NTM @ AccorHotels Arena (Paris), 09/03/18
Je ne faisais pas tout à fait le fanfaron quelques heures avant de me rendre au feu POPB (devenu l’Accor machin chouette) pour assister au concert de reformation de NTM. Déjà, les gars ne sont plus de première fraîcheur (même si les exemples de groupes en âges plus avancés qui assurent toujours sont légions). Ensuite ils n’ont rien sorti depuis belle lurette (à part 32 best of, remixes et autres futilités seulement prompts à remplir les caisses). Enfin, les échos que j’avais eus de leur précédent retour sur scène ne m’enthousiasmaient qu’à moitié. Du genre “content de les avoir vus mais pas non plus inoubliable“.
Je restais donc mesuré espérant qu’ils me mettent la fièvre du vendredi soir, mais craignant quelques sueurs froides face à des choix douteux. Et bien, mettons fin au suspense d’emblée, à part “La Fièvre” (le morceau), j’ai eu un peu de tout ça.
Il est environ 21h quand Kool Shen et Joey/Jaguar Starr/Gorgone déboulent (pour nous mettre l’enfer). Aux deux extrémités de la scène, sous les DJ, un grand 9 et 3 en jaune éclatant. 9-3 connexion, time time for some action. Sans grande surprise, le public est majoritairement composé de trentenaires et quarantenaires (que voulez-vous les jeunes préfèrent PNL). Sans grande surprise, le son est globalement à chier (voix très en avant, instrus parfois à la limite de l’inaudible). Bercy a une réputation à tenir à ce niveau-là et quand on ne s’appelle pas Radiohead ou Neil Young, bah on a un son de merde dans cette salle.
On ne va pas se mentir, les gros classiques font très plaisir. Et démarrer un concert par “On Est Encore Là” et “Qu’est-ce Qu’on Attend ?” permet d’emblée de se mettre le public dans la poche. La nostalgie fonctionne évidemment à pleins tubes et gomme le léger manque d’explosivité (et surtout de vraie complicité) du duo.
Finalement la plus grosse plaie de ce concert aura été les (trop nombreux) guests. Non, parce qu’autant réciter mot pour mot “Paris Sous Les Bombes”, “Pass Pass Le Oinj” ou “Pose Ton Gun” (fidèlement interprétés) comme quand il y a 15 ans c’est le pied, autant revoir des gars comme Big Red ou Busta Flex qu’on avait (plus ou moins volontairement) oubliés c’était pas vraiment nécessaire. Parce qu’avec la maturité (lol) on constate que “Laisse Pas Traîner Ton Fils” sonne toujours très juste mais que “Aiguisé Comme Une Lame” (de Raggasonic) sonne bien gentillet. Je passe sur les intermèdes reggaeton et autres distractions bon enfant, je pourrais devenir grossier…
Tous ces moments, hormis le fait de nous laisser le temps d’allers retours express pour chercher des bières, auront eu le malheur de casser le rythme. Et de nous faire sortir d’un concert où nous étions plutôt bien rentrés. Rayon gaudriole, signalons également cet instant où Bercy s’est transformé en club de strip tease le temps de « Ma Benz » (qui demeure un morceau distrayant, mais très loin des sommets de leur discographie).
Et si on s’est frotté les mains devant la prestation énergique du duo sur l’instru délicieusement old school de “Qui Paiera Les Dégâts ? », c’est non sans un certain dépit que nous avons réalisé que la supposée incandescente « Seine St-Denis Style » manquait cruellement de panache. Et oui, 1998 c’est loin.
Une kyrielle d’invités (parmi lesquels Oxmo Puccino et Le Rat Luciano) sont venus prêter main forte aux légendes fatiguées sur le diptyque final « IV My People » et « That’s My People ». On n’ira pas jusqu’à parler d’apothéose mais d’une fin de soirée réussie
pour un concert qui, en définitive, aura soufflé le chaud et le froid. C’était assez prévisible donc on ne parlera pas de déception mais on peut tirer la conclusion attendue : content de les avoir vus mais pas non plus inoubliable.
Jonathan Lopez