Pile – Green And Gray
Cela fait bien longtemps qu’on a cessé de chercher des explications à la popularité de certains groupes de rock indé en France, il y aurait de quoi devenir timbré. Notre beau pays, capable de porter aux nues les affreux La Femme, de s’extasier devant les Limiñanas, persiste à ignorer superbement certains des meilleurs groupes du genre qui sévissent outre Atlantique, à l’image de Pile.
On aimerait beaucoup que ça change mais on n’y croit guère. Et pourtant.. Pourtant, ce Green And Gray nous en fait voir des vertes, des pas mûres, des jolies, des violentes, des délicates, des saisissantes (on va s’arrêter là, vous avez compris l’idée).
Comme à l’accoutumée, Rick Maguire impressionne de par son talent protéiforme, multipliant les grands écarts vocaux, excellant dans son chant mélodique parfois très touchant (la perle mélancolique “Other Moons” expédiée en 1’25, “Hair” qui invite des cordes au banquet) et se fusillant les cordes vocales quand le ton se durcit et qu’il semble tout à coup saisi de convulsions éPileptiques (l’explosive “On A Bigger Screen” qu’on meurt d’envie d’écouter sur de bigger speakers).
Comme à l’accoutumée, son groupe fait mieux que l’accompagner et se met au diapason jonglant entre ballades rêveuses et sévères mises au point nous laissant au bord de l’apoplexie, lorgnant autant du côté du post rock et du slowcore (“No Hands”) que de la noise la plus saignante (“A Labyrinth With No Center”, “The Soft Hand Of Stephen Miller”), parfois même au sein du même morceau (“Firewood” ou la colossale “Hiding Places”).
Les plus exigeants auront du mal à trouver à redire devant un disque affichant une telle cohérence malgré la grande variété des ambiances déclinées. Même les plus prudes auront de quoi se réfugier derrière “Bruxist Grin”, tube évident avec son riff en forme de gimmick imparable. Bref, tout le monde pourrait bien y trouver son compte mais comme à l’accoutumée, seule une poignée d’irréductibles répondront présents. Les ignorants ont toujours tort.
Jonathan Lopez
Best album ever