Pearl Jam @ Fenway Park (Boston), 07/08/16
Il y a quelque chose de bizarre autour de Pearl Jam que je ne m’explique pas. Les réactions sont souvent excessives à propos de ce groupe. Les fans les adulent de façon démesurée, quand d’autres leur vouent une haine implacable.
Si vous me lisez régulièrement, vous savez que je me situe plutôt du côté des admirateurs sans borne. Sans tomber dans le béni oui oui non plus (je n’ai aucun mal à reconnaitre que leurs derniers albums ne sont pas spécialement indispensables), je fais partie de ceux prêts à vendre un rein pour assister à leurs concerts. C’est ce que j’ai fait il y a trois semaines (déjà !), légitimant ainsi les enflures qui se font leur beurre au marché noir sur le dos de pauvres fans asservis dont je suis. Mais aujourd’hui je m’en fous.
J’ai certes un rein en moins, mais j’ai vu Pearl Jam pour la 10ème fois (les 5 dates de l’été 2014 ont bien fait grimper le compteur). Le reste…
Car comme chacun sait (ou pas), une date de Pearl Jam est unique car elle ne ressemble jamais tout à fait à la précédente. Prenez les deux dates de Boston : 67 morceaux joués au total, 4 en commun. Normal.
Bon, moi j’étais à la deuxième. Et évidemment, pourri gâté que je suis, je préfère la setlist de la première. Si j’étais allé à la première, ça aurait peut-être été l’inverse. Allez savoir…
Ce 7 août, le Fenway Park, stade mythique des Red Sox, est comble pour la deuxième date d’affilée (à croire que bon nombre de places hors de prix comme la mienne ont trouvé preneur). Nous sommes situés à 47 kilomètres de la scène (pour moins de 10 km, il fallait vendre également son foie…), mais on voit pas trop mal, mieux qu’on pouvait le craindre en tout cas. Et certainement beaucoup mieux que ce pauvre bougre à notre gauche qui est pile poil derrière un poteau… On a tellement pitié de lui qu’on lui filerait presque nos places, mais faut pas déconner non plus.
Tout commence pour le mieux avec « Pendulum » (meilleur morceau du dernier album) et surtout un enchainement merveilleux « Off He Goes » (plus beau morceau de l’univers ou pas loin) et « Nothing As It Seems » (au solo d’un autre univers). « Nothingman » est toujours très belle, et ce soir elle l’est encore plus. La voix d’Eddie est là, aucun doute là-dessus. Sentiment partagé toutefois puisqu’à ce moment-là on comprend que nos rêves les plus fous de voir un Vitalogy interprété dans l’ordre (puisque récemment Vs., Ten, No Code et Yield l’ont été…) s’envole. Une autre fois, mais on n’y sera certainement pas.
Après ce démarrage en douceur ponctué par « Wishlist » (adulé par certains, honni par d’autres, on y revient), la machine s’accélère. « Corduroy », titre imparable fait comme toujours la différence malgré un pont un peu trop stadium rock (genre « on tape dans les mains et on fait hoho ») supplantant quasiment le pont originel du morceau. Sacrilège suprême. « 1,2,3,4, five against one ». Ah on dirait qu’on est en train de se prendre un « Animal » en pleine face.
Débute ensuite un long moment douloureux pour ma dulcinée qui, comme toute fan de PJ peut être excessive dans ses réactions et très exigeante envers la setlist. Je la vois tour à tour pester contre « Hail, Hail » qu’elle n’a curieusement jamais aimé (à tort), s’effondrer devant « Lightning Bolt » (qu’elle a bien raison de ne pas aimer) et se décomposer à l’écoute de « In Hiding » (il est vrai pas la plus inspirée de Yield qui frise pourtant la perfection). L’incontournable « Even Flow » nous procure toujours la même réaction « ce morceau on ne l’écoute jamais sur disque, il est sensé nous gonfler mais dépote toujours en live ». Un mot pour expliquer cela : Mike McCready.
McCready qu’on ne remerciera pas autant d’avoir écrit « Sirens » qui, cette fois-ci nous fait plutôt penser « ce morceau on le trouvait joli, mais plus on l’entend dégouliner – a fortiori en live – plus on a des envies de meurtre ». « Ha ha, oh oh », pitié arrêtez ça. L’état de ma dulcinée ne s’arrange pas, on est dans le dur. Mais ça va s’arranger.
Petite partie de rigolade avec la venue de Tom Hamilton, bassiste d’Aerosmith qui vient jouer “Walk The Line” avec la joyeuse troupe. Ça n’engage que moi mais quitte à inviter un bostonien j’aurais préféré Frank Black pour une cover des Pixies…