Pixies – EP3 (Pixiesmusic)
Et voilà, c’est fini. Après nous avoir fait patienter plus de 10 ans pour se reformer et presque 10 de plus pour ressortir quelque chose, les Pixies ont enfin pondu leur troisième et dernier EP avec un numéro derrière. Et première (mauvaise) surprise, le disque en question s’ouvre par “Bagboy”, le premier morceau à sortir après le départ de Kim Deal. On conclut donc cette série d’EP avec seulement trois morceaux inédits. La deuxième (mauvaise) surprise – mais peut-on vraiment parler de surprise quand on a écouté les deux EP précédents ? – c’est que “Bagboy” est sûrement le meilleur morceau de ce nouvel EP. Sûrement, parce que j’hésite avec “Silver Snail” qui réussit au moins à tenir sur la longueur avec une ambiance éthérée pas désagréable. Car, pour ceux qui ne l’auraient pas écouté, “Bagboy” est (trop) longue. Le morceau aurait été excellent avec 2 minutes de moins, ce qui prouve que point trop n’en faut.
“Ring The Bells” serait un mauvais morceau de Bossa Nova. Le genre de titres pas trop rythmé avec une petite mélodie sympa, type “Dig for Fire”. C’est surtout incontestablement l’un des morceaux de cette fournée qui réussit le moins à masquer son manque cruel de Kim Deal. Enfin, “Jaime Bravo” clôture l’EP sur un ton College Rock de circonstance. J’ai cru comprendre qu’il était le moins aimé des titres de ce dernier EP, mais j’ai du mal à comprendre pourquoi. “Ring The Bells” ne me paraît pas plus folichon. Ceci dit, pour conclure l’EP et le futur album, si on doit faire du passéisme, ce n’est pas tellement moins bon que “The Navajo Knows”, qui avait surtout le mérite d’être barré.
En fait, maintenant qu’on est venu à bout de ce que les Pixes* avaient à nous proposer, on peut prendre un peu de recul et se dire…se dire quoi, en fait?
1) Ce n’est pas si mal. Globalement, il y a quand même de vrais bons morceaux ou du moins de vraies bonnes idées sur l’ensemble de ces 3 disques.
2) Le meilleur EP était incontestablement le second. Avec le recul, même “Snakes” et “Greens And Blues” ne s’en sortaient pas si mal, elles auraient certainement brillé sur les autres et doivent leur impression de sans plus au fait qu’elles suivent deux excellents morceaux.
3) La force de ce troisième EP est aussi ce qu’on peut principalement lui reprocher : il n’y a rien de vraiment mauvais dessus, mais il n’y a rien de vraiment bon non plus. En fait, il navigue dans un niveau tout à fait acceptable, sans nous proposer de véritables raisons de se plaindre, mais sans nous donner non plus de véritables raisons de s’extasier.
Et en vérité, c’est surtout ça qui pèse sur ces 3 EP. Ce n’est pas leur nullité infâme, comme on peut lire ça et là, ni le fait que c’est exactement la même chose que ce que faisaient les Pixies à l’époque, ni même leur qualité inespérée et incomprise comme certains fans hardcores voudraient le croire, mais bel et bien leur humilité au sens propre du terme. Ces disques font leur travail, ils sont tout à fait corrects, ils s’écoutent sans problème, ils ne méritent pas la haine que certains éprouvent à leur égard, ils ne la méritent pas car il ne la provoquent pas, mais ils ne provoquent précisément pas grand chose, et c’est quand même un comble. Car si Frank Black et les Pixies ont acquis leur statut de génies, c’est justement par la force de leurs compositions qui ne pouvaient pas laisser de marbre. Ces Pixes et leurs 3 EP sont malheureusement bien loin de ça.
BCG
*Je désigne ici la formule des Pixies sans Kim Deal. Un jour, je vous expliquerai le jeu de mot. Peut-être.