rédac-chef de votre webzine préféré, accompagne le message d’un petit commentaire. Comme je suis plutôt enclin à lui donner du crédit sur son expertise musicale (pour le foot, c’est autre chose… ok c’est gratuit, mais vu que je passais par là…), je me suis rapidement penché sur cet album de Pleine Lvne, Heavy Heart, agrémenté donc d’un « ça a l’air fort beau » des plus engageants.

Ni une, ni deux, j’écoute le single « Foudre », pas forcément rassuré par l’étiquette « post-folk » non plus (on s’en fout en fait de la catégorisation, non ?). Dans une précédente chronique, j’évoquais la mélancolie saisonnière qui ne manque jamais de venir me titiller quand les jours raccourcissent plus que je ne le voudrais. En cette période de l’année, c’est l’heure de sortir l’album refuge des crépuscules frissonnants : Flashlight Seasons de Gravenhurst, projet mené par le trop vite disparu Nick Talbot. RIP. Le rapport avec Nicolas Gasparotto (Fallaster, Medusa in my knickers…), aka Pleine Lvne ? Dès la première écoute, un même timbre de voix fragile mais toujours chargé d’une émotion palpable. Dans ces 8 chansons, une charge que l’on devine difficile à porter et un album conçu comme un projet solo cathartique. Le titre du disque et son artwork évocateur fournissaient déjà une piste. Et malgré la guitare acoustique entraînante de « Put Your Black Clothes On », titre faussement enjoué (mais qui se finit de manière un poil abrupte), on navigue dans des eaux bien tourmentées autrefois sillonnées aussi par le groupe de Bristol.

« I was feeling sad, that whole time

Always far from any light

When nothing felt right »     

Et ce n’est pas l’écoute des mélodies de « A Smile and a Threat » ou du sublime « Blessed by the Night » qui viendra le contredire. Cette maitrise des silences, cette guitare économe de notes, mais pas avare de convulsions plus électriques, on atteint ici un sommet de l’album. Presque 7 minutes achevées dans le silence d’une nuit (?) venteuse, captée sur la bande. La production est lo-fi ? So what! Le grain de la guitare sur « Purple Water », le piano discret de « But The Sun », ces accords sourds de guitare acoustique et la voix lointaine qui psalmodie : The sun is fading away. C’est beau. De toute façon, dès que j’entends des guitares rondes sur des harmonies mineures à l’automne, ça résonne. La « Foudre » est encore tombée au même endroit. Les grincheux diront que les albums solos torturés, c’est du vu et déjà écouté mille fois et que le confinement va en faire remonter à la surface encore d’autres. Sans doute, mais ici point de nombrilisme larmoyant, juste de belles mélodies douces-amères qui surgissent de la nuit (« Cassandra ») ou convoquent les fantômes d’un passé torturé (l’inquiétant instrumental final « LVIII »). Et une voix captée dans son plus simple appareil avec talent (et une bonne reverb ?).

À l’heure où j’écris ces lignes, le soleil est encore bien trop haut sur l’horizon. D’ici quelques heures, au crépuscule, une bûche dans la cheminée, il sera temps de se repasser ce « Blessed by the Night » ou « But the Sun » et de se dire… damn, Jonathan avait encore raison.

Sonicdragao

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