PLAYLIST – Hommage à Hank von Helvete (Turbonegro)
Au début des années 2000, mes errances de l’entrée à l’âge adulte étaient entremêlées à des errances musicales. Je cherchais à trouver le groupe qui pourrait cristalliser ma fibre punk, toute la rage adolescente arrivée à maturité mais sans renier les belles mélodies, qui soient à la fois énervées et pop, accessibles mais assez confidentielles pour contenter mon côté asocial, fédératrices mais suffisamment irrévérencieuses pour faire grincer des dents, sans le premier degré ridicule du metal mais avec assez de sérieux dans son humour pour ne jamais sombrer dans le n’importe quoi du punk musette… bref, un mouton à cinq pattes. Ce mouton à cinq pattes, ou plutôt ce serpent à 6 têtes, je l’ai trouvé le jour où Marlon a mis dans ma platine le disque d’un groupe norvégien mort et revenu à la vie : Apocalypse Dudes de Turbonegro. Tout était là, tout ce que je cherchais, et même des choses que je ne savais pas que je cherchais. Un groupe complètement déjanté qui mélangeait sans complexe connotations homosexuelles et nazies, qui prenait le grand cirque rock’n roll pour ce qu’il est et qui le faisait, surtout, en faisant de la bonne musique. Ils avaient su prendre tout ce qui était bon dans Bowie, les Stooges et Alice Cooper, y ajouter plus de punk, dans un mélange unique (qu’ils ont même baptisé Deathpunk). J’ignorais que le groupe avait lui-même erré et galéré entre différents line-up et différents styles jusqu’à atteindre ce parfait équilibre.
Le coup de foudre a été immédiat et l’amour n’a fait que grandir jusqu’à ce que j’aie la chance de les voir sur scène. Imaginez un peu la force scénique du groupe pour que Nick Oliveri, qui n’est pas le plus mou des musiciens, les qualifie de “unstoppable live band”. J’avais trouvé en Turbonegro et dans le Deathpunk ce que je cherchais à cette époque. En les voyant sur scène, j’ai compris que ce n’était pas qu’une passade mais qu’ils occuperaient bel et bien un pan entier de mes références culturelles pour le reste de ma vie.
Hank Von Helvete n’était pas le moteur derrière Turbonegro, il n’a vraisemblablement pas composé grand-chose pour le groupe et je ne suis même pas sûr que toutes les (superbes) paroles qu’il a chantées soient de lui. Mais il en était le visage et l’âme. Peu nombreux sont les chanteurs à avoir cette présence et ce charisme sur scène. Et avant que vous ne dégainiez votre liste d’icônes rock’n roll ou de crooners goths, je vous demanderai simplement de les imaginer sur scène bedonnants et maquillés comme un mauvais tapin de porno gay. S’ils perdraient alors de leur classe, c’est qu’ils ne jouaient pas dans la même cour que Hank. Les vrais savent.
C’est avec une tristesse infinie que j’apprends son décès survenu le 19 novembre, à même pas 50 ans. Pour tous ceux qui, comme moi, espéraient sur le long terme qu’il rejoigne à nouveau Turbonegro (quitté à la fin des années 2000 suite à sa conversion à la scientologie), c’est un double coup dur. Ou alors, on peut prier pour que Hank ait une véritable résérection. À l’approche de Noël, ce serait un beau miracle.
R.I.P. Hank
P.S. : En sa mémoire, je vous ai concocté une playlist de morceaux à s’écouter en boucle. Majoritairement live, puisque c’est, je pense, l’image qu’il faudra retenir de lui. Je m’excuse en revanche pour la qualité parfois médiocre des vidéos.