Mars Red Sky – The Task Eternal
Automne 2019. Retour sur Terre du stoner psyché stellaire de Mars Red Sky. Depuis leur 1er album éponyme marquant de 2011, le trio composé de Julien Pras (chanteur-guitariste), Jimmy Kinast (bassiste) et Mathieu Gazeau (batteur) se rappelle régulièrement à notre bon souvenir en étoffant sa discographie de disques et autres EP indispensables.
The Task Eternal, leur 4e album, ne déroge pas à la règle. Et rappelle au passage que peu de groupes tricolores réussissent une aussi belle carrière et unanimité critique à l’international. À l’instar du triangle massif de l’artwork (à nouveau très réussi), Mars Red Sky est un pur trio. Une trinité rock au son pachydermique. La basse est omniprésente (c’est presque une réhabilitation pour tous les bassistes du monde !), la batterie pilonne un rythme tellurique et la guitare experte de Julien Pras (dont les plus anciens vantaient déjà le talent de mélodiste du temps de son ancien groupe Calc) explore les confins d’un ailleurs psychédélique. Dès l’ouverture et les 8 minutes épiques de « The Proving Grounds », Mars Red Sky martèle méthodiquement son stoner singulier. Rythmique martiale pour headbanger, guitares furieuses, solis mélodiques, pont instrumental vers les étoiles, crescendo final et toujours cette voix qui semble flotter, légère, spatiale, au-dessus du chaos. Mars Red Sky est bien de retour ! Alors après on peut toujours pinailler. Avec une identité sonore aussi reconnaissable, difficile d’entrevoir une évolution notable au niveau du son. En même temps, ils n’allaient pas se mettre à faire du disco ! Comme Tool qui fait du Tool (et bien) sur son dernier album, Mars Red Sky fait du Mars Red Sky (« Soldier On »). Avec le bien nommé « Collector », il s’offre même un « tube » de 4 minutes, véritable concentré de leur savoir-faire. Concis et efficace. Ceux qui n’aiment toujours pas l’équilibre étrange entre cette musique lourde et la voix éthérée de Julien Pras peuvent encore passer leur tour. Les autres, comme votre serviteur, qui y entendent justement la trouvaille qui les hisse loin au-dessus de la mêlée revival heavy rock millésimé 70’s continuent de louer la constance des Bordelais. Dans une musique de qualité. Sans frontières. Écouter juste le diptyque de 15 minutes « Recast » – « Reacts » et si vous êtes toujours sceptique, ben ma foi, je n’ai plus d’arguments. Ou le folk éthéré de « A Far Cry », brise légère qui soulève la poussière rouge martienne. Sublime. Parce que oui, ces gars-là ont de l’imagination et nous transportent dans un trip sonore teinté de SF. On met son casque, on ferme les yeux et on voyage (l’énorme instrumental « Reacts » et ses guitares dopées aux effets !). Le rythme est lourd, lent (l’intro de « Recast ») mais une étrange vibe floydienne (?) envahit l’atmosphère dès qu’une guitare claire s’élève ou qu’un solo s’amorce. La production (signée Benjamin Mandeau) est excellente, au passage, et que ça déboite ou que ça s’envole en trip stellaire, le son est juste énorme ! Sur une deuxième partie d’album plus psyché, le groupe étoffe son œuvre de quelques titres assez déments. « Crazy Hearth » oublie (presque) les rythmiques lourdes et s’offre une belle escapade du côté des étoiles avec un Julien Pras plus bavard qu’à l’accoutumée au chant. Sur « Hollow King », petit festival de riffs gras addictifs et d’envolées vocales sur roulements de batterie. Le pont instrumental sous psychotropes sera la parfaite berceuse pour rentrer en hyper sommeil avant le départ pour Mars.
À l’approche de la planète rouge, l’instrumental final « A Far Cry » laisse (peut-être) augurer d’une tendance à creuser pour le groupe. Même délaissé de son électricité lourde, Mars Red Sky n’y perd pas sa singulière identité. Les shoegazers regardaient leurs chaussures, Mars Red Sky a le regard tourné vers le ciel, prêt à partir. On attend donc avec impatience nos retrouvailles avec eux sur les scènes françaises. Pour fêter le retour d’un des meilleurs groupes français de la décennie qui s’achève.
Sonicdragao
Mars Red Sky sera en concert à La Nef d’Angoulême le 27 septembre (avec Lysistrata et It It Anita !), à La poudrière de Belfort le 11 octobre, à La laitière (Strasbourg) le 12 octobre, à la Coopérative de mai (Clermont-Ferrand) le 20 novembre, ) à La maroquinerie (Paris) le 4 mars, au Metronum (Toulouse) le 6 mars, à la vapeur de Dijon le 13.