A Place To Bury Strangers – Transfixiation (Dead Oceans/PIAS)
“What have I become ? What is it i have done ? What can i possibly do ?“. Oliver Ackerman semble être en plein questionnement sur lui-même et sur ses actes. Il n’a pourtant pas fondamentalement changé, son passe-temps favori demeure la torture auditive.
J’en veux pour preuve cette “Deeper” apocalyptique, règne du bruit et de la fureur à mi-album qui laissera des cauchemars aux plus courageux. Lesquels en redemanderont par la suite. Dans un registre similaire, “We’ve Come So Far” fait aussi dans la descente aux enfers inexorable.
Difficile de se montrer aussi enthousiaste à propos de “I Will Die” qui clôt l’album dans un magma sonore irrespirable… et inintéressant. Quand le tout vire à la démonstration de puissance, à l’accumulation de sons informes, au concours bruitiste, le plaisir d’écoute se réduit comme peau de chagrin. Sans parler de l’état de nos oreilles.
Mais réduire A Place To Bury Strangers en une machine à broyer les tympans ne serait pas rendre justice à ce groupe qui depuis maintenant plus de 10 ans et 4 albums mérite bien plus d’éloges que de récriminations.
Les mélodies sont toujours là, la soif d’expérimentation aussi (“Straight” aussi dérangée qu’addictive). “Supermaster” fait plus dans le cold wave que dans le shoegaze furieux avec sa basse omniprésente et ses sons de guitare torturés. Ackerman reprenant le rôle du chaman incantatoire.
On se remémore avec joie les grandes heures des maîtres du bruit mélodique que sont Jesus And Mary Chain (“I’m So Clean” et “Fill The Void”) ou My Bloody Valentine sur “What We Don’t See”, échappé de Loveless. Mais cessons de ressasser le passé (ce grand mal qui ronge en tout temps le chroniqueur musical) et tournons-nous plutôt vers l’avenir, pas si morose qu’on veut bien nous le faire croire. APTBS en sera sans doute l’un de ses acteurs importants. Toujours bien vivace, il ne montre là aucun signe de déclin prochain.
JL